Lorsque le philosophe Paul Audi ajoute un nouvel opus à son oeuvre déjà considérable, il faut toujours se précipiter. Son
Rousseau, une philosophie de l'âme (Verdier/poche, 2008) était une admirable interprétation de l'oeuvre, voici qu'il nous revient avec
L'empire de la compassion, chez Encre Marine dans une superbe typographie que j'ai lu aussitôt reçu - c'est un ami de coeur - avec avidité. C'est passionnant, d'une profondeur jamais démentie, et s'ouvrant sur une distinction entre l'amour et la compassion si nettement établie que j'en ai ressenti, en dévorant ces premières pages, de véritables frissons. Car, enfin, tout ce que je notais, il y a quelques jours, de
L'Idiot, sa bonté et son incapacité à aimer vraiment, se retrouve ici, avec des consonances saisissantes, quoique nous ne nous soyons nullement concertés et que l'idée se trouve plus développée. L'ensemble de l'ouvrage est une longue, fine et subtile étude de la compassion, dans ses variations multiples, depuis Aristote jusqu'à Nietzsche, en passant par les Stoïciens et Rousseau bien sûr, mais qui est loin d'être historique seulement.
Si la science de l'auteur est impéccable, elle ne nous accable pas et son style, qui est beau et ferme, a la force et l'autorité des authentiques penseurs.
Je reviendrai sur ce livre essentiel dans une prochaine chronique plus approfondie. Pour l'heure, il s'agit seulement de signaler l'événement.
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5 commentaires:
Cher Michel,
Merci d'en parler et de votre prochain article que vous annoncez sur ce livre de Paul Audi.
Je n'ai pas encore eu le loisir de le lire mais je m'en réjouis d'avance...
Vous avez tout à fait raison de souligner le penseur authentique qu'est Paul Audi au style limpide. Je ne peux que le recommander aussi personnellement et notamment son dernier livre sur Rousseau, une philosophie de l'âme.
Au plaisir de continuer à vous lire,
Manuel
Et bien merci! Je me précipite!
Pierre Audi, Jacques Dewitte ; que de belles heures de lecture en perspective.
Je vous en remercie
Cathe
Non pas Pierre Audi comme je l'avais écrit ; mais bien Paul Audi.
Pardon pardon,
nous connaissons tous l'importance d'un prénom, puisqu'il fait toute la différence....
Cathe
J'ai enfin pu commencer ce livre de Paul Audi.
Et je dois en dire toute mon admiration dès la première partie que je juge brillantissime.Digne héritier de Michel Henry. De trés belles pages de philosophie. J'en cite une perle centrale selon moi et trés juste : "...La compassion n'est pa signe d'amour, de l'amour de l'autre, en tant qu'il est tout autre; non : la compassion, c'est bien plutôt un signe de vie et de la vie, un signe qui résulte de l'attachement du vivant à la vie."
C'est bien tout le sens étymologique de la compassion, pathos-avec.
J'en profite pour rappeler une belle et juste réflexion de Kundera sur la compassion (dans l'insoutenable légèreté de l'être? il faut que je vérifie...).
Enfin vers la fin de cette même première partie (p.28), Il est clair que nous rejoignons, mon cher Michel, vos plus belles réflexions sur la problématique de l'égoïsme, la vulnérabilité... Les grands esprits se rencontrent, dit-on.
Merci encore pour toutes ces belles et profondes réflexions!
Manuel
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