On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

jeudi 6 septembre 2018

Amour et désespoir

Ce n'est pas pour se faire un coup de com', mais puisque l'amour est le thème au programme français-philosophie des classes préparatoires, voici le livre, "Amour et désespoir", tiré de ma thèse, que j'ai publié en 2000 dans la collection Points aux éditions du Seuil et sa brève présentation. Après tout, il n'y a pas tant d'ouvrages consacrés à ce sujet si délicat, si ce n'est quelques fabrications grand public d'une qualité discutable.

"L'amour véritable, parfait, n'est-il pas celui qui conduit à l'abnégation, à l'anéantissement, au sacrifice de soi ? Échappant à toute considération égoïste, ne doit-il pas être proprement désintéressé ? Telle est l'idée principale que soutint Fénelon, à la fin du XVIIe siècle, donnant forme de système à des doctrines que de nombreux auteurs avaient exposées avant lui. S'en suivit une controverse considérable qui mit aux prises les plus grands esprits de l'époque. Furent développés de part et d'autre des arguments qui gardent une actualité surprenante pour tous ceux qui s'interrogent sur les notions d'intérêt et de désintéressement, d'égoïsme et d'altruisme, c'est-à-dire sur les mobiles de l'action humaine et la nature des sentiments qui l'anime."

Pour ceux qui ne connaissent pas le versant théologique, je vous recommande vivement Anders Nygren, Eros et Agapè (réédité aux éditions du Cerf en 2009 par mon amie, la psychanalyste Lucrèce Luciani). Je vous recommande également de Paul Audi, Le pas gagné de l'amour, Galilée, 2016

1 commentaire:

Alexis A a dit…

Même si je ne prétends pas être bien placé pour répondre à la question, il m’est souvent arrivé de réfléchir à ce qu’est l’amour avec ma modeste pensée et j’en suis venu à l’idée que l’amour n’est pas un abandon total de soi. Car si quelqu’un nous aime, c’est pour ce que l’on est, pas pour ce que l’on doit être. Or, si on part du principe que l’amour c’est sacrifier sa personne et donc perdre ce qui est attirant chez nous, qu’est ce qui nous reste à aimer ? Je pense plutôt que l’amour n’est pas un abandon mais plutôt un oubli partiel de soi. Et voir l’amour comme quelque chose d’altruiste n’est pas forcément vrai, car on peut aimer de manière sincère sans pour autant ressentir que cet amour nous apporte un bien-être que l’on ne pourrait avoir autrement.

Quand on déclare qu’on veut que son bonheur, le veut-on vraiment au point d’être prêt à disparaître, à s’effacer et à oublier la personne aimée si sa vie en dépendait, ou bien veut-on être la cause de ce bonheur et par conséquent, être heureux en même temps que cette dernière ? « Je ne veux que ton bonheur » est ici une phrase hypocrite, on veut souvent que notre bonheur soit mutuel et lié. L’amour, c’est sentir l’autre vivre en soi. Mais ce que je peux comprendre par « abandon » c’est par le fait qu’en amour, il y a généralement un qui aime plus que l’autre, qui est prêt à aller plus loin que l’autre et donc prêt à s’oublier pour que la personne qu’il aime puisse s’épanouir. Je résumerai mon propos par cette citation d’Oscar Wilde : « Etre un coupe, c’est ne faire qu’un. Oui, mais lequel ? ».