Eh bien, je l'avoue tout de go, la notoriété et les loups n'y sont pour rien : Hélène Grimaud, je l'aime et l'admire tout simplement, comme artiste (en particulier son interprétation du 1er concerto pour piano de Brahms sous la direction de Kurt Sanderling), comme écrivain aussi (ses Leçons particulières, Pocket, 2007, sont une superbe pause méditative). Elle est belle, intelligente, si attachante en tous points. C'est toujours un bonheur de la voir et de l'entendre parler, comme dans cette série de courts entretiens mis en ligne sur Rue 89. Mais non, malgré ce qu'on a pu dire ou écrire, elle n'a rien d'une insupportable "poseuse".
Il est vrai, comme le disait Hegel, qu'"il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre", mais ça, n'est-ce pas ? c'est du ressentiment. A moins d'être Tolstoï, se livrant dans Guerre et paix à montrer tout le ridicule de Napoléon, mieux vaut se garder de ce genre d'exercice qui n'abaisse et ne dégrade que celui qui s'y livre. A ces facilités, généralement mesquines, je préfère personnellement les exercices d'admiration.
Mon seul regret : n'avoir pas reçu de réponse à l'envoi du Si fragile vernis d'humanité que je lui ai fait parvenir par son agent. Nous avons pourtant en commun - je l'ai entendue un jour se prononcer sur ce sujet - de savoir que la couleur qui sied le mieux aux hommes n'est ni le blanc ni noir, mais le gris.
2 commentaires:
Outre la grande interprète, il faut souligner chez Hélène Grimaud la parfaite maîtrise des mots. On pourrait penser qu'un musicien professionnel de sa classe soit plus à l'aise avec l'expression musicale; trouver la note juste. Et cela aux dépens d'un autre type d'expression. Mais lorsqu'on l'entend parler, elle a toujours une formulation extrêmement riche, extrêmement juste; la miraculeuse coïncidence de la pensée et de son expression.
La scandaleuse fable de l'Hellène.
En des temps anciens, sur la terre d'Arcadie, l'Hellène était réputé par monts et par vaux pour ses qualités d'orateur: non content d'avoir d'un jugement sûr sur les choses du monde il était en outre doté d'une voix si admirable que le peuple ne se lassait pas de l'entendre sans même oser l'interrompre par des tousseries incongrues ... mais bientôt notre Hellène voyant sa renommée sans cesse croissante ne douta plus que s'il était entendu par les dieux eux mêmes il serait célébré par delà le monde de toute éternité. Pour se faire entendre, il fit donc emploi de divers subterfuges pour se faire remarquer, usant tour à tour du discours, du chant, de la flatterie comme autant de cordes à son arc; mais voyant que Zeus feignait d'être sourd sur son Olympe, il décida en désespoir de cause d'aller au « mont Lykaia » afin d'adresser à Zeus une apostrophe vocative; « Lycos, Lycos » hurla-t-il alors de toute sa puissance vocale au bas de la colline ... entrechoquant tant et si bien ses cordes vocales que Zeus finit bien par s'apercevoir de la présence de l'Hellène; mais Zeus ne l'entendit pas de cette oreille et furieux d'être dérangé pour si peu décida de punir le jeune homme en le privant totalement de sa voix. C'est ainsi que le virtuose devint grimaud, et fut pour le restant de ses jours, moqué par les dieux!
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