On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

samedi 31 octobre 2009

Le mariage homosexuel

Débat sur le mariage homosexuel, organisé par l'Ecole de droit de l'Université de Chicago. Les arguments pour et contre dans le cadre d'une démocratie libérale et pluraliste sont présentés par les professeurs Mary-Ann Case, Martha Nussbaum, David Strauss et James Madigan, représentant la communauté gay.
Un des arguments généralement présentés attache le mariage à la procréation. Mais il n'existe nulle règle juridique qui attache l'un à l'autre. Au reste, l'argument de l'infertilité ne tient plus, du fait des possibilités désormais offertes par les techniques de procréation médicalement assistée. L'autre argument, souvent entendu, est que le bien des enfants recommande qu'ils soient élevés par un homme et une femme, mais il n'a rien de convaincant, les preuves empiriques faisant défaut. Quant à l'affirmation que le mariage homosexuel transgresse une loi naturelle, il ne tient pas non plus, puisque le mariage est d'abord une institution sociale et "culturelle" qui n'a rien d'une donnée inscrite dans l'ordre des choses. Reste le poids des coutumes, de la tradition, des préjugés, de représentations qui pourtant ne sont pas à mépriser puisqu'ils forgent aussi les être sociaux que nous sommes. Mais d'argument de fond qui soit rationnellement irréfutable, à moins d'adhérer à une croyance religieuse, il n'en existerait pas.
Peut-être aucun sujet n'exprime-t-il davantage la pluralité des conceptions du bien que les sociétés libérales doivent respecter, quoiqu'il ne soit guère aisé de trouver, en cette affaire, un consensus raisonnable sur lequel les individus puissent se mettre d'accord. Resterait à s'en remettre à l'évolution des mentalités qui sauront bien un jour accepter ce qui aujourd'hui répugne encore au plus grand nombre...
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  • 1 commentaire:

    Unknown a dit…

    Bonjour,

    Ce sujet est dorénavant en France, d'actualité.
    S'il n'était qu'une discussion proposée, il y a quelques années, concernant les Etats Unis, il est aujourd'hui au coeur de conflits en France.
    Je pense que cet article mérite donc d'être actualisé.
    Il me semble qu'il y a deux positions contradictoires. Ce qui signifie que l'issue sera obligatoirement dramatique pour un parti ou un autre.
    Il est déconcertant de voir à quel point il y a cet engouement envers ce projet de loi.
    Cela en dit long sur la manière dont nous fonctionnons.
    Pourquoi être contre?
    Parce qu'un enfant doit avoir un père et une mère.
    Combien sont ceux qui n'ont pas l'un ou l'autre?
    Combien sont ceux qui n'ont ni l'un, ni l'autre?
    Combien sont ceux qui ont les deux et qui souffrent?
    Mais qu'est-ce que cela signifie?
    A l'école, ils peuvent être victime de moqueries.
    C'est évidant, si les parents les éduquent ainsi!
    "Tu as vu, c'est dégueulasse, il a deux pères!"
    Non mais, franchement où allons-nous?
    On doit être contre parce que cela va à l'encontre des lois naturelles.
    Comment?
    N'est-il pas possible de procréer avec une assistance médicale?
    Nous devons être contre car si nous bouleversons les cadres de la morale, alors nous pourrions être amenés à accepter le mariage avec des animaux, l'inceste, etc.
    Comment?
    Quelle est cette logique qui consiste à glisser vers ce dont il n'est pas question?
    Je ne comprends absolument pas le rapport entre l'inceste, les animaux et le mariage et/ou l'adoption par des personnes de même sexe.
    Que faisons-nous de la règle première, celle oubliée, à mon sens, par tous les croyants, qui brandissent leur rage contre ce projet, celle de la tolérance?
    Oh mais quel sujet vendeur pour les médias!
    Oh à quel point nous sommes friands de ces débats qui nous permettent de juger un tiers, de le dénoncer! c'est bien plus facile que de chercher à se juger soi-même!
    "Il faut faire attention à notre image, oui, on ne peut pas accepter de voir deux mères ou deux pères à la sortie de l'école! As-tu compris fiston? Tu ne dois pas accepter cela!"

    Mais que faisons-nous de nos enfants?