On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

lundi 29 septembre 2008

Non assistance à personne en danger

On voudrait croire que plus grand est le nombre de personnes qui assistent à un accident, plus certaine est l'assurance que l'une d'entre elles, au moins, interviendra pour secourir le blessé. Faux ! On sait, par de nombreuses expériences faites en psychologie sociale, que c'est exactement le contraire. Ce à quoi on assiste en pareils cas, c'est à une diffusion de la responsabilité qui fait que chacun reporte sur les autres la charge de la responsabilité. En voici un exemple saisissant qui illustre les analyses que j'ai présentées dans Un si fragile vernis d'humanité (chap. 7 : "Psychologie de la passivité humaine")et qui portent sur un autre cas tragique : le meurtre en 1964 de Kitty Genovese qui se déroula sous les yeux des habitants de son immeuble. Il fallut plus d'une demi-heure pour que l'un des 38 témoins appelle la police, laquelle, serait-elle arrivée plus tôt, aurait pu sauver la jeune fille. Ici, le chauffard ne s'arrête pas, les véhicules continuent de circuler normalement, les passants passent leur chemin comme si de rien n'était, le scooter contourne le vieil homme de 78 ans, Angel Toores, qui a été renversé. L'affaire se passe le 30 mai 2008 aux Etats-Unis, mais ça aurait pu être ici en France.



Petite leçon pratique à en tirer : si l'on est victime d'une agression, il ne faut pas s'adresser à l'ensemble des gens présents, mais à une personne en particulier. Il y aura davantage de chance qu'elle ne puisse se défausser sur les autres.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Les images sont effectivement surréalistes. Quoi qu'on en dise, je dois avouer que j'ai beaucoup de mal à imaginer une pareille situation en France; non pas que notre "sens civique" soit plus développé que celui des américains, mais je pense qu'un tel accident en France aurait au moins alarmé ceux qui y ont assisté "en direct", si l'on peut dire. Quant aux automobilistes ou aux autres personnes qui prennent ultérieurement conscience de la situation, on peut il est vrai expliquer une aussi lente réactivité par un défaussement de la responsablité vers autrui. Au mieux, l'automobiliste ou le motard prendront conscience du drame par leur volonté de poursuivre leur chemin (ce qui les pousseraient alors à s'interesser à cet "obstacle" qui leur barre la route...).
Enfin je trouve qu'on ne souligne pas assez le comportement du chauffard qui renverse le vieil homme: la non-assistance à personne en danger ne se situe-t-elle pas dejà à ce niveau là?!

Fiona Boulon a dit…

C'est... incroyable ! Les hommes sont-ils vraiment munis d'une bienveillance naturelle ?

Sur cette vidéo - contrairement à ce que vous disiez en cours - la proximité des hommes avec la victime ne change absoluement rien à l'intensité de leur compassion - s'il en est une.

Unknown a dit…

l'effet spectateur de Darley et Latané... dure réalité...

Marine Rousseau a dit…

En voyant cette vidéo tous les mots qu’on attend me sont passés par la tête : incroyable, impossible, inhumain … Pis en fait, avec surprise, le mot « normal » m’est venu en tête. J’aurai vu cette vidéo dans un autre contexte, où on m’aurait dit qu’elle était tirée d’un nouveau film, j’y aurai cru. Nous sommes de plus en plus entourés d’images à sensations, remplies de violence visionnables sur internet à volonté (on ne parlera pas ici de l’effet sur les plus jeunes, ou moins jeunes d’ailleurs…). Les gens ont fini par vivre dans la fiction et l’artifice qu'on a créé pour eux. Un homme qui se fait écraser dans la rue, c’est encore un épisode des Experts, c’est la télé mais en plus grand…. Mais malheureusement en plus vrai aussi, et cela leur échappe.
Quand j’ai lu le titre de l’article, je m’attendais à une vidéo de quelqu’un qui se fait agresser, et non à un accident de la route. Qu’ils ne réagissent pas j’avoue que je ne comprends pas.
Aussi, on se pose des fois cette question : qu’est-ce que je ferai dans une situation critique. Ici, on appelle les secours. On agresse quelqu’un dans la rue : je donne assistance à cette personne en danger ? Oui mais je risque à mon tour d’être en danger, et cette personne je ne la connais pas, chacun son instinct de survie… Nos proches, je serai avec un de mes parents, il viendrait à mon secours, là c’est déjà un autre instinct. Il est impressionnant de voir comment les animaux se comportent face à un prédateur pour sauver sa famille et pas seulement ses enfants (un documentaire sur les suricates vu récemment, ou encore ce chien qui en avait sauvé un autre sur l’autoroute). La conclusion est bien triste, nous avons perdu notre instinct animal, et nous sommes de moins en moins courageux ou de plus en plus passif, et c'est peut-être encore plus immoral.