On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

lundi 21 février 2011

L'Emile parfait

Je n'y avais jamais songé, mais j'ai enfin compris : le prince Mychkine, l'idiot, n'est pas seulement la figure par excellence de l'anti homo oeconomicus, il est l'incarnation même de cet être que Rousseau avait revé de former et d'éduquer, ce paradoxe à peine concevable qu'est "l'homme social naturel", interprêté à la lumière des Evangiles. Mychkine est l'Emile parfait : Emile plus le Christ. Je suis en train de le démontrer, avec toutes les racines et les conséquences de cette vérité capitale du personnage. Tout se tient : l'idiotie, la bonté, l'épilepsie et l'expérience éblouissante de la plénitude de la vie.
Mais n'êtes-vous pas déjà fatigué que je vous en parle, et, bien que j'y consacre mes jours et mes nuits, voulez-vous, dites-moi, que je vous en dise davantage ? Mais, croyez-moi, l'enquête devient de plus en plus passionnante parce que chercher, et penser un peu par soi, c'est découvrir ce qu'on ne s'attendait absolument pas à trouver. Je serais heureux de partager avec vous ces découvertes au fur et à mesure qu'elles se font. Laissez-moi, je vous en prie, un message. Histoire de savoir si ce travail en laboratoire, ce work in progress, vous intéresse ou non, si vous voulez ou non être du voyage...

11 commentaires:

Mithradate a dit…

Pour ma part, ça m'intéresse beaucoup. Aussi (surtout ?) pour savoir ce que l'Émile de Rousseau a d'« imparfait ».

Merci de votre générosité.

Olivier

Hugo F a dit…

Votre recherche est évidemment très intéressante, passionnante même. Si je ne laisse pas de commentaire, c'est que je n'ai malheureusement pas d'élément intéressant à vous apporter. C'est par contre avec un plaisir immense que je viens de lire grâce à vous L'angoisse du roi Salomon, David Copperfield et Temps difficiles. Votre article sur le prince Mychkine qui incarne la figure du Christ m'a poussé aujourd'hui à lire à nouveau Siddhartha de Hermann Hesse. Un précédent commentaire de "la petite cédille" vous encourage à continuer et vous exprime l'impatience des lecteurs de votre blog : je partage complétement cet avis.
Merci de nous faire profiter ainsi de vos recherches.
Hugo F

Unknown a dit…

Oui Michel, on ne le dira jamais assez : "chercher, et penser (...) par soi, c'est découvrir ce qu'on ne s'attendait absolument pas à trouver !
Merci pour tes mots... et tes analyses. J'y répondrai quand j'en aurai fini de penser un peu par moi-même. Car pour penser par soi-même, il faut aussi les autres!
Des californies d'amitiés joyeuses!
Christine

Gabrielle a dit…

Etrangère à toute cette littérature et ces réflexions, elles n'en sont pas moins passionnantes à lire ; continuez s'il vous plait.

Michel Terestchenko a dit…

Merci, chers amis, de vos encouragements. Suis heureux de voir, cher Hugo, que ces conseils de lecture ont pu vous faire découvrir ces oeuvres magnifiques. Et précisément, chère Christine, c'est parce que penser par soi, c'est penser avec les autres, que j'entretiens ce blog et partage mes petites recherches.

Manuel a dit…

C'est avec plaisir que je vous lis et vous lirai notamment sur Dostoïevski.

Pouvoir assister à une pensée qui se forme au fur et à mesure de vos réflexions et des démonstrations à venir sur "l'Emile parfait" ne peut que me réjouir...

Manuel

Michel Terestchenko a dit…

Cher Olivier,

J'ai beaucoup réfléchi à votre remarque d'hier en forme de question. Voici donc comment je vois les choses, et j'ai corrigé le petit billet dans ce sens. L'Emile parfait, c'est Emile plus le Christ, l'homme social naturel compris à la lumière des Evangile. Il faudra voir si cette interprétation tient la route...

Loïc H. a dit…

Je trouve vos billets intéressants bien que je ne puisse pas tout saisir, n'ayant pas lu tous les livres auxquels vous faites référence. Toutefois, j'ai fini L'Angoisse du Roi Salomon - que j'ai trouvé génial - et je compte m'atteler à lire toutes les œuvres que vous avez donné en référence dans votre cours sur ce thème. J'ai donc décidé de me procurer L'Idiot puisque c'est celui sur lequel vous comptez centrer votre recherche.

Michel Terestchenko a dit…

Formidable, cher Loïc, rien ne pourrait davantage justifier ce blog que de vous inciter à lire les oeuvres dont il est question...

Cathy D a dit…

Je n'ai lu ni l'idiot, ni l'Emile. Si je connaissais un peu le synopsis de l'Emile, rien sur L'idiot. Je fais donc une découverte et je lirai certainement les deux. Mais pour l'instant, le travail de l'écriture se porte sur les études.
Toutefois, les textes sont pour moi comme des images qui me touchent. Et pour le coup la peinture de Hains Holbein, le Christ mort est absolument effroyable. Les couleurs, l’expression du visage. Dieu n’est plus en tous les cas il n’est plus dans ce corps. De plusles deux personnages sont à l’opposé l’un de l’autre, un peu comme le cheval blanc et le cheval noir que l’on retrouve dans la mythologie grecqe. Le Christ étant aussi représenté par le cheval blanc. Mais j’ignore qui peut –être ce cheval puisque je ne connais pas les personnages.
Nastassia, je la verrai à l’image de Marie. Et je vais plus loin, je cherche l’origine de ce prénom. Ne pratiquant pas la langue russe je ne sais si l’étymologie est correcte, mais elle m’interpelle : d’un nom grec latinisé, Anastasius, « né une nouvelle fois ».Est-ce là le le signe ambigu de savoir de quelle Marie on parle : la mère du Christ, ou Marie Madeleine la repentie, là encore dualité. Mais alors quel apôtre se cacherait dans le troisième personnage ? Chercher, et chercher dans ses pensées, fouiller dans les recoins…
La promesse de l’aube m’a émue, le roi salomon attend et viens s’empiler l’idiot. Décidement, je n’aurai jamais assez de toute une vie. Mais continuez, votre site est aussi bon qu’un café pour stimuler l’esprit.

Michel Terestchenko a dit…

Chère Catherine,

Anastassia vient du grec, Anastasis, qui signifie résurrection. Mais, dans le roman, Nastassia est la femme souillée et perdue et qui va au-devant de sa perte avec un mélange de pureté moralement héroïque et d'orgueilleux goût masochiste pour sa propre perte. Tous ces personnages centraux du roman sont d'une grande complexité et il n'est guère aisé, sinon tout à fait impossible, d'en dire le dernier mot.
Moi aussi, j'ai des tonnes de lecture à faire et ne sais où trouver le temps d'en venir à bout. Courage, donc !