L'histoire se passe au mois de juillet dernier. Un de mes amis m'avait gentiment refilé le bébé, et pour lui rendre service - c'est pas possible comme on est parfois idiot ! - j'ai accepté de le remplacer (gratos) à une table ronde publique organisée par le MEDEF des Bouches-du-Rhône - maintenant, vous comprenez pourquoi ce ne pouvait être que du bénévolat - consacrée au thème "Le politiquement correct détruit-il le débat public ? ", enfin quelque chose d'approchant et sur quoi je n'avais rien de particulier à dire, enfin pas plus que n'importe qui. Mais c'est ainsi : vous avez une étiquette sur le front, philosophe par exemple, et l'on s'imagine que vous avez une opinion sur n'importe quel sujet. C'est vrai que pour beaucoup la philosophie, c'est parler pour ne rien dire, tout en faisant semblant de dire quelque chose de très intéressant (comme la politique, mais en moins lucratif). Enfin voilà votre beau parleur qui se trouve devant un auditoire d'une centaine au moins de patrons du coin, endimanchés comme de coutume, en compagnie de deux interlocuteurs (ah, mais j'étais chicos moi aussi, croyez pas !). Quelle erreur de casting, mes amis !
Je ne sais plus ce que j'ai raconté (en fait, j'ai répondu aux questions posées par le modérateur, lesquelles n'avaient rien à voir avec le thème de la réunion) qu'il y a quand même dans les entreprises un petit problème rapport aux relations de soumission et d'autorité - j'ai toujours dans ces cas-là mon petit Milgram sous le bras (ça peut servir, surtout en pleine affaire France-Télecom, avec ces employés qui se jetent par la fenêtre, rien que pour emmerder leurs patrons) ; que ce serait bien que les patrons se mettent à lire un peu plus de littérature, parce que dans la vie il n'y a pas que le profit, les ratios débit/crédit, les comptes d'exploitation et que les romans, ça vous développe l'imagination, alors quand il s'agit de se mettre à la place des autres, ce n'est pas inutile, n'est-ce pas ? - là, je vous garantis, j'ai senti un froid glacial traverser l'amphi. A la fin, applaudissements à peine polis. Ils étaient furieux, oh mais furieux comme de chez pas possible.
Aujourd'hui j'ai rencontré un des responsables de l'administration de Sc-Pô qui m'a confirmé, en rigolant, que les organisateurs ne décolèrent toujours pas. Il est chez vous, celui-là ? Oui, et nous en sommes fiers. Ca fait toujours plaisir d'être soutenu quand on vous fait un compliment. Franchement, je suis pas du genre à casser du patron, il faut dire que je n'en connais pas. J'ai plutôt du respect pour les hommes qui ont l'esprit d'entreprise. Mais là, oh mes amis... j'ai goûté à l'arrogance de l'inculture. Ca fait toujours du bien d'être dépucelé !
8 commentaires:
Peut-être la couleur de la cravate ?
Pierre T.
Oui, ce devait être cela, cher Pierre !
Je vous prie de m'excuser, mais je ne cesse de pouffer de rire. C'est tellement vrai. Imaginez je travaille dans uen boite ou il y a un directoire mais une centaine d'associés. Mais si vous les voyez entre eux, ils font pas autant de chichi, ils emploient même des injures, si si. et en plus il y a un syndicat dans la boite, ca fait désordre....mais tout cela m'amuse car avec l'humour ca dedratamise, ca les énerve quand on leur dit ce qui ne va pas, mais ca bosse. Il faut aussi leur mettre sous le bras martha Nussabaum 'not for profit", alors là ils vous font un arret cardiaque.
Ah, mais ça serait du pousse-au-crime, cher Cathy !
Certes mais avec pour meilleure arme le rire. Et commencer par rire de soi. Je suis sur qu'ils entretiennent leur déplaisir les uns les autres. Prenez les séparément et ils feront preuve d'humour. Mais un troupeau de patrons ou d'employés ensemble sur des sujets sensibles et c'est la catastrophe.
Je peux en témoigner !
Peut-être avez-vous "semé dans le désert".
Hugo F
Merci, cher Hugo, c'est gentil, mais j'en doute.
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