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Un article du Supplément de l'économie du Monde (mardi 2 septembre) présente un ouvrage collectif, Quand les cadres se rebellent (à paraître prochainement aux éditions Vuibert) qui raconte et analyse la rébellion de cadres, généralement sortis des grandes écoles, contre la "soumission à l'autorité" à laquelle les instances hiérarchiques invitent les salariés dans monde de l'entreprise.
A chaque conférence que j'ai été amené à faire suite à la publication, en 2005, du Un si fragile vernis d'humanité, banalité du mal, banalité du mal, il se trouvait toujours quelqu'un pour me dire à quel point ce que j'avais expliqué - les facteurs qui permettent de mieux comprendre la passivité destructrice, en particulier dans les systèmes totalitaires : la soumission à l'autorité, telle que l'analyse le célèbre ouvrage de Stanley Milgram où il expose et tire les conclusions théoriques des expériences qu'il mena au début des années soixante, le conformisme de l'esprit de groupe, le poison de la camaraderie, l'influence de l'idéologie dominante, etc. - à quel point, donc, tous ces "mécanismes" fonctionnent à plein dans le petit monde clos de l'entreprise, et combien rares, généralement, sont ceux qui s'opposent à ces "situations" d'aliénation au nom du sens de leur responsabilité personnelle.
Je n'ai pas encore lu Quand les cadres se rebellent, le livre n'étant pas encore paru, mais le compte-rendu du Monde donne fort envie d'aller voir de plus près ce qu'il en est.
Cette analogie entre le monde de l'entreprise et les régimes totalitaires, que l'on trouve déjà évoquée par Primo Lévi dans Les naufragés et les rescapés, constitue le thème du livre de Christophe Dejours, Souffrance en France, banalisation de l'injustice social (Points essais, Le Seuil, 2006).
Par contre, il est peu de travaux théoriques qui s'intéressent aux raisons des comportements de résistance et de rébellion - j'ai pour ma part essayé d'apporter ma petite contribution, dans la seconde partie de l'ouvrage mentionné plus haut, à ce sujet passionnant, mais fort peu exploré. A suivre donc...
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