On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

mercredi 7 mars 2012

Le beau, le juste, le sain cri de révolte de Robert Badinter

Est-il possible de dire plus fermement, avec davantage de force de conviction et de saine colère, ce qui est à dire à propos de la mise au pilori et de la stigmatisation dont sont victimes les citoyens français de religion musulmane ? Chapeau, jeune homme !

41 commentaires:

Anonyme a dit…

Monsieur Badinter, éminent représentant de la gauche-caviar s'indignait il y a peu pour défendre son ami Strauss-Kahn... Ici, il dit défendre la République laïque : on aimerait qu'il nous donne son sentiment sur l'abattage rituel, pratique cruelle pratiquée en cachette et en masse, au mépris de la loi, pour satisfaire des religions intolérantes et obscurantistes. Y-B.

Kévin a dit…

Mr B, le braconnage a toujours existé et est certainement davantage l'apanage d'une ignorance plutôt que celle d'une religion.

De plus, il semblerait que la pratique que vous évoquez, si elle n'est pas inexistante est loin de concerner tous les musulmans qui vivent en France

Else a dit…

Bonjour, je suis entièrement d'accord avec Mr Badinter et avec le titre de votre post.
Les réactions envers les musulmans sont identiques à celles qui avaient cours à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle envers les juifs.
Je connais des milieux "tolérants" et ouverts qui ne sont pas dérangés par la stigmatisation systématique des musulmans...

Anonyme a dit…

Ce discours est tout simplement bouleversant. Avant tout je voudrais vous remercier Maître de nous offrir l’occasion de penser ou repenser un problème actuel de notre société.
Le mouvement de pensée de Monsieur Robert Badinter dans ce discours, même si finalement aboutit à une recommandation électorale, n’est pas réductible à un simple militantisme. Ce grand Monsieur, par le biais d’un rappel historique récent et encore présent dans nos esprits, nous invite à repenser les causes profondes de ce drame humain, et nous met en garde de son éventuelle reproduction par la montée angoissante du national populisme à travers l’Europe.
Cet avertissement me rappelle le propos de Freud quand en 1930 parle d’un nécessaire extérieur, un lieu de décharge indispensable pour la psyché humaine et sa troublante question que « comment vous aller faire après l’extermination des juifs ? ». Il faut donc penser aux moyens pour freiner et empêcher cette tendance humaine à la destructivité de reprendre le dessus, la tendance à propos de laquelle nous avons étudié l’an dernier les thèses concurrentes.
Un des meilleurs moyens pour parvenir à cette fin est justement ce que Monsieur Badinter fait allusion dans son bref discours : le rappel des principes de la République et de la laïcité, autrement dit s’appuyer sur le rôle d’enseignement.
En tant qu’un musulman d’origine je m’adresse donc aux intellectuels musulmans.
Il faut expliquer aux musulmans qu’une pratique religieuse particulière ne se réduit pas à la religion tout court. Cette pratique, cette tradition que nous nommons la charia est à son tour formée dans une situation historique définie. Elle est contemporaine de la disparition de l’utopie du Kalifa comme rédempteur du peuple musulman, et c’est historiquement parlant un repli du musulman sur lui-même pour sauver son salut qui est dorénavant confié à lui seul par la pratique de la charia et que notre époque a d’autres exigences. Et tout cela pour une meilleure intégration des principes de la République laïque.
C’est à condition d’un double effort de la part de communauté musulmane et les républicains qu'on parvient à finir, comme le souhaite Monsieur Badinter avec cette situation.
Bon courage !

abbas echraghi

Anonyme a dit…

Non et non M. Badinter...propos que pour le moins excessif...on sent encore ici toute la verve de cet éminent avocat...si on fait abstraction de l'actualité et de son contexte, je ne crois pas que les français soient dans une posture de stigmatisation d'une minorité musulmane...on ne peut pas occulter les difficultés du vouloir vivre ensemble résultant notamment de deux visions universelles, globalisantes, voire totalitaires du monde...d'un côté nous avons les idéaux de 1789,prémisses d'une société moderne, fondés sur l'empire de la raison et du droit et de l'autre une conception de la société considérée comme archaique, reposant sur une doctrine religieuse, et des règles coutumières et passéistes...Ces deux modèles de pensée sont en friction sur certains aspects de notre vie quotidienne...comment concilier la charia, dont certains préceptes sont incompatibles avec nos droits de l'homme?...Devons-nous renoncer à certaines de ces valeurs pour que le musulman vive pleinement sa foi conformément à nos principes de tolérance?...il va de soi que ces revendications identitaires ne concernent qu'une infime minorité de musulmans...Pour ma part, ce n'est pas le dogme qui me pose problême mais l'idéologie politique sous-jacente de cette religion qui se propose de nous offrir une alternative à notre modèle républicain...Au nom de cet idéal, de la liberté d'opinion, on doit pouvoir s'opposer à l'islam politique, dans un débat d'idées à la loyale au même titre que les autres courants politiques ayant cours dans notre pays...
Laurent D

Miloud Kohli a dit…

Merci de nous faire connaitre ce cri de Robert Badinter contre la stigmatisation d'une partie des français parce qu'ils sont musulmans. Je partage mot pour mot tout ce qu'il décrit de louvoiements et manoeuvres de certains hommes politiques pour trouver des boucs émissaires aux problèmes que connait la France aujourd'hui. Je ne comprends pas que l'on aille identifier des français de bonnes souches et d'autres de mauvaises origines sous prétexte de leur religion (musulmane). Dans la république française, chaque citoyen est libre de croire en ce qu'il veut ou de ne pas croire. Merci encore, Michel de nous faire savoir qu'il y a encore des hommes tels que Robert Badinter et bien d'autres pour porter la voix de la liberté de conscience dans notre pays.

Gil Boulenger a dit…

Libre et légitime à qui le souhaite de regretter la position de Badinter sur telle ou telle question, de s'interroger sur son parcours ou sa sincérité. Mais, quoi qu'il en soit, ce qu'il dit est très simple et, je pense, très vrai. Habitude a été prise de stigmatiser telle ou telle partie de la population (il y a peu c'était les "assistés" assimilés à des métastases) à des fins de (très) basses tactiques politiciennes. Plus encore, il semble que ce soit devenu un mode de gouvernement que d'allumer des feux sur certains sujets présentés comme centraux pour justement éviter d'avoir à traiter ceux qui le sont vraiment.
Dans le cas précis, il est tellement évident que l'enjeu n'est en aucune façon la pratique religieuse des musulmans. Il s'agit, et c'est à la fois indigne et inconscient, de créer un clivage dans la population (diviser pour régner ?), de désigner une ennemi intérieur (là c'est le musulman, mais cela peut être le chômeur, le sans-papier, etc.).
Il n'est pas question de dire que les questions de religion, de communautés, de vivre ensemble ne se posent pas à la société et que les pratiques des uns et des autres s'accordent toujours merveilleusement. Bien entendu. Mais ces questions n'appellent pas un traitement particulier. Elles demandent à être pensées, par tous, comme toute question sociale qui concernent l'ensemble du corps social dans sa diversité, sa complexité. On doit accepter, et c'est au moins le minimum qu'il peut nous rester en ces temps sinistres et si peu émancipateurs, que la communauté nationale c'est tout simplement tous les gens qui habitent un territoire commun, en l'occurrence la France.
Si on considère les questions identitaires comme plus structurantes que les autres questions sociales, alors force est de constater que l'on s'inscrit dans un paradigme politique qui tend à définir la communauté nationale sur des bases discriminatoires : il y a ceux qui en font partie et ceux qui en sont exclus. Cela rappelle évidemment des heures sombres mais aussi résume la philosophie politique d'un parti à la flamme tricolore qui semble, et c'est navrant, donner le la de l'agenda politique. Ceux qui prétendent nous gouverner, qui ont cette ambition démesurée (cela me semble même, pour tout dire, une forme de folie, mais c'est une autre question), ne devraient-ils pas s'en sentir capable car les plus sages, les plus généreux d'entre nous ? A les voir patauger dans des eaux si troubles, on voit combien nous sommes loin du compte.

Jean-baptiste Richard a dit…

Ce que dit Badinter me paraît tellement simple et évident que je n'avais pas pensé que cela susciterait de tels débats surtout sur un blog de philosophie. Comment justifier qu'une partie de la population soit prise pour cible ? Cette politique du bouc émissaire est insupportable. N'est-ce pas la encore une fois l'expression d'un diviser-pour-mieux-régner? La stigmatisation dont sont victimes les citoyens musulmans n'a rien à voir avec celle des chrétiens que vous évoquez, elle n'est pas seulement un préjugé ou une opinion, elle est officielle, c'est une stigmatisation venant de nos dirigeants, qui est affichée publiquement. C'est une propagande. C'est une politique qui s'appuie sur les préjugés et les peurs. Cela rappelle en effet la stigmatisation des juifs qui s'appuyait sur le préjugé populaire qu'était l'antisémitisme allant jusqu'à en faire une idéologie. Comment ce discours de Badinter ne peut-il pas faire le consensus ? Chaque citoyen français n'a -il pas le droit d'être respecté, d'être traité non comme un moyen mais comme une fin ?

Anonyme a dit…

Bien sûr, M.Badinter a raison: il est inadmissible de discriminer une partie de la population. Toutefois, il faut comprendre l´origine de ce phénomène de ségrégation si l´on ne veut pas que cette bonne intention reste lettre morte. Or, l´anthropologie freudienne a montré qu´il existait en l´homme un penchant naturel à l´agression, que la culture s´efforce de réprimer. Cette tendance des hommes à la violence semble attestée par l´histoire des guerres et des rivalités entre les peuples. Un des moyens d´expression de ce besoin d´agression consiste à libérer sa violence sur une autre communauté, proche mais différente de la notre (ce que Freud appelle le narcissisme des petites différences). Le défoulement de l´agression sur un bouc-émissaire constitue en quelque sorte une soupape à la violence. Ce qui est vraiment lamentable, c´est de se servir de cette tendance naturelle à l´agression et de sa fixation sur une communauté à des fins politiques (c´est attiser un penchant naturel à la violence qui est déjà déplorable en lui-même). Mais, supprimer purement et simplement cette catharsis de l´agression serait dangereux puisqu´on ne peut jamais éradiquer une pulsion (elle passerait dans l´inconscient et mènerait à la névrose). Il faut donc trouver d´autres moyens de compensation, comme la sublimation dans une activité sociale ou l´enthousiasme pour un but commun (on se souvient comme toutes les minorités ont été réunies lorsque la France a gagné la coupe du monde de football).

R.Lecomte

Kévin a dit…

Bonjour,

Je me demande quel objectif sert le commentaire des articles de ce blog fort intéressant.

En effet, ont-ils pour but d'instaurer un débat ? De clarifier un problème philosophique ? De faire valoir chacun de notre côté nos points de vue ? D'avoir une bonne note à l'option blog :) ?

Je me permets cette question car je trouve dommage qu'il n'y ait pas assez de liant entre les divers commentaires. Aussi, peut-être serait-il souhaitable qu'il y ait la possibilité de répondre à chaque commentateur.

Bien à vous

Pascale Boulogne, L2 philo a dit…

Lundi, je vais retourner dans mon collège violent et contrairement « à la prof de merde » interviewée au journal télévisée, je n'aurai pas la peur au ventre. Je ne fais pas d'angélisme, je connais toute la difficulté des enseignants de ce type d'établissement et pourtant, je trouve cette manière d'aborder le problème d'une telle complaisance et d'une telle superficialité. Car quelle est la cause de cette violence ? La plus grande des violences n'est-elle pas celle qui a consisté et qui consiste toujours à vouloir tenir délibérément à l'écart des populations issues de l'immigration, les mêmes qui vivent dans une misère sociale que l'on a peine à imaginer. Loin des yeux, loin du coeur, bien à l'écart dans les cités, dans les quartiers, sur les terrains vagues. La plupart des français connaissent les autres, les arabes, les noirs, les roumains, par leur petit écran et pourtant, comme ils se sentent menacés par cette racaille étrangère, barbare qui ne se distingue finalement que par sa couleur de peau.
Lundi, je participerai à la transmission des valeurs de la République, il faut y croire mais comment être crédible ? A l'évidence, le discours politique exclue. Comment peut-on en plus être sourd au point de ne pas entendre les conversations de bistrots des « bien-pensants », de ceux qui sont du bon côté, pour le moment, qui tapent toujours sur les mêmes. Et comment les musulmans, jetés tous dans le même grand sac, peuvent-ils avoir confiance en cette république ?
Ce qui me révolte ce sont les efforts qui s'évanouissent, de ceux que nous faisons tous, dans nos collèges pourris, pour regagner cette confiance auprès de nos élèves, pour qu'eux-mêmes envisagent un autre avenir avec les autres, hors du ghetto. Et voir qu'une polémique comme celle qui consiste à se demander quelle pratique est la plus humaine en ce qui concerne l'abattage des animaux, lieu par excellence de boucherie et d'horreur, me semble totalement grotesque. L'invasion musulmane par la viande hallal qui menace notre laïcité, quel grand débat, en effet !
Comment après une telle diabolisation, ne pas avoir envie de se replier sur ce qui est par la force des choses une communauté, sa communauté ?
Cette stigmatisation fait le triste jeu de Marine Le Pen mais aussi des prêcheurs intégristes.
Il y a danger à humilier sans cesse.
Alors quand j'entends la colère de M. Badinter, je sens en moi monter la chair de poule car c'est un grand homme qui s'indigne avec ses tripes et sa cervelle pour la justice et qu'il soit ou non de la gauche caviar m'importe peu. C'est tout bonnement intelligent et ça fait du bien. Pourquoi ne parle-t-on pas aussi de ceux qui profitent de cette mise au ban de la société,

marcus a dit…

Pour répondre à Kevin, je vais essayer de faire du lien, du « liant » avec les commentaires de « Y-B » à cette proposition d’écoute et de réflexion.

On peut faire une lecture généalogiste, suspicieuse, « soupçonnante » (humm… ce n’est pas très beau mais c’est un néologisme parlant je trouve) des hommes en général, et de Monsieur Badinter en particulier... Par exemple, la question de la lecture d’une parole chez Nietzsche par excellence n'est pas « qu'est-ce que tu dis? » mais « qui es-tu pour dire ce que tu dis? »

« Le solitaire doute même qu'un philosophe puisse avoir des opinions véritables et ultimes. Il se demande s'il n'y a pas en lui nécessairement derrière chaque caverne, une autre qui s'ouvre, plus profonde encore, et au-dessous de chaque surface un monde souterrain plus vaste, plus étranger, plus riche et sous tous les fonds, toutes les fondations, un tréfonds plus profond encore. Toute philosophie est une façade, tel est le jugement du solitaire. Toute philosophie dissimule une autre philosophie, toute opinion est une cachette, toute parole peut être un masque. »… Dans Par delà Bien et Mal…

La méfiance à l’égard de la parole chez Nietzsche est de mise. La parole est un masque qui dissimule des arrières mondes, des types d’organisations pulsionnelles tapis derrière chaque homme. Il faut donc pratiquer le soupçon, la généalogie pour démasquer les mots, les propositions, les démonstrations, les fondations d’une parole, pour philosopher avec un marteau qui éclatera ces masques.
Dans le cadre de votre proposition d’écoute et pour répondre au billet de YB, cette lecture généalogiste ne m’intéresse pas. Elle me rappelle cette phrase méchante de Hegel à l’égard des valets de chambre qui disait en substance qu’aux yeux des valets de chambre, il n’y a pas de grands hommes : le maître du valet de chambre, même si c’est Obama, -je doute d’ailleurs que M. Obama ait un valet de chambre. Mon exemple est un peu anachronique, je le concède !- c’est toujours un petit homme, car le valet de chambre le regarde à travers le trou de la serrure. Il voit un homme qui se lave les dents le matin, qui fait du bruit dans la salle de bain… Philippe Léotard disait « L'homme, le matin, il tousse, il crache. Le midi, il pète, il rote. La nuit, il ronfle, il bave et le reste du temps, il se gratte les couilles. »

[...]

marcus a dit…

La suite [...]

A vrai dire ce qui est intéressant, ce n’est pas de savoir qui est véritablement Monsieur Badinter : ses accointances avec la « gauche caviar » ? Peut être. Et encore il faudrait définir ce que « caviar » semblerait dire. Son soutien à DSK ? Mouais… Bof… A-t-il eu, en pensée, en rêve une relation incestueuse avec sa mère ? Probable… Etc… Et quoi d’autres ?

Je reviendrais plus volontiers à la question de « qu’est-ce que ? », à la question de l’œuvre de M Badinter pour délaisser cette lecture de valet de chambre et embrayer sur le contenu du message, de sa pertinence, de son intérêt, et peut être de sa « discutabilité », de sa « criticabilité ».

Et là, je pense, dans l’espace laissé par Mr Badinter (et cette nouvelle intervention radiophonique en fait partie) qu’il faille préserver la grandeur, les grands hommes contre la tentation généalogique, les capacités d’admiration que peuvent susciter une parole quand elle est grandiose, quand elle est sublime, quand elle nous ébranle au plus profond de nous même… et laisser la parole, adossée à une conviction, à un combat de vie, se dérouler toute seule…

"Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n'y aura plus pour notre honte commune, des exécutions furtives, à l'aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. A cet instant, j'ai le sentiment d'assumer, au sens ancien, au sens noble, le plus noble qui soit, le mot de ministère c'est le service, j'ai le sentiment de l'assumer. Demain, c'est l'abolition. Législateurs français, de tout mon cœur, je vous remercie."

marcus

Constantin Dragases a dit…

Ce qui est stupéfiant, c'est qu'on ferme les yeux sur la réalité du terrain. La lecture de l'Islam par les élites est faites avec la double clé de l'arrière-plan chrétien (toute religion, au fond, c'est comme le christianisme), et l'arrière-plan auschwitzien (exclure sur des motifs religieux, plus jamais çà!).

On trouvera honteux une polémique sur le hallal qui mène à la stigmatisation des musulmans, mais on ignorera totalement les appels aux meurtres et au Jihad de la mosquée de Pontoise; ou même le contexte international où les minorités du monde musulman sont erradiquées (Coptes, Assyriens, Zoroastriens, Chrétiens du Pakistan, du Nigeria, minorités chiites etc...)

Evidemment qu'une grande partie des musulmans de France sont étrangers à ces atrocités. Néanmoins taire les réalités de l'Islam politique, pour "ne pas stigmatiser" les musulmans français, je trouve cela d'une lâcheté incomparable.

Il n'existe pas un seul état sur terre à la fois peuplé par plus de 50% de musulmans et dans lequel la liberté religieuse est respectée et égale pour toutes les religions.
Les européens ont le droit de s'inquiéter du fait qu'un jour peut être, leur continent sera peuplé par une majorité musulmane.

Jean-baptiste Richard a dit…

Cher monsieur Wistrand,
vous acceptez ma distinction entre la stigmatisation « officielle » et celle relevant de l'opinion privée mais vous ne la trouvez pas opérante. Elle n'est bonne à vos yeux que pour les « étudiants de philosophie », ces derniers étant coupés du monde réel.
Stigmatisation officielle, stigmatisation privée, après tout qu'est-ce que ça change ?
Je dirais que la première est bien plus grave car elle se nourrit de la seconde tout en l'alimentant. Le rôle de la politique est de permettre à tous les citoyens de vivre ensemble. Comment favoriser le vivre ensemble en propageant un message stigmatisant ?

Laissez-moi vous poser une question : n'êtes-vous pas entrain de faire ce que vous reprochez à ceux qui, assimilant les catholiques à des « bourgeois » « fils à papa », les stigmatisent ?
Ne stigmatisez-vous pas les étudiants en philosophie en les considérant comme des « bourgeois » coupés du monde réel?
N'y a t-il aucun étudiant en philosophie qui réside dans une cité ? La vie d'un étudiant se résume t-elle à ses études ? N'y a t-il pas des étudiants qui travaillent, qui nourrissent des enfants et qui font leurs études par correspondance ?

Ne stigmatisez-vous pas les philosophes en les assimilant à des théoriciens abstraits qui découpent le réel en concepts ? La philosophie est à mes yeux une réforme complète de l'existence. Nombre de philosophes critiquent les pensées figées et élaborent des pensées vivantes, du mouvant, de la durée, du devenir, de la relation …

J'aurais pu aussi relever la stigmatisation des universitaires.

Stigmatiser c'est enlever toute part de liberté à l'individu. C'est le faire rentrer dans des cases. C'est lui imposer, sous prétexte qu'il appartient à une communauté, à un groupe, des caractères et des comportements autres que ceux qui font qu'il appartient à cette communauté ou à ce groupe. N'y a t-il pas débordement des groupes les uns sur les autres, écoulement les uns dans les autres ? L'individu n'exprime t-il pas une façon unique d'appartenir à une communauté ?

A mon sens, la concurrence des stigmatisations pas plus que la concurrence victimaire n'est opérante. Cela ne sert que celui qui stigmatise.

Stigmatisés de toutes les communautés, unissez-vous !

Yann Darléon M1 a dit…

Dans le contexte des prochaines élections présidentielles, l'intervention révoltée de Robert Badinter apparaît comme un souffle particulièrement revigorant. En effet, l'effervescence qui accompagne l'approche des élections, dans un climat d'appréhension et de pessimisme amplifié par la crise économique et les craintes concernant l'avenir, entraîne un déchaînement médiatique qui apparaît néfaste. De multiples opinions contradictoires s'affrontent, certains courants politiques exploitent avec force démagogie et populisme de grands thèmes chers aux citoyens, tels que l'insécurité et le chômage. Ces stratégies politiciennes, loin de viser le bien commun, comme le recherchaient les doctrines de la Grèce antique, provoquent au contraire un éclatement préjudiciable de la société, divisant les citoyens selon des critères d'origine ethnique ou culturelle. On mesure à quel point ces manœuvres s'avèrent opposés aux principes humanistes propres à la France et qui trouvent leur origine dans la Révolution française et ses idéaux. Robert Badinter, à travers sa condamnation de la stigmatisation de certaines populations, met en relief la démagogie et la fausseté d'un certain débat politique qui prend l'insécurité comme prétexte, et s'élève au-dessus de la cacophonie médiatico-politique actuelle, en pointant du doigt les vrais valeurs de la France. C'est un bel exemple de prise de position non seulement politique mais aussi philosophique. Merci.

Constantin Dragases a dit…

Valeurs... Tout le monde ici ne parle que de cela.

Mais justement, n'est ce pas nos deux valeurs fondamentales que sont la vie et la liberté qui sont menacées sur le moyen-long terme?

Il est très beau de s'insurger contre la "stigmatisation des musulmans en France" (qu'est ce? du patalangage, alors que les chrétiens du Nigéria sont brûles vifs dans leurs églises).

Personne ici ne comprends qu'une société est le résultat de la somme de ses individus? Et que des individus qui viennent en masse avec d'autres valeurs, d'autres conceptions du monde, d'autres clés de lecture (comme l'Islam en offre une, radicalement différente, que celle offerte par notre héritage gréco-chrétien) vont altérer notre monde, notre vie?

Quid de la peine de mort, de la montée de l'homophobie, du retour du sexisme, du recul de la liberté religieuse, quand notre pays sera peuplé à majorité de musulmans (même modérés)?
Alors, les indignations moralement élevées de Maître Badinter paraîtront bien risible, des tréfonds de notre enfer...

Kévin a dit…

La vie et la liberté seront toujours menacées tant qu'il y aura des individus ou des sociétés pour croire qu'elles leurs appartiennent et qu'il faut les leurs.

Aussi, plutôt que d'espérer un ciment de nos sociétés à partir d'un seul et unique héritage, essayons de voir ce qu'ils ont en commun pour que le monde puisse vivre avec lui-même, pour que le monde soit l'uni-vers.

Kévin a dit…

Je ne savais pas, Monsieur Dragases, que les musulmans (même modérés) étaient les champions de la peine de mort, de l'homophobie et du sexisme.

D'où tenez-vous ces informations ?

De mon côté, je connais une française bien blanche et bien blonde, répondant au doux prénom de Marine, qui possède à peu près les mêmes idées. Peut-être devrait-elle tenter un rapprochement ?

Emmanuel Gaudiot a dit…

Du premier au dernier des commentaires de cette intervention de Robert Badinter, on semble un peu tourner en rond: il y a un clivage... je rappelle donc que le propos de l'ancien Garde des Sceaux et le refus de la stigmatisation, je rappelle que la stigmatisation est une arme politique, de celles que l'on brandit pour conquérir un pouvoir. Il ne faut pas perdre cela de vue. La stigmatisation est un moyen de prendre une posture en otage: elle prétend que si vous ne dénoncez cette situation-là, c'est donc que vous défendez l'idée contraire, celle qui n'est pas en accord avec les valeurs de notre pays...quid de ces valeurs: laïcité, respect de la personne, de la liberté d'expression, peu importe; ce sui importe, c'est faire du Buzz (voyez comme cela fonctionne même dans un blog de philosophie!) La stigmatisation est le moyen d'opposer des valeurs qui, a priori, ne sont pas contradictoires. De grâce, n'oublions pas que c'est une manoeuvre!Merci.

Kévin a dit…

En effet, Emmanuel, la stigmatisation est une manœuvre.

Il semble que la plupart des commentateurs, moi le premier, soient tombés dans le piège. Soit.

Mais lorsque la plupart des "sorties" politiques utilisent cette manœuvre et que bon nombre des commentateurs (les journalistes par exemple), plutôt que la dénoncer, jouent avec, influençant d'autant l'opinion publique que faut-il faire ?

A mon sens, s'il peut être, en effet, important de dénoncer la manœuvre, il est également essentiel de remettre à sa juste place ce qu'elle déstabilise.

Kévin a dit…

On ne peut pas, à mon avis, se contenter de dire "ceci est une stigmatisation". Il faut expliquer en quoi elle l'est et rétablir ce qui nous semble être la vérité

Constantin Dragases a dit…

Je suis d'accord, tout ce battage sur les musulmans, cette stigmatisation, est en effet une manœuvre...
... mais qui joue sur une réalité!!!

Informez vous Kévin, n'êtes vous pas au courant que les homosexuels sont pendus en Arabie Saoudite, en Iran, au Yemen, en Afghanistan? Qu'ils sont emprisonnés partout ailleurs?
Ne lisez vous pas la presse? Les représentants des pays musulmans ont quittés l'ONU pour protester contre un projet de loi mettant fin aux discriminations homophobes...

Êtes vous aveugle ou inculte pour ne pas savoir que le Coran est un livre de loi, qu'il est la base législative et juridique de toutes les sociétés à majorité musulmane?
Que la peine de mort est une des sentences les plus évoquées?

Réveillez vous de votre torpeur!
Il n'est certes pas moral de stigmatiser ses compatriotes sous prétexte qu'ils ont une autre religion. Mais il est encore bien plus immoral et inexcusable d'être tolérant au motif de l'ignorance.

Renseignez vous Kévin, lisez le Coran, lisez les hadiths, écoutez les prêches d'Al Qaradawi.
Intéressez vous à l'actualité de cette partie du monde, à la fois si proche et si lointaine...

Kévin a dit…

Il me semble, cher Constantin, si je puis me permettre, que ce soit également faire part d'un manque de culture que d'assimiler l'islam à ces douteuses doctrines qui appliquent des lois complètement incomprises.

Selon moi, refuser la stigmatisation de l'islam ne revient pas à fermer les yeux sur les dérives de ceux qui s'en réclament. Il s'agit de comprendre qu'il est trop facile de désigner un coupable idéal et d'éviter de faire à l'autre ce qu'on lui reproche de nous faire.

Admettons que l'humanité décrète demain l'abandon de l'islam. Croyez-vous que nous serions à jamais débarrassé des horreurs et des violences qui sont à l’œuvre dans le monde ?

A mon sens, les problèmes ne sont pas dans les religions, les idéologies, etc. Les problèmes résident avant tout dans le cœur des hommes

Constantin Dragases a dit…

Pourtant ces manières, ces façons de vivre,de penser, d'agir, sont probablement le cas pour 90% des musulmans de la planète...

Evidemment, et vous avez raison: même dans le cas où l'Islam n'aurait pas existé, le mal, la haine, l'intolérance, continueraient(sait on jamais) d'exister.

Toutefois, il faut conserver à l'esprit que les religions, les idéologies, selon ce qu'elles prônent, n'ont pas les mêmes effets sur les cerveaux des humains.
Aussi le nazisme (désolé pour ce point Godwin) ne débouche pas sur la même représentation du monde que l’idéologie libertarienne...

Aussi, il est évident qu'une société profondément humaniste se doit de protéger les minorités, mais ne pas perdre de vue que si jamais la minorité musulmane devait devenir une majorité (ce qui, compte tenu des flux migratoire est plus que probable); c'est la domination même de ces valeurs humanistes qui serait en danger...

Anonyme a dit…

La stigmatisation ou la désignation d'un bouc-émissaire (que ce soit un groupe ou une communauté humaine) est une pratique relativement ancienne et courante, employée dans un contexte particulier (surtout en matière politique), consistant à rejeter sur d'autres des opinions, des attitudes ou les effets d'une situation donnée (imputabilité d'une situation de crise)afin de mieux masquer les propres insuffisances d'une politique ou l'inconséquence d'une élite, d'une classe ou d'une minorité dominantes, lesquelles se trouvent souvent dans l'incapacité de résoudre les difficultés ou de répondre aux attentes de ses semblables. La posture du rejet de l'autre, joue essentiellement sur le registre de l'émotionnel et de l'irrationnel (la peur de l'autre, la différence, l'inconnu etc...)visant à abolir peu ou prou l'esprit critique en chacun de nous, par le recours notamment aux opinions ou aux préjugés dès lors qu'ils sont étayés par des faits (exemple : on associe fréquemment la délinquance à l'immigration. On dit souvent que la population carcérale est composée majoritairement de prisonniers étrangers. Statistiquement parlant c'est exact. Mais si on entre dans le détail des peines exécutées, on s'aperçoit que les étrangers incarcérés le sont à la suite d'infractions connexes consécutives ou liées à un séjour irrégulier. Il y aura ainsi une différence de traitement pour une même infraction selon la nationalité de l'auteur).Ainsi par le biais d'un syllogisme(la population carcérale est majoritairement composée d'étrangers, donc la délinquance en France est essentiellement le fait d'auteurs étrangers). Ainsi commence la stigmatisation... Nous avons longuement commenté la stigmatisation de la population musulmane en France. Mais pourquoi ne nous interrogeons nous pas sur le fait qu'il y ait peu de personnes révoltées à propos des injustices de ce monde, hormis monsieur Badinter ou le canonique Stéphane Hessel? Où sont donc passés les autres penseurs, censeurs et autres intellectuels médiatiques auto-proclamés,d'ordinaire si prompts à se mobiliser?
Laurent D.

Julien Gautier a dit…

Robert Badinter est-il courageux ?

Il faut le croire à en lire le titre de ce post et la question qui l'accompagne.

Le mot "révolte", à lui seul, suggère cette vertu qu'il est nécessaire d'avoir pour braver l'Institution. Tous les qualificatifs utilisés, "beau", "juste", "sain" signifient la noblesse de la cause. L'expression "mise au pilori" et le mot "stigmatisation" désignent l'injustice qui a poussé Monsieur Badinter a monter au créneau.

Kant, dans la Métaphysique des moeurs, défini le courage comme "la force et la décision réfléchie d'opposer une résistance à un adversaire puissant, mais injuste". Tout y est.

Si le courage exige la force, c'est que la puissance n'est pas de son côté. L'homme courageux va à contre-courant. L'opinion ne lui est pas acquise. C'est du courage qu'il fallu à Alexandre Soljenitsyne pour dénoncer le régime communiste alors qu'il résidait encore en Union Soviétique. C'est encore du courage qu'il manifeste lorsqu'en 1978, il s'exprime devant les étudiants de Harvard, pour critiquer le libéralisme occidental et le matérialisme qu'il véhicule (cf. Le déclin du courage).

Quel est l'adversaire puissant qu'affronte Monsieur Badinter ? Sa sortie lui fait-elle mettre en jeu sa carrière politique ? Prend-il le risque de perdre ses amis ? S'attend-on à ce que les médias le lynche en public après de tels propos ? S'attend-on à ce qu'il soit traîné devant les tribunaux ? Rien de tout cela.

Par contre, quand Éric Zemmour, le 06 mars 2010, tient sur Canal+ des propos qui semblent être exactement le genre de propos que dénonce Monsieur Badinter, devait-on s'attendre à ce qu'il se fasse lyncher sur les plateaux télé ? Tout le monde s'accordera, il me semble, pour dire oui.

Bien que Monsieur Badinter ait sans doute davantage en ligne de mire quelques candidats à la présidentielle que le journaliste Zemmour, il semble que l'on puisse dire, sans trahir la vérité, qu'ils représentent l'un et l'autre des opinions contradictoires. Quant à dire lequel des deux symbolise le plus le consensus politico-médiatique actuelle, il paraît peu contestable de dire que ce soit Monsieur Badinter.

Que Monsieur Badinter soit contrarié, il suffit de l'entendre pour en être convaincu. Mais qu'il ait eu besoin de courage pour dire ce qu'il a dit, j'en doute. Le lieu commun ne peut être l'étendard d'une révolte.

Anonyme a dit…

Le sain cri de révolte de M. BADINTER va t'il atteindre nos politiques si prompts à stigmatiser, surtout les musulmans, après ce qui vient de se passer à Toulouse?...
Laurent D

Constantin Dragases a dit…

Un musulman vient de tuer des enfants juifs... et la seule préoccupation de certains... est que les musulmans risqueraient de se faire stigmatiser.

Vous êtes tombés sur la tête...

Alexander a dit…

Peut-être ne serait-il pas complètement inutile de distinguer les musulmans de l'islam.

Tout musulman, en tant que personne (et citoyen, mais ce n'est pas l'essentiel), a droit au respect, au traitement juste et égale etc.

Ceci n'empêche pas qu'on puisse avoir une discussion objective sur la doctrine de l'islam. Toutes les doctrines ne se valent pas. Il y en a qui sont plus ou moins pacifiques, qui contribuent plus ou moins au bien commun de la nation etc. On discute beaucoup au sujet du christianisme, de sa prétendue intolérance pour les homosexuels etc. Très bien. Mais alors discutons aussi de l'islam. Pourquoi vouloir tabouiser ce sujet? En lisant des commentaires comme ceux de Kévin, j'ai vraiment l'impression qu'il y a comme un parti pris avant toute discussion: l'islam est bon, il est pacifique, il est innocent. Pas possible d'en discuter.

Ça ne me semble pas être une attitude "élairée", "philosophique", "tolérante"...

Kévin a dit…

Alexander,

A mon sens, l'islam comme toutes les religions a pour but "originel" de relier les hommes à ce que Stephen Jourdain appelait "l'irréductible à tout contenu de pensée".

Que des hommes, ensuite, instrumentalisent les religions pour faire valoir la haine et la barbarie ne doit pas dénaturer, selon moi, ce que sont sensées indiquer les religions.

Comme on dit, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Il est trop facile de jeter l'opprobre sur une religion sous prétexte que des gens l'ont mal comprise. A mon avis, les problèmes sont moins dans les religions que dans ce que les gens peuvent en faire.

Ceci dit la discussion est ouverte

Kévin a dit…

Les vraies questions, à mon sens, sont celles-ci :

Comment peut-on prouver le caractère pacifique d'une doctrine ? Comment savoir si une religion contribue plus qu'une autre au bien commun ?

A mon sens, il existe autant de traditions, de "voies" que de sensibilités à "l'Être". Aussi, ce n'est pas parce qu'il est important d'évacuer tout ce qui peut alimenter la haine dans ces différentes voies qu'il nous faut nous contenter d'une seule et unique. A moins que certains qui pourraient prétendre, au nom de voies particulières, détenir la vérité pensent que les leurs soient meilleures que d'autres. A mon avis, là est le début de la haine.

"Lorsque les théologiens s'affrontent, les mystiques se rejoignent" Annick de Souzenelle

Kévin a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Kévin a dit…

Enfin, deux dernières questions et une subsidiaire :

Qu'est ce qu'une discussion objective sur une doctrine ?

Sur quels critères peut-on baser l'objectivité ?

Est-ce une attitude "philosophique", "éclairée" et "tolérante" que dire que certaines attitudes ne sont pas "philosophiques", "éclairées" et "tolérantes" ?

Ou plutôt :
A quelles fins avancer de tels propos ? (si ce n'est pour se targuer d'avoir le monopole de la philosophie, de l'éclairement et de la tolérance)

Kévin a dit…

Vous trouverez, ci-dessous, un article fort intéressant sur les raisons d'un certain radicalisme islamique

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/23/un-monstre-issu-de-la-maladie-de-l-islam_1674747_3232.html

Kévin a dit…

En cherchant à en savoir plus sur l'auteur de l'article cité ci-dessus, j'ai lu sur wikipédia :

À travers tous ces textes, Abdennour Pierre Bidar tente de préciser ce que pourrait être une vie spirituelle pour le XXIe siècle, entre plusieurs impasses : le matérialisme des sociétés contemporaines ; le dogmatisme et le formalisme des religions traditionnelles.

Il me semble cette phrase résume bien l'enjeu de notre débat. Il est vrai que j'ai pu paraître assez "absolutiste" dans certaines prises de position. C'est certainement que je craignais matérialisme

Anonyme a dit…

Pour préciser mon propos, la stigmatisation d'une catégorie de population (de surcroît à la suite de la tragédie de Toulouse et de Montauban)est le fait tout d'abord du traitement médiatique de l'évènement...je crois que l'on a trop insisté sur les causes supposées de ce déchainement meurtrier (l'endoctrinement religieux du forcené). L'intéressé, qui suivait l'actualité, a eu conscience de l'écho médiatique considérable des ses actes qui a dû le conduire, du moins je suppose, à se radicaliser...on connaît tous le dénouement de cette affaire. Ce tueur, espérons qu'il n'a pas fait d'émules, a laissé une certaine postérité (un blog recueillant plus de 500 commentaires de soutien a été fermé par le ministère de l'intérieur...une enseignante de Rouen a été suspendue pour avoir fait observer une minute de recueillement par ses élèves...dans une autre ville un passager d'un taxi a refusé de monter dans le véhicule au prétexte d'une appartenance religieuse supposée du conducteur...et je citerai enfin la revendication après coup des actes meurtriers par une mouvance d'Al Qaida alors que rien ne le laissait supposer avant le fort Chabrol de Toulouse)Tout ceci ne sont que des effets induits de cet évènement planétaire et qui ne devrait pas durer...Je concluerai mon propos en rappelant le traitement médiatique du carnage perpétré par BREIVIK (77 morts).Souvenons-nous que les médias présentaient le tueur comme un membre présumé d'une extrême-droite radicale. Je pense que dans les deux exemples, la presse aurait dû faire preuve de davantage de prudence et d'objectivité dans le traitement de l'information en évitant par exemple les raccourcis et autres catégorisations faciles.
Laurent D.

Anonyme a dit…

et enfin je nuancerais le dernier commentaire de Constantin...le tueur de Toulouse n'a pas seulement assassiné des enfants de confession juive mais aussi des parachutistes français de confession musulmane.
Laurent D

Sébastien a dit…

C’est sur le terreau fertile des valeurs républicaines et laïques qu’est planté le drapeau multicolore d’un pays qui l’est tout autant. Badinter a raison de rappeler avec rage que ce drapeau est la fierté de tous les français et certainement pas l’apanage d’une Extrême droite qui le déshonore en l’utilisant pour faire de l’ombre à une partie de nos concitoyens.
Les Français, tous les Français, veulent vivre en harmonie. Quel beau mot : harmonie, qui est aussi une déesse de la mythologie grecque. On s’étonnera peut-être que cette dernière soit fille d’Aphrodite, divinité de l’amour et mais aussi d’Arès, le dieu de la guerre. Car il existe deux façons de penser l’harmonie : celle qui consisterait à unifier le multiple en gommant les singularités. Et celle, bien plus noble et bien plus enrichissante, faite tout à la fois de concorde et de polémique, d’ordre et de chaos maintenus entre deux pôles. Cette harmonie conserve le divers et réunit agréablement des éléments qui conservent fort heureusement la différence qui fait leur beauté.
Faisons-notre la belle réflexion d’Oscar Wilde : « L’égoïste n’est pas celui qui vit comme il lui plaît, c’est celui qui demande aux autres de vivre comme il lui plaît ; l’altruiste est celui qui laisse les autres vivre leur vie, sans intervenir ».

parzyjagla kleinhans charlotte a dit…

"La république française est pour tous ; c'est l'égalité pour tous… ghettoïsation morale insupportable… Le Front national en tire profit… Ces compatriotes, ces millions méritent de vivre comme les autres (malgré une délinquance associée)… Nous sommes une république laïque qui commande de se refuser à la discrimination … Etc."

Voici l'exposé en quelques mots. Cependant si ce n'était pas dit d'un homme dont on peut supposer l'autorité, la carrière, la compétence, on serait sincèrement et simplement en droit d'en constater toute la lénifiance ; c'est-à-dire n'écoutant que ce qui est dit dans cette vidéo, cet extrait, toutes personnes gentilles pourraient le dire qui ne voudraient dire que des gentillesses à même de nous rassurer, de nous emporter… Pas sain de stigmatiser les musulmans. C'est ce qu'on me donne à entendre. Bien. (D'ailleurs qui sont-ils ? Des gens de couleur ou une communauté à l'aune d'une autre morale, d'autres valeurs ?).

Qui voudrait être méchant, s'exposer ainsi ? Il est vrai que c'est d'actualité, il n'y a jamais eu de tension palpable par ailleurs. C'est la politique qui nous le rappelle. Du coup, je m'en remets aux posts, pour avoir quelque chose à entendre et éventuellement à dire. Et il y a des éléments, même l'essentiel, avec pourtant si peu d'indice à la source. On voit qu'en France c'est encore un des plus grands tabous… Pourquoi ? Finalement on a jamais parlé de ce qui trouble moralement et culturellement les accueillants (ici les français non pas tant de souche - à partir de combien de générations ? -, mais les héritiers d'une tradition chrétienne, puis d'un pensée républicaine ; pour ne pas dire des lumières, dont on devrait savoir les tensions qu'elles engagèrent avec la religion). A quoi on pourrait ajouter les morts de centaines d'adversaires, brûlés au bûcher, torturés, sacrifiés, qui ont combattu l'obscurantisme, voire la duplicité, et repensé la place de l'homme à part l'oligarchie des princes et des prélats (eux tous dans une certaine collusion d'intérêts sans nul doute plus matériels que spirituels). C'est-à-dire non seulement une morale et des principes métaphysiques mortifiants, mais aussi le cadre profitable à l'affirmation du pouvoir, le légitimant indiscutablement (l'écrasement du peuple et la fermeture de l'horizon au sujet, qui n'était que bourriquet de force de travail exposé à l'omniprésence accusatrice du saint père). Oui, ceux qui ont donné leur vie pour que même un Nietzsche existe ; une longue chaîne d'esprits dissidents, opposés aux fondamentaux monothéistes qu'a été le monopole Platonique, puis théologien et scolastique. Pour que la lumière ait été reprise à même les ténèbres, combien y laissèrent leur peau ? Il est un fait donc qu'on se penche sur la question de l'intégrisme des musulmans il me semble, tout autant que l'on fait toute une tradition d'esprits libres, dont nous sommes éternellement redevables, et principalement les descendants. Là est la grande confusion : qui pourrait affirmer, pour être très clair, que l'électorat du front nationale se joigne à cette idéologie pour s'être posé ces question? Probablement pas.

suite a dit…

D'un côté la xénophobie probablement la plus primaire, pulsion instinctive et archaïque de la protection, du repli, de la peur, la chasse au bouc-émissaire - l'expression irrationnelle. Ou, comme le dit R.Lecomte, citant Freud : "Le défoulement de l´agression sur un bouc-émissaire constitue en quelque sorte une soupape à la violence. Ce qui est vraiment lamentable, c´est de se servir de cette tendance naturelle à l´agression et de sa fixation sur une communauté à des fins politiques (c´est attiser un penchant naturel à la violence qui est déjà déplorable en lui-même)." De l'autre je dirai l'affirmation d'une lucidité critique qui se penche moins sur l'aspect communautaire que la fâcheuse question de la séparation de l'église et de l'Etat, ce qu'elle implique, ses conséquences directes sur la société, les personnes, de la sphère publique à la sphère privée. Le grave retour en arrière que représenterait l'instauration d'un communautarisme religieux à l'intérieur même d'une république, comme le dit bien Laurent D. : "comment concilier la charia, dont certains préceptes sont incompatibles avec nos droits de l'homme?...Devons-nous renoncer à certaines de ces valeurs pour que le musulman vive pleinement sa foi conformément à nos principes de tolérance?", et encore "Pour ma part, ce n'est pas le dogme qui me pose problème mais l'idéologie politique sous-jacente de cette religion qui se propose de nous offrir une alternative à notre modèle républicain…" De même une intervention de Constantin Dragases : "Néanmoins taire les réalités de l'Islam politique, pour "ne pas stigmatiser" les musulmans français, je trouve cela d'une lâcheté incomparable. Il n'existe pas un seul état sur terre à la fois peuplé par plus de 50% de musulmans et dans lequel la liberté religieuse est respectée et égale pour toutes les religions. Les européens ont le droit de s'inquiéter du fait qu'un jour peut être, leur continent sera peuplé par une majorité musulmane."

Sur l'aspect de la rupture sociale combinée à la fracture raciale, on ne peut qu'entendre avec silence ce que dit Pascale Boulogne dans ce blog, et ne pas associer musulman à Islam (la difficulté d'un choc des valeurs, civilisationnel, ajouté à la paupérisation) - où l'on voit l'un des aboutissements de la fameuse stigmatisation dont il a été longuement parlé ici - , mais penser à la misère républicaine, son échec, sa démission en partie… Aux petits hommes la patrie oublieuse, qui concerne aussi bien d'autres minorités ethniques, dont les français pauvres qui ne votent pas Front national.