Deux jeunes chercheuses, Marie Garrau et Alice Le Goff, viennent de publier aux éditions des PUF, un excellent petit ouvrage intitulé, Care, justice et dépendance. C'est brillant, fort bien écrit et très bien documenté - on parcours l'évolution des thèses en présence et des débats de Carol Cilligan à Martha Nussbaum en passant par Joan Tronto et Eva Kittay avec une liberté savante et une réelle intelligence.
Y sont clairement analysées la dialectique plus que l'opposition qui sous-tend la reconnaissance de la vulnérabilité foncière de l'être humain et la revendication à l'autonomie du sujet, le dépassement de la perspective morale particulière en direction de ses applications politiques plus générales, le cadre premier de la relation avec les proches et l'élargissement de la sollicitude en direction d'une nouvelle approche de la justice (fondée, en particulier, sur la doctrine des "capacités"). Tous points qui sont importants dans ces mouvements, initiés tout d'abord par les travaux de penseurs et philosophes "féministes" aux Etats-Unis, qui, développés, enrichis, élargis, offrent aujourd'hui une précieuse et riche alternative à la tradition morale dominante, qu'elle soit déontologique (d'inspiration kantienne) ou utilitariste.
Voici un ouvrage qui sera d'une grande utilité pour quiconque s'intéresse à ces courants, largement anglo-américains, de la philosophie morale qui sont encore bien trop peu connus en France.
Rappelons que La Revue du Mauss avait consacré un volume entier à ce thème, sous le titre, L'amour des autres. Care, compassion et humanitarisme (Revue du Mauss, n°32, septembre 2008).
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