Extrait des Conversations sur le mal, où il est question de la conception chrétienne du mal. L'ouvrage, publié en 1985 chez un petit éditeur à Genève, est malheureusement épuisé. Alexis avait eu la gentillesse de m'en envoyer un exemplaire quelques mois avant sa disparition en mer.
“- Mais, en dernier ressort, le mal est une énigme, ne croyez-vous pas ?
- Vous avez raison. Une énigme et qui plonge ses racines dans le mystère de Dieu ou dans certaines capacités, les pires, de l’homme.
- De l’homme, sans doute. Mais qu’entend-on par là ? La nature humaine comme une détermination universelle à laquelle on ne peut échapper, comme dans la doctrine chrétienne du péché originel, ou la nature humaine en tant qu’elle est formée par la société ? Dans ce cas, on ne peut pas proprement parler de “nature”. On n’a affaire qu’à des individus, qui n’ont pas de “nature”, d’essence préétablie, qui sont ce que la société, ou “le temps”, font d’eux. Alors le mal, de quel côté est-il ?
- Je ne suis pas sûr qu’on doive s’en tenir à ces cloisonnements stricts. A chaque fois, si vous suivez la piste jusqu’au bout, vous vous heurtez à des difficultés insurmontables, à un mur.
- Vous pensez donc qu’on ne peut pas échapper à ces apories ?
- Tout de même, il faut distinguer les plans. Et prendre son temps. Considérez, par exemple, la conception chrétienne dans ce qu’elle a de plus général - parce que là encore il y aurait d’importantes nuances à apporter. Que dit-elle en somme ? Qu’à cause du péché d’Adam -appelez-le comme vous voulez : “le péché originel” selon Augustin ou “le péché des premiers parents” selon la formulation des Pères grecs- tous les hommes ont été soumis au péché, au diable et à la mort -c’est ce qu’écrit saint Paul ; il n’y a de salut que par et dans le Christ-Sauveur. Le mal règne sur la terre et Satan est le maître de ce monde, selon les paroles mêmes de Jésus. Le combat entre le bien et le mal est un combat entre Dieu et Lucifer qui était, ne l’oubliez-pas, un ange de lumière. Et ce combat se livre en chaque homme. C’est cela qui est important : que tout se joue dans le cœur de l’homme. Pas dans la société en général, dans ses institutions, mais au plus intime de chacun d’entre nous, selon ses orientations, ses choix.
- Mais cela conduit à une totale passivité à l’égard de tout ce qui dans la société est cause de malheur, d’inégalité, d’injustice. C’est plutôt déprimant.
- Aujourd’hui la plupart des chrétiens, qu’ils soient catholiques ou protestants, ne sont pas d’accord avec cette conséquence. Ils estiment au contraire que le message chrétien est avant tout “social”. Mais ce n’était pas l’avis d’un homme comme Pascal, par exemple. La société humaine, quelqu’elle soit, est fondée sur l’amour égoïste de soi et par conséquent sur la haine. Réformez autant que vous voudrez la société, ses institutions, ses moeurs, donnez lui une structure démocratique, respectueuse des droits de l’homme, en dernier ressort, vous ne sortirez pas de l’ordre de la haine. Vous n’obtiendrez jamais rien d’autre qu’une meilleure régulation des égoïsmes, jamais une société authentiquement juste. Ca c’est sa thèse fondamentale, et elle exprime parfaitement le point de vue chrétien, quoiqu’en pensent les croyants d’aujourd’hui. Le salut n’est ni social, ni politique, il est d’une nature autre, d’une nature “spirituelle” et il est d’un autre ordre.
- L’ordre de la charité, n’est-ce pas ?
- Exactement. L’essence de la position pascalienne et chrétienne - en fait, là encore, elle est d’origine paulienne - tient dans la distinction des trois ordres : la chair, l’esprit et la charité. Entre ces ordres, il y a un abîme, et même un abîme infini si l’on considère tout ce qui sépare le deuxième du troisième, bien plus infini qu’entre le premier et le deuxième ordre qui en comparaison se touchent, enfin presque.
- Mais cela peut-on encore aujourd’hui le comprendre ? Même les chrétiens, dans leur immense majorité, ne l’acceptent plus.
- Sans doute, mais enfin, tel est le sens du message chrétien. Les croyants, il me semble, perdent beaucoup à ne plus le saisir. La réforme des institutions, il y a toujours des hommes pour la prêcher. Nul besoin d’être chrétien. Les hommes qui les premiers ont adopté cette perspective “révolutionnaire” n’étaient pas des chrétiens. La plupart luttaient même farouchement contre le christianisme. Les philosophes des Lumières, les hommes de 89, Marx, etc. Pour eux le christianisme, c’était une école de la résignation, et qui fait le lit, avec complaisance, des seigneurs, des maîtres et des rois.
- Mais l’Eglise n’a-t-elle pas toujours été du côté des puissants ?
- Soit ! mais c’est là une autre question. Bien sûr, vous avez raison. Qui pourrait le contester. Les exemples abondent depuis la reconnaissance de l’Eglise par l’Etat, c’est-à-dire depuis l’édit de Constantin. Mais ce n’est pas de ce dont je parle. On qualifie la position chrétienne de “résignée”. C’est à tort. On confond les ordres. Quand même il serait possible d’instituer une société humaine parfaitement “juste”, eh bien, cette justice humaine, sociale, politique, ne serait qu’une illusion, rien d’autre qu’un leurre. Je ne discute pas de savoir si dans la pratique une telle société pourra jamais exister effectivement, si c’est ou non une utopie inaccessible, mais le fait est que tous les théoriciens de la pensée politique depuis le XVIIIe siècle ne parlent que cela, jusqu’à aujourd’hui où les débats continuent de faire rage. Non, ce qui compte pour le chrétien - et je vous demande non pas de partager sa foi mais d’adopter son point de vue - c’est qu’aucune réforme politique ne sera de nature à rendre l’homme vraiment meilleur, à le guérir de ce que Pascal appelle son “injustice”, c’est-à-dire de son égoïsme et qui consiste pour chacun à se considérer comme le “centre du monde”, à se faire centre du tout en lieu et place de Dieu, à instaurer l’ordre de la haine de l’autre contre l’ordre de l’amour. Parce que, pour Pascal, l’ordre de l’amour de soi est inévitablement, quoique secrètement, en même temps un ordre de la haine, de la haine de l’autre. C’est la raison profonde de son hostilité à l’égard de l’humanisme, qu’il soit païen ou chrétien.
- Soit ! mais c’est là une autre question. Bien sûr, vous avez raison. Qui pourrait le contester. Les exemples abondent depuis la reconnaissance de l’Eglise par l’Etat, c’est-à-dire depuis l’édit de Constantin. Mais ce n’est pas de ce dont je parle. On qualifie la position chrétienne de “résignée”. C’est à tort. On confond les ordres. Quand même il serait possible d’instituer une société humaine parfaitement “juste”, eh bien, cette justice humaine, sociale, politique, ne serait qu’une illusion, rien d’autre qu’un leurre. Je ne discute pas de savoir si dans la pratique une telle société pourra jamais exister effectivement, si c’est ou non une utopie inaccessible, mais le fait est que tous les théoriciens de la pensée politique depuis le XVIIIe siècle ne parlent que cela, jusqu’à aujourd’hui où les débats continuent de faire rage. Non, ce qui compte pour le chrétien - et je vous demande non pas de partager sa foi mais d’adopter son point de vue - c’est qu’aucune réforme politique ne sera de nature à rendre l’homme vraiment meilleur, à le guérir de ce que Pascal appelle son “injustice”, c’est-à-dire de son égoïsme et qui consiste pour chacun à se considérer comme le “centre du monde”, à se faire centre du tout en lieu et place de Dieu, à instaurer l’ordre de la haine de l’autre contre l’ordre de l’amour. Parce que, pour Pascal, l’ordre de l’amour de soi est inévitablement, quoique secrètement, en même temps un ordre de la haine, de la haine de l’autre. C’est la raison profonde de son hostilité à l’égard de l’humanisme, qu’il soit païen ou chrétien.
[A suivre]
15 commentaires:
Bonjour Monsieur,
Ce passage d'entretien est assez intéressant... Cependant, étant catholique et m'intéressant quelque peu à la théologie, il me semble que la vision de M. Sarentchof est peut-être un peu partielle. Je crois que le christianisme dit bien quelque chose sur les structures du mal (cf. la définition par JP2 des "structures de péché", approfondies récemment par Matthias Nebel); depuis la condamnation de Sodome et Gomorrhe jusqu'à la théologie de la libération, je ne suis pas tout à fait certain que l'on puisse réduire la position chrétienne à celle de Pascal - approfondie ensuite par Dostoïevski... qu'en pensez-vous ?
Bien cordialement,
Le chrétien authentique tiendrait du stylite, dites vous, cher Romain. Je suis assez d'accord avec vous. L'institution ecclésiastique est inévitablement une forme de perversion (c'est au fond ce qu'avoue le Grand Inquisiteur). Il y a pourtant quelque chose de touchant et de sincère, je crois, dans les efforts du pape actuel pour retrouver la simplicité du message évangélique. On le dit menacé de mort par la mafia qui a des liens troubles avec le Vatican, c'est assez révélateur, n'est-ce pas ?
Pour répondre à la première question qui m'a été posée, je pense que Pascal exprime la vérité profonde du christianisme, lequel n'est pas un humanisme mais un christocentrisme. Le but de la vie chrétienne est la déification ou la sainteté, si vous voulez, la transformation de soi plutôt que la réforme du monde. Cf les paroles du Christ : "Le royaume de Dieu est à l'intérieur de vous", de là la distinction pascalienne des ordres (la chair, l'esprit et la charité).
Bonjour M. Terestchenko,
Je suis l'auteur du premier message! J'ai failli m'inscrire en M1 SEPAD cette année mais pour plusieurs raisons j'ai finalement décidé de ne pas le faire. J'ai donc pris connaissance de votre blog avec plaisir !
Pour revenir sur votre remarque, je pense que vous soulevez en effet un point essentiel. Cependant, le Christ ne dit pas seulement que le royaume est "à l'intérieur", il dit aussi, et c'est très important, qu'il est "parmi vous". Certains penseurs ont ravivé cette question de la communauté au XXe, je pense à Emmanuel Mounier. C'est intéressant justement car un des axes fondamentaux était de rappeler ce "parmi", qu'il est parfois fort inconfortable de prendre en compte! Il est bien entendu illusoire que l'on puisse changer le monde sans se changer d'abord (ou plutôt "en même temps") soi-même.
Mais je pense que c'est une dimension vraiment essentielle du message chrétien..
Peut-être suis-je en train de vous raconter tout cela car je suis dans l'illusion de mes 24 ans...
Merci pour votre première réaction en tout cas!
Bien cordialement,
Bonjour à tous,
Juste une précision sur le christianisme. Il faut bien distinguer l'institution (comme cela a été fait) de la "constitution" (les Écritures en l'occurrence). Ceux qui n'auraient pas les lu les évangiles ne pourraient pas parler du christianisme sérieusement.
D'autre part, toutes les religions pèchent en ce qu'elles recherchent toujours la cause du mal ailleurs qu'en l'homme. (J'avais déjà posté un message sur ce point, à propos de votre conférence : si le mal vient des démons, alors d'où vient le mal chez les démons, etc. ?). Mal et Bien sont des mots, mais je doute fortement qu'ils désignent la moindre réalité. Si par mal on entend la souffrance, alors le sens moral de la question disparaît et devient : d'où vient la souffrance dans le monde ? Et alors je réponds : de la vie elle-même. Finalement, pourquoi ne pas voir le mal comme une partie essentielle de l'existence ? Pourquoi ne pas lire sa vie comme une histoire ? Pourquoi vouloir à tout prix un Dieu-"bon"? Pourquoi pas un Dieu indifférent, un Dieu joueur, un Dieu comme la substance de Spinoza ? Je trouve pour ma part assez étrange que de vouloir échapper au mal... il y a là un manque de raffinement (lire absolument Le gai savoir, §338). En ce sens le christianisme tranche par son réalisme : la souffrance doit être a c c u e i l l i e - voilà l'esprit dont manque nos contemporains qui veulent tout tout de suite.
Certes, et c'est ce que veut dire Romain je pense, les hommes de foi pratiquent généralement une vertu qui n'en pas une : en ce sens où ils agissent de telle ou telle manière "parce que Dieu le veut" (sic !!!) ou parce qu'ils espèrent une récompense, ne comprenant pas que la récompense de la vertu, c'est la vertu elle-même.
Enfin, je suis assez étonné que l'on réfléchisse autant sur le mal sans jamais poser la question du bien. On y verrait aussitôt l'insuffisance : parler de bien, c'est parler de ce qui devrait être, et si les choses ne sont pas telles qu'elles devraient être, alors, c'est que la nature s'en moque totalement. Dieu lui-même n'aurait que faire du bien...
Conclusion : les réformes religieuses sont bien hypocrites : je préfère de loin un bon juif enfermé dans sa yechiva ou un prêtre qui vous condamne à l'enfer parce que vous forniquez qu'un personnage qui essaye de mixer tous les contraires pour survivre au temps et s'allier tous les partis. Lui est déjà devenu un politicien.
Bonsoir Monsieur Terestchenko,
Notre compréhension du mal ne résulterait-elle pas plutôt, non pas de notre égoïsme naturel mais de notre égocentrisme. Je pense que ce dernier terme semble plus approprié. En effet, en témoignent ces conversations que vous portez à notre connaissance, tout vient de notre compréhension héritée de notre culture chrétienne qu'on le veuille ou non. Quid du mal dans la culture bouddhiste par exemple ? L'ouverture aux autres cultures et sociétés permettrait certainement de rompre le cercle vicieux dans lequel nous nous sommes enfermés...
Il est comme un confort à estimer que le mal nous serait donné en héritage sans qu'on ne puisse y remédier ... Confort ? Pour qui verrait dans ce fatalisme le bonheur de ne pas avoir à lutter contre ses vils penchants, oui. Pour ma part, l'inconfort demeure. Je veux être optimiste et penser que le mal ne nous est donné en héritage que par l'histoire de notre civilisation.Dès lors, l'ouverture vers d'autres cultures, la volonté de croire en le progrès de l'Humanité permettraient de croire à nouveau en l'Homme. Certes, la société actuelle et notre temps ne nous engagent pas vers cette note optimiste mais, sachons entendre ces voix qui, de la masse d'élèvent et, en leur tendant l'oreille, donnons leur corps et poids. Le fatalisme sert les "partisans du mal". Le mal, à mon sens, a été, est toujours et risque de demeurer encore l'atout idéal des puissants désireux de museler le peuple ; notre conception du mal n'est autre qu'un concept politico-religieux.
Je ne nie pas l'existence du mal et la possibilité de parvenir à le définir, je regrette seulement que nous cherchions à donner la définition d'un concept que l'on voudrait universel sans même prendre la peine d'écouter ce qu'en disent d'autres ailleurs ...
Bonjour Romain, vous visez juste en faisant un parallèle entre mon propos et celui de Schopenhauer. Par contre, je crois que vous faites une mauvaise interprétation de ce passage du Monde : toute l'entreprise de l'auteur est de montrer que le vouloir vivre est absurde. La souffrance, chez Nietzsche, est bien un moyen de se dépasser. Chez Schopenheur, elle est le substratum de l'existence. La joie est privative, la souffrance est positive. Pour Schopenheur, la vie oscille entre la souffrance et l'ennui. Cela dit, il est vrai que l'on ne peut vivre (et jouir) sans souffrir, mais il ne dit jamais que la souffrance doit être perçue comme un stimulant. On ne tient à la vie que par un désir aveugle de vivre (le même que celui qui anime la plante). Le suicide serait une option très intelligente, mais Schopenhauer montre que la mort n'est qu'une illusion : l'individu disparaît en tant qu'individu, mais son essence - la conscience - ne meurt jamais. La souffrance est éternelle. En un sens, nous avons toujours vécu, nous vivons et nous vivrons toujours dans un Enfer climatisé. (Lire chapitre XLVI des suppléments).
Ce que je voulais dire, c'est que l'on comprend très mal la fonction simplement anthropologique de la religion. Dès que l'on parle du bien ou du mal, on se sent obligé de transposer dans je ne sais quels arrières-mondes les origines de ceux-ci, faire des courbettes devant un dieu inconnu et maudire les "impis", c'est-à-dire ceux qui n'éprouveraient pas la même folie que nous autres. Si Dieu existe, il doit avoir un sens de l'humour beaucoup plus prononcé que nous ne pouvons l'imaginer. Moi, j'ai abandonné le bien et le mal pour le beau, le gracieux et l'horrible. Dieu n'est pas un bienfaiteur - c'est un poète. La vie n'a pas à être heureuse (quel drôle de préjugé), elle doit être belle (et ce que l'on appelle le 'mal' s'appelle tragédie dans la langue des anges, et il n'y a rien de plus beau (au sens poétique) qu'une tragédie). C'est pourquoi je n'apprécie guère les gens allergiques à la souffrance : ils passent à côté d'une véritable oeuvre d'art. Voilà le Dieu que l'humanité a perdu de vue : le Dieu-créateur, le Dieu-artiste. Et l'art et le "bien" ne font pas bon ménage...
ps : Du coup, on est amené à adopter une morale par provision, et ce recul sur soi-même, cette capacité à ne pas se prendre au sérieux qui différencie le philosophe du prêtre... (lire la dissertation "L'ironie du sage" de B. Baas)
Oui, Nietzsche développe la première partie (l'affirmation de la volonté) tandis que Schopenhauer développe la seconde partie en introduisant la compassion, ce qui est un autre sujet (c'est d'ailleurs pourquoi Nietzsche a longtemps été un disciple de Schopen. ; leurs philosophies se ressemblent presque quant à leurs principes, mais elles diffèrent dans leurs conclusions.)
Pour la souffrance de l'enfant, je rajouterais aussi celle de l'animal, précisément parce que tous deux n'ont pas les moyens de se représenter ce qui leur arrive et ne peuvent donc accueillir la souffrance (c'est pourquoi j'ai parlé de recul...). Toutefois, la souffrance forme mieux les enfants que le bonheur (je parle par expérience) car elle les rend plus profonds, plus intelligents, moins superficiels et 'bisounours' quand ils seront des adultes. Ne parle-t-on pas, du reste, d'imbéciles heureux et non d'imbéciles malheureux ? Et ne compare-t-on pas les idiots du village à des enfants ? Il y aurait là encore des préjugés à creuser (je veux parler de nos rapports avec les enfants, et aussi les femmes, deux espèces bien à part dans leur rapport à la souffrance).
Pour Schopenhauer à nouveau, je crois que vous faites référence au fameux passage "la vie de chacun de nous, à l'embrasser dans son ensemble," etc. (j'ai perdu la référence et n'ai pas le livre sous la main, l'auriez-vous ? ). Mais la comédie n'a jamais été exclue de mon propos, j'ai seulement mis l'accent sur la tragédie parce que nous parlions du mal. Il y a aussi l'amour, la joie, la tendresse d'une femme que l'on aime, la nostalgie après une rupture, etc. Toutes ces expériences nous enrichissent à leur manière. Ceux qui se plaignent de la souffrance, à mon avis, sont des gens qui ne savent pas récupérer leurs expériences pour les considérer en elles-mêmes et en apprécier toutes la beauté (au sens artistique, je précise encore). J'aime quand je suis nostalgique car je me vois nostalgique et que cela me permet de créer par l'écriture, la peinture ou la musique. Si l'on me retirait ce sentiment (je paraphrase Baudelaire dans un courrier à sa mère) alors je n'aurais plus envie de vivre. Que serait une vie passer à sourire, à manger, bref, à être des imbéciles heureux ? (Comme vous le constatez, je ne suis pas du genre à tenir des discours éthérés)
Mon propos, au final, s'appuie sur un principe déjà entraperçu par St Paul : Dieu ne permet pas que l'on soit éprouvé au-delà de ce que l'on peut supporter. Traduction : toute souffrance a ses limites (la mort en est généralement l'issu). Finalement, la mort elle-même apparaît comme bonne et généreuse : elle récompense le guerrier-poète qui a accompli sa vie en acceptant, sans espérance de vie éternelle, de jouer dans une tragi-comédie excitante, pour le pire ou le meilleur, et qui rend son âme avec un sentiment de beauté... et non de "bien" ou de "mal".
Enfin voilà... MErci pour cet échange Romain !
Océan écrit
Bonjour Monsieur,
un passage attire mon attention...
c'est curieux cette dualité que l'on rencontre souvent entre dieu/satan dieu/diable dieu/lucifer
de quel dieu-Dieu parle-t-on?
En effet si l'on prend le Dieu chrétien ou même l'archétype de Dieu tel que représenté dans la trame collective inconsciente alors Dieu est dans sa nature Pur Parfait Idéal et Absolu...
-omni-puissant, omni-potent, omni-scient,
- "pur, parfait, direct, et sans mélange"
-ou encore pure intelligence, pur esprit, pur amour
et ce qu'il soit vivant en chacun de nous, au ciel ou sur la terre.
Comment penser alors que Dieu puisse avoir un ou des contraires à combattre comme des démons des légions maléfiques and so on?
Ce Dieu là est appelé
-le sans-nom ou le sans-forme (il n'a bien sûr pas de barbe!) dans la Thora,
-Pure Intelligence, Intelligence Suprême, le verbe dans la gnose ou
-pur esprit, l'Un dans le taoisme
-la déité par d'autres
-le Père par Jesus.
Ce concept du Père peut prêter à confusion dans l'esprit humain parce que beaucoup ont fini par créer un dieu barbu
-père bienveillant ou fouettard
-personnage idéal ou terrifiant
-qui récompense ou punit
-juge et autoritaire
-générateur ou destructeur
Vu de la terre et non pas du ciel l'être humain a et s'est crée un dieu en "d"minuscule
ou des multi-dieux, objet et sujet de cultes de toutes les croyances humaines chacun en faisant une entité, une énergie ou une présence selon sa géométrie intérieure personnelle et variable.
Il en découle pour beaucoup un dieu dédoublé, duel, binaire, manichéen et sans doute alors satan ou le diable sont-ils issus de la côte gauche de dieu !??! pour les besoins du casting et pour perpétrer sans fin
-des guerres de clans, des luttes de classes
-des jeux d'idéalisation-mépris,de symbiose et séparation, d'autorité-soumission, d'agitation- paresse
-des projections de bourreau-victime, de bouc émissaire, de théorie du complot...
je concluerai juste avec le mot G.O.D (Générateur Ordonné Destructeur)
-vu du ciel une météorite ou une planète qui explose pour devenir une étoile fait partie de l'ordre des choses
-vu de la terre c'est une fatalité qui s'abat, un grand malheur, une ruine, un destin adverse, une mauvaise augure, mala fortunae etc
l'être humain n'a-t-il pas besoin
-d'inventer un/des dieux et un/des diables pour continuer à dormir et à rêver collé au Rêve collectif et le prenant pour la réalité,
-à s'inventer des combats et des quêtes pour le meilleur et pour le pire jusqu'à même institutionnaliser le rêve et légiférer au nom de la vérité, de l'humanisme...
- à vouloir se dédouaner sans relâche d'une profonde culpabilité qui colle à l'âme et à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock tant nous portons les stigmates de ce fameux péché originel de la genèse
Quand au mythe d'Adam et Eve on est sans doute en présence du meilleur blockbuster que même hollywood n'aurait pas pu imaginer.
Un film 1er moral infernal qui nous sert de base ou de causalité première comme fondation à ce grand syllogisme planétaire.De quoi avoir peur de l'eden ou du bonheur paradisiaque
histoire de reste en quête de conquêtes permanentes
C'est peut être çà l'esprit quand il explore la matière...insatiable et sans fin.
bien cordialement,
Ocean
(M1 sepad)
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