On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

jeudi 26 mai 2011

Viktor Orekhov, le livre


Après le documentaire, diffusé sur Arte le 18 novembre 2010, le livre que Nicolas Jallot consacre à Viktor Orekhov - Viktor Orekhov : un dissident au KGB - est enfin paru (chez Stock), et c'est un événement de première importance. Souvenez-vous de cette histoire exceptionnelle dont je vous ai déjà parlée et dont on aurait pu croire qu'elle a inspiré le réalisateur de La vie des autres, ce qui étonnement n'est pas le cas. En l'occurence, la réalité dépasse de loin la fiction.
Voici la présentation qu'en donne l'éditeur :
"Moscou, août 1978. Le capitaine du KGB Viktor Orekhov est arrêté et condamné à huit ans de réclusion dans un camp de régime sévère. Deux ans plus tôt, cet officier chargé de la surveillance et de la répression des dissidents est « passé de l’autre côté du miroir » et a décidé, au péril de sa vie, d’aider et de protéger ceux qui se battent pour les droits de l’homme et la liberté en URSS.
Après une deuxième condamnation aux travaux forcés pour un motif fallacieux, Viktor Orekhov apprend qu’un contrat a été passé sur sa tête par ses anciens supérieurs. En 1997, toujours menacé, il est contraint à l’exil. Aujourd’hui, l’ex-brillant officier du KGB est livreur de pizzas aux États-Unis où il vit sans papiers, sans identité, sans téléphone…
Après dix ans d’enquête, Nicolas Jallot a retrouvé ce héros anonyme, cas unique dans l’histoire. Et, pour la première fois, Viktor Orekhov accepte de raconter son histoire.
À travers le destin hors du commun du « dissident du KGB » transparaît le portrait sans concessions des trente dernières années de l’URSS, d’un système totalitaire vu de l’intérieur par un de ses acteurs et de la Russie d’aujourd’hui."
Aujourd'hui Viktor Orekhov vit toujours caché quelque part aux Etats-Unis.
Outre l'intérêt extraordinaire de cette enquête que Nicolas Jallot poursuivit pendant plusieurs années, presque comme une obsession personnelle - et cet acharnement aussi est admirable - c'est un devoir moral de soutenir Viktor dans son isolement et sa désolation. De fait, il est bel et bien dans cette condition de "paria" qui, selon Hannah Arendt, est une des pires qui puissent être réservées à un homme : vivre loin de sa patrie, de sa famille, de ses amis, de ses pairs et ne plus rien pouvoir partager de cette existence en commun dans la société qui est la condition même d'une existence digne d'être vécue. Le soutenir aujourd'hui, lui faire savoir, comme nous le pouvons, que sa personne n'est pas rayée de la carte des hommes, que nous admirons et honorons l'être qu'il est et ses actions proprement héroïques - bien qu'il ne les ait jamais considérées comme telles -, on ne saurait mieux s'y prendre qu'en se procurant ce livre, qu'en le lisant tout en le faisant connaître autour de soi.
  • amazon.fr

    Nicolas Jallot sera reçu par Jacques Pradel sur RTL, vendredi 27 mai, à 14h. Le prochain numéro de Paris-Match consacre quatre pages à trois anciens dissidents, dont Viktor Orekhov. Ce début est prometteur, car c'est aux médias désormais qu'il appartient de faire entrer dans la lumière celui qui a été contraint de vivre, depuis tant d'années, dans le secret et l'obscurité, cette mort sociale qui enterre un homme avant son heure.
    Je remercie infiniment Nicolas Jallot de m'avoir autorisé à publier cette photo.
  • 1 commentaire:

    Anonyme a dit…

    Eh bien dont acte cher Michel, j’avais été très touché par votre premier article concernant cet homme au destin digne des tragédies grecques. Ayant récemment négligé d'acheter des journaux insistant un peu trop sur les exactions d'autres hommes (...) , voici qui pour le coup me paraît en effet digne d'intérêt. молодец !!!

    Pierre T.