J'ignorais tout de ce romancier américain, jusqu'à ce que je découvre le nom de Herman Wouk dans une note de bas de page où Stanley Milgram évoque, avec louange, son roman The Caine Mutiny. Par curiosité, avec confiance également dans le jugement de Milgram, je l'ai commandé et l'ai lu. Et c'est un chef-d'œuvre, recompensé par le prix Pultizer en 1951. Herman Wouk, je l'ai appris depuis, est un des plus grands romanciers américains contemporains. Le roman, excellemment traduit par Jean Rosenthal sous le titre Ouragan sur le D.M.S. Caine, est le récit des aventures du jeune enseigne de marine, Willie Keith, sur un vieux dragueur de mines engagé dans la guerre du Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale. Le navire, plutôt déglingué, après trente ans de service, a pour nouveau "pacha" le commandant Queeg, un officier incompétent, d'une sévérité maniaque, quasi-sadique qui s'attirera bientôt la haine aussi bien des matelots que de ses subordonnés. Alors que le navire est pris dans un typhon et menace de sombrer, Queeg est relevé de son commandement par l'officier en second qui sera traduit en conseil de guerre pour mutinerie. Ce n'est là que le résumé très grossier de la trame centrale de ce roman écrit par un écrivain immense - la virtuosité des descriptions est aussi impressionnante que l'analyse de l'évolution psychologique des personnages - qui tient tout à la fois de Joseph Conrad et de Herman Melville.
A lire absolument. N'oubliez pas : le conseil ne vient pas de moi, mais de Milgram !
4 commentaires:
Non.
J'avoue que le nom, Herman Wouk, lui-même, mettait totalement inconnu...
Fascinant!
Je vous connaissais un goût pour la littérature russe. Je découvre avec un vrai plaisir votre esprit curieux de découvertes littéraires. Merci de partager.
Angelina J-M. (master2)
Un bon film d'Edward Dmytryk (1954) a été tiré de ce livre avec Humphrey Bogart dans le rôle du capitaine maniaque.
Gil Boulenger
Bonjour à tous, Stanley Milgram cite Herman Wouk au chapitre 11 de son livre à propos du processus de l’obéissance où il analyse comment s’installe ce qu’il nomme l’état agentique. Le roman de Herman Wouk met en scène plusieurs situations de tension psychologique extrême que les héros, face à la défaillance d’un chef maladroit et soupçonné de maladie mentale, devront résoudre en assumant des rôles qui ne leur sont pas assignés. Milgram écrit ceci «l’obéissance répond à une motivation intériorisée et non à une simple cause externe». Les héros du roman illustrent la lutte entre plusieurs enjeux et plusieurs buts, ils se situent également dans un questionnement sur la perfectibilité, Willie qui au début de l’intrigue ne fait que des choix par défaut assume à la fin un tout autre rôle, ayant oser braver les contraintes hiérarchiques, il pourra également défier les autres. Mais si on admet que l’on est perfectible, vers quel modèle veut-on aller? Herman Wouk a été récompensé en 1952 par le prix Pulitzer, l’année suivante ce sera Ernest Hemingway, le tour de William Faulkner attendra 1955, quels modèles héroïques et anti héroïques les inspirent-ils? Le film auquel fait référence Gil Boulenger participe de la réponse...
Comme Gil Boulenger, j'ai aussi vu le film. Un bon scénario et une histoire passionnante, peut-être parfois de manière un peu exagérée. Mais ce film m'a fasciné, ainsi je l'ai suivi au moins 4 à 5 fois et je le regarderai encore à l'avenir. Comme je connais l'histoire je lirai ainsi aussi sur recommandation de Milgram le livre.
Merci.
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