On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal
samedi 5 juin 2010
Nuit blanche
Nuit de la philosophie, nuit blanche. Les nombreuses manifestations (conférences, lectures, débats, etc.) se sont achevées à cinq heure du matin, le délicieux petit jardin de l'Ecole encore plein de monde. Au pic de la soirée, plus de mille huit cent personnes étaient présentes dans les lieux. Salles de cours bondées jusque dans les couloirs pendant les interventions qui se succédaient sans discontinuer. Et cette interrogation entre nous qui est restée sans réponse : si la philosophie rencontre un tel succès, ici et ailleurs, comment expliquer que nous fassions cours parfois devant deux ou trois étudiants à peine ? Il doit vraiment y avoir dans l'université quelque chose qui ne marche pas - la situation de ce grand corps malade est aujourd'hui proprement accablante - pour que soient dissuadés d'y poursuivre leurs études ceux que la matière attire souvent avec une réelle passion.
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6 commentaires:
Ce n'est peut-être pas bon signe pour l'université (mais L'université existe-t-elle encore, la loi sur l'autonomie ayant explicitement fait mettre clé sous le paillasson à l'institution, la remplaçant par une mosaïque de petites entreprises universitaires)mais c'est très bon signe pour la philosophie et il faut s'en réjouir.
Cher Thierry, tel est hélas le constat. L'université est bel et bien un grand corps à l'agonie qui ne sait quel il est ni quels sont ses fins, tout cela du fait de la RGPP et de la LRU auxquelles nous n'avons pas su résister. Les années à venir vont être affreuses, luttes intestines de tous côtés (entre départements, entre individus, chacun voulant sauver sa peau) que nous voyons déjà à l'oeuvre...
Bonjour,
C'est certain; c'est un lieu magnifique Normal Sup; surtout son petit jardin.
Pour l'Université, c'est un grand sujet d'inquiétude pour moi, et ce depuis longtemps (bien avant les réformes entreprises):
- lorsque les élèves sont très bons, ils ne choisissent pas l'Université mais des "prépas"
- l'Université n' a pas les moyens des grands écoles; cela va de soi
Que faire ?!
Bien amicalement
laurence harang
Chère Laurence,
Vous pourriez-vous procurer le n° 33 de la Revue du Mauss, "La crise de l'Université. Mort ou ressurection ?", avec une excellente introduction d'Alain Caillé.
http://www.journaldumauss.net/spip.php?article518
Bien amicalement,
Michel
à mon avis la philosophie a très mauvaise presse en ce qui concerne les débouchés professionnels. C'est pour cela qu'on ne fait pas 3 ou 5 ans d'études pour se retrouver au chômage. Vu le nombre de poste au capes, ce n'est pas très motivant...
Pourtant il existe des master pro et les besoins sont évidents dans les hôpitaux, école infirmière ou autres, relations sociales, développement durable, communication, etc.
Pistes d'explication du côté obscur de la Nuit: peut-être l'excitation du moment, l'occasion de renouveler un intérêt... Nous-mêmes, élèves ou étudiants, nous sommes parfois pris de découragement devant la lourdeur de certaines structures, le manque de possibilités concrètes, le rétrécissement des voies... Ce fut en tout cas un réel plaisir de vous écouter parler de Martha Nussbaum avec tant de sincérité et de clarté, à une heure où la salle Celan continuait d'attirer du monde! Un grand merci.
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