Qu'on soit croyant ou non, qu'importe, si c'est une profonde nostalgie qui s'éveille en nous à l'évocation de cette vie de prière et de labeur, à l'écart de la fureur du monde et, pourtant, si profondément ancrée en elle. Tout cherche à y être beauté, intérieure et extérieure. A certains moments, nous pourrions, qui sait ? nous abandonner à son attrait... Des milliers de pélerins se rendent chaque année auprès des pères spirituels (startsy) de Valaam pour y déverser, sans crainte d'être jugés, les peines de leur existence et les tourments de leur âme et trouver, auprès d'eux, paix et consolation. Valaam est un des derniers refuges de la spiritualité orthodoxe et chrétienne. Quelque chose d'infiniment précieux se perpétue dans ce lointain ilôt qui s'est presque entièrement perdu ailleurs. On ne saurait dire que cette perte soit une émancipation ou le signe d'un progrès. En pénétrant un peu dans ce monde, nous pouvons mesurer à quel point cette perte est, au contraire, immense.
On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal
vendredi 30 novembre 2012
Valaam, L'archipel des moines
Beaucoup d'entre vous ont aimé la beauté des chants des moines de Valaam, ce monastère du nord de la Russie, le plus ancien du pays, dont la restauration a été entreprise il y a près de vingt-cinq ans, lorsque six moines sont revenus sur l'archipel, abandonné et devasté par un demi-siècle de dictature soviétique. Le documentaire, réalisé par François Lespès et diffusé le 26 novembre sur la chaîne KTO, nous fait entrer dans cet univers qui transmet, de maîtres à disciples, une tradition spirituelle ancestrale. Pour ceux et celles qui ne l'ont pas encore vu, je vous rappelle également le film de Pavel Lounguine, L'île, qui est une pure merveille.
Qu'on soit croyant ou non, qu'importe, si c'est une profonde nostalgie qui s'éveille en nous à l'évocation de cette vie de prière et de labeur, à l'écart de la fureur du monde et, pourtant, si profondément ancrée en elle. Tout cherche à y être beauté, intérieure et extérieure. A certains moments, nous pourrions, qui sait ? nous abandonner à son attrait... Des milliers de pélerins se rendent chaque année auprès des pères spirituels (startsy) de Valaam pour y déverser, sans crainte d'être jugés, les peines de leur existence et les tourments de leur âme et trouver, auprès d'eux, paix et consolation. Valaam est un des derniers refuges de la spiritualité orthodoxe et chrétienne. Quelque chose d'infiniment précieux se perpétue dans ce lointain ilôt qui s'est presque entièrement perdu ailleurs. On ne saurait dire que cette perte soit une émancipation ou le signe d'un progrès. En pénétrant un peu dans ce monde, nous pouvons mesurer à quel point cette perte est, au contraire, immense.
http://valaam.ru
Qu'on soit croyant ou non, qu'importe, si c'est une profonde nostalgie qui s'éveille en nous à l'évocation de cette vie de prière et de labeur, à l'écart de la fureur du monde et, pourtant, si profondément ancrée en elle. Tout cherche à y être beauté, intérieure et extérieure. A certains moments, nous pourrions, qui sait ? nous abandonner à son attrait... Des milliers de pélerins se rendent chaque année auprès des pères spirituels (startsy) de Valaam pour y déverser, sans crainte d'être jugés, les peines de leur existence et les tourments de leur âme et trouver, auprès d'eux, paix et consolation. Valaam est un des derniers refuges de la spiritualité orthodoxe et chrétienne. Quelque chose d'infiniment précieux se perpétue dans ce lointain ilôt qui s'est presque entièrement perdu ailleurs. On ne saurait dire que cette perte soit une émancipation ou le signe d'un progrès. En pénétrant un peu dans ce monde, nous pouvons mesurer à quel point cette perte est, au contraire, immense.
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8 commentaires:
Merci pour ce document.
Une entrée dans la clairière.
Les routes sont obscures, mais à l'orée c'est la clarté, douce, tendre, comme le disait le staretz au visage d'icône.
Dans le bruit et la fureur, les flammes liturgiques ont-elles le poids de l'espérance ?
Je le crois.
Merci encore.
Jean-Claude
Effectivement, nul besoin d’être croyant pour apprécier ce genre de mode de vie, et aussi ce genre de chants qui nous entraine, il est vrai, à une douce retraite et qui inspire à l’âme les images d’une vision béatifique indescriptible …
En fait, ce qui distingue le « croyant-pratiquant-patriote » du « croyant-neutre-ouvert », c’est que le premier projette au-delà de son esprit le divin tandis que le second conserve intégralement en lui l’être de ce sentiment du divin. Celui-ci est en fait idéaliste car il ne considère pas que, en dehors de son expérience du divin, il y ait réellement du divin. Est-ce à dire que ce sentiment perd sa valeur ? Non, tout au contraire : l’âme humaine retrouve sa déité ; c’est elle qui est perçue comme contenant-le-divin, lequel, dès lors, se manifeste(rait) au travers d’expériences ravissantes comme l’amour-agapè ou la béatitude. En d’autres termes : le divin se déploierait dans l’âme humaine en tant qu’il en constituerait l’essence… A ce sujet, l’ouvrage « L’essence du christianisme » de Feuerbach est d’une richesse inouïe.
Pour ceux qui sont friands de ce genre de musiques et de reportages :
http://www.youtube.com/watch?v=Ye-HAS7NUrE
Je me suis dit : que vais-je faire de mon athéisme ? Si je regarde ce documentaire, que ferai-je de ce préjugé ? En plus, il est long! D'un autre côté, si Michel Terestchenko l'a mis en ligne, c'est qu'il présente forcément un intérêt. Alors, je me suis dit : bon, mon athéisme, je vais le bâillonner pour une heure et je vais regarder le film de François Lespès. En plus, Michel parle dans sa présentation des chants des moines, et moi, j'aime les chants...
Je m'attendais à une société aux règles strictes, car je savais que les orthodoxes ne sont pas des rigolos, et que les moines de Valaam étaient originaires du Mont Athos dont la réputation est d'être d'une extrême rigueur. Les premières images sont celles que je m'attendais à voir, celles des rites, d'une société qui semble fermée, celle de la rigueur de l'hiver russe.
Le premier élément du reportage qui m'a ému est le fait que chaque moine est dévoué à une tâche qu'il accomplit en priant ; étant moi-même un manuel en même temps qu'un rêveur, je partage cette activité double avec les moines : penser et faire (sauf que je ne pense pas à Dieu, mais, par exemple, lorsque que je fabrique un meuble pour une personne que je connais, je pense à elle). Alors, lorsque le moine qui peint les icônes a témoigné, lorsqu'il a indiqué qu'il priait le Saint représenté par cette icône qu'il peignait, j'ai imaginé la lumière, le souffle, la présence se communiquer à partir de l'icône, à travers elle. Pour un athée, ce n'est pas si mal!
La deuxième émotion qui m'étreignit est celle du chant des moines : là encore, je comprends que les croyants y trouvent une communication avec le divin, tant la musique porte notre âme. Je fus ainsi charmé par cette prière sans fin que font les moines qui se relaient : l'idée d'une parfaite continuité m'a plu ; d'autant plus que c'est une continuité dans la multiplicité des êtres qui la portent.
Le témoignage qui m'a le plus marqué est celui du Père que recherchait le réalisateur depuis le début : le Père Sérafin. Les quelques mots qu'il prononce dans le film ont une valeur incommensurable : il parle sans cesse d'amour, de pur amour, inconditionnel, d'amour comme vérité absolue.
Ce que je ne comprends pas dans la démarche des moines, c'est la réclusion en dehors du monde, car je ne conçois pas un homme sans le monde, le monde est l'homme et un homme est le monde ; sur ce sujet aussi, les moines de Valaam mon fait reculer dans mes préjugés : lorsque l'on voit affluer les pèlerins, lorsque l'on entend cette femme désespérée crier lors d'une étrange cérémonie que l'on croit d'abord réglée par une tradition, et en écoutant la remarque de François Lespès qui souligne que les moines accueillent cette souffrance avec un calme olympien, on ne peut pas dire de ces moines qu'ils ignorent le monde. Je me suis dis à ce moment que moi aussi, j'avais quelques fois besoin d'un moment de solitude, de paix pour remettre les choses de ce monde fou dans le bon ordre, et que moi aussi, je pouvais recueillir la souffrance des autres, sans forcément agir directement sur elle, je la sens, je la déplore, j'essaie de l'aspirer en moi qui peux la diluer dans une sorte d'harmonie intérieure.
Lorsque le film s'est terminé, j'ai repris mon athéisme, que j'avais posé là ; les moines ne l'avais pas touché, pas bousculé. Je me suis dit alors que j'avais eu raison d'entrer un moment dans la vie de mes Frères, les moines de Valaam.
Merci infiniment Michel.
Chers amis, je suis touché de votre "ouverture" d'esprit et de coeur, quelles que soient les croyances des uns et des autres. C'est pour cela que ce blog existe. Je suis heureux que vous le visitiez avec tant de bienveillance. Merci !
Se réfugier dans un lieu de silence pour échapper aux cris du monde ? La tentation est d'autant plus grande que le goût pour l'esprit est vif. Il me semble qu'il y a malgré tout une part de facilité dans ce désir, comme si l'affirmation de son libre arbitre devenait trop difficile à réaliser dans un monde "mondialisé", stéréotypé et pour finir décevant. Il est plus problématique alors de se penser athée, volontairement, que de se laisser séduire par une croyance quelle qu'elle soit. C'est du prix de la liberté dont il est question ! La fraternité humaine est à construire et dans l'esprit du Freud de "l'avenir d'une illusion", je dirais qu'elle doit se passer nécessairement dans ce monde et dans la confrontation avec la réalité, aussi insupportable soit-elle parfois. La mission du philosophe éclairé reste alors celle d'éduquer une jeunesse en manque de repères ! L'avenir n'est pas dans l'illusion mais dans la libération et dans la découverte de soi. "Connais toi, toi-même" disait Socrate ; Est-ce possible en dehors de la société des hommes ?
Avec un immense respect pour tous ces gens de prières...
Franck NICOLAS (Sepad)
Il est totalement enthousiasmant de réaliser qu'une tradition monacale ait pu ressurgir après 70 ans de disparition.
Cela prouve que du Moyen-Age jusqu'à aujourd'hui ces "sentinelles de l'invisible" à la vie recluse et bien réglée occupent une place laissée vide sans eux. Un lieu 'hors du monde' au sein du monde. Il figure une marge ou plutôt un centre alimentant le contraste et l'idée d'un ailleurs radical.
A mon sens la réclusion induite par la tradition monacale n'est pas, au mieux un 'mal' nécessaire, au pire une fuite peu glorieuse. Elle est la source où s'alimente la profondeur, l'acuité et la finesse psychologique de ces hommes.
Il faut un désert pour réaliser la beauté absolue d'une oasis.
MarieEmma
Un documentaire russe de 2009 traitait le même sujet.
http://www.youtube.com/watch?v=1GKWe0k6_04
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