On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

samedi 21 janvier 2012

Christian Ferras, Le violon d'Icare (II)

Avant que son existence ne sombre dans l'abîme, le grand violoniste français, Christian Ferras (1933-1982), donna une interprétation, aujourd'hui légendaire, du concerto pour violon de Jean Sibelius (op.47), qu'on ne peut écouter sans être saisi aux cheveux par la puissante virtuosité, la sonorité "veloutée et chaleureuse", selon l'expression de son ami et partenaire, le pianiste Pierre Barbizet, et l'intensité unique de son jeu.
Le titre de ce billet renvoie à l'ouvrage de référence que Thierry de Choudens a consacré à cet immense artiste, foudroyé en plein vol (Editions Papillon, 2004).
Etrange qu'entre ces deux hommes, le compositeur et l'un de ses plus brillants interprètes, se reconnaissent les traits communs d'une triste destinée. Lorsqu'apparut le dodécaphonisme et la musique sérielle, Sibelius (1865-1957) sombra dans la dépression et cessa presque de composer durant les trente dernières années de sa vie. Ce n'est que tardivement qu'on reconnut en lui un des plus grands symphonistes du début du XXe siècle, quoique la musicologie récente refuse encore de comparer l'importance de son oeuvre à celle de son contemporain, Gustav Malher. Sans doute est-ce avec justice, mais le concerto pour violon, qui fut dirigé, pour la première fois, à Berlin en 1905 sous sa forme définitive par Richard Strauss, constitue incontestablement un chef-d'oeuvre du genre et l'un des plus beaux de l'époque, aux côtés du concerto "A la mémoire d'un ange" d'Alban Berg.
Dans cet extrait, le 1er mouvement, l'orchestre est dirigé par le grand chef Zubin Mehta.

2 commentaires:

Emmanuel Gaudiot a dit…

La musique est une idée sans forme qui traverse notre âme: si on l'aime, notre esprit place sur sa trajectoire des obstacles pour qu'elle les percute, on éprouve alors du plaisir; si on ne l'aime pas, notre esprit tente de faire le vide pour que le son traverse sans s'attarder. Ce morceau de jean Sibélius est un plaisir, merci Michel. Puis-je, à mon tour, vous soumettre, comme à nos amis, de vous intéresser au très bel objet réalisé par Jordi Savall et feue Monserrat Figuerras, intitulé Mare Nostrum, qui est un enregistrement de morceaux de musiques méditerranéennes empreintés aux cultures chrétienne, musulmane et juive, le tout présenté dans un livre avec des textes de différents auteurs, notamment Amin Malouf et Tahar Ben Jelloun: là aussi, la musique est magnifique!

michel terestchenko a dit…

Merci, cher Emmanuel, pour cette référence.