On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal
lundi 31 décembre 2012
Bonne année 2013
Chers et chères ami(e)s qui suivez avec amitié et bienveillance ce blog, tous mes vœux de santé et de bonheur pour l'année 2013. Je vous souhaite la réalisation de tout ce que votre cœur désire. Mille bonnes choses à tous et à toutes.
samedi 29 décembre 2012
Jérôme d'Egine
Presbytera Anna, tel est le nom de plume de cet admirable écrivain, publie en édition numérique peut-être le plus beau, le plus profond, livre de spiritualité chrétienne que j'aie lu depuis longtemps, Vie et Propos Spirituels de Jérôme d'Egine. Dans la lignée des grands startsi du monastère d'Optina, que Dostoïevski a immortalisés dans Les Frères Karamazov, le père Jérôme, à l'instar du staretz Zosime, a été pour des milliers et des milliers de fidèles l'incarnation de l'amour inconditionnel, une source de consolation dans les peines et la détresse. Ce livre, lumineux, merveilleusement écrit et d'une très grande justesse spirituelle, est une source de joie comparable aux chants des moines de Valaam. C'est la voix d'un homme que l'on entend, et cet homme est un grand maître. Ne craignez pas d'y trouver de pesants préceptes de morale ni rien de ce qui nous rebute tant dans les textes dits "religieux" et qui est souvent, il est vrai, exaspérant. L'auteur nous rend merveilleusement présents l'homme, la profondeur et l'authenticité de son expérience, et les leçons simples qu'il dispensait à ceux qui de partout se rendaient à son ermitage.
Ce n'est pas, vous l'aurez compris, que je fasse œuvre de prosélytisme. Rien de mes convictions personnelles ne s'exprime dans le désir de partager avec vous la beauté de ces œuvres. C'est simplement que je suis convaincu que la sensibilité spirituelle est une dimension de l'être humain qu'il faut tout autant développer que la sensibilité esthétique ou que la sensibilité morale. Si, comme je le pense, nous devons rester intellectuellement "ouverts" à ce qui nous est étranger, ce livre magnifique et tellement touchant est une précieuse voie d'entrée dans un monde que nous n'avons aucune raison d'ignorer, moins encore de mépriser, tant il recèle de beautés véritables et sublimes. En faire l'éloge est aussi une manière joliment décalée d'entrer dans la nouvelle année !
www.amazon.fr
Petite note technique : Pour lire un livre numérique, il n'est pas nécessaire de posséder une liseuse ou une tablette. Il suffit de télécharger le logiciel (gratuit) Kindle sur le site Amazon et vous pourrez accéder au texte depuis votre ordinateur.
Ce n'est pas, vous l'aurez compris, que je fasse œuvre de prosélytisme. Rien de mes convictions personnelles ne s'exprime dans le désir de partager avec vous la beauté de ces œuvres. C'est simplement que je suis convaincu que la sensibilité spirituelle est une dimension de l'être humain qu'il faut tout autant développer que la sensibilité esthétique ou que la sensibilité morale. Si, comme je le pense, nous devons rester intellectuellement "ouverts" à ce qui nous est étranger, ce livre magnifique et tellement touchant est une précieuse voie d'entrée dans un monde que nous n'avons aucune raison d'ignorer, moins encore de mépriser, tant il recèle de beautés véritables et sublimes. En faire l'éloge est aussi une manière joliment décalée d'entrer dans la nouvelle année !
Petite note technique : Pour lire un livre numérique, il n'est pas nécessaire de posséder une liseuse ou une tablette. Il suffit de télécharger le logiciel (gratuit) Kindle sur le site Amazon et vous pourrez accéder au texte depuis votre ordinateur.
lundi 24 décembre 2012
Joyeux Noël
Joyeux Noël à tous et à toutes !
Pour notre joie, ce sublime chant des moines de Valaam "Réjouis-toi, ô Vierge inépousée" qu'on ne se lasse pas d'écouter.
Pour notre joie, ce sublime chant des moines de Valaam "Réjouis-toi, ô Vierge inépousée" qu'on ne se lasse pas d'écouter.
samedi 15 décembre 2012
Dominique Fernandez, Tolstoï
Le grand romancier, Dominique Fernandez, vient de publier dans Le Livre de Poche, une magnifique étude, intitulée sobrement Avec Tolstoï. La personnalité complexe, l'itinéraire intérieur, les œuvres principales au style volontairement simple et impersonnel (si éloigné de celui de Dostoïevski), le génie douloureux de l'immense écrivain, son évolution de plus en plus subversive, ses luttes contre l'Eglise officielle, contre l'Etat, le "rousseauisme" de ce grand seigneur qui possédait dix mille livres et qui parlait couramment cinq langues, tout y est, sans prétention académique, mais nourri par une grande érudition et servi par une très belle langue. Le fruit d'une longue et très profonde fréquentation, écrit comme pour soi-même, pour mettre ses idées au clair, et qui se donne ensuite en partage. En fermant le livre, lu presque d'une traite, tant il est passionnant, je ne pouvais manquer de songer à ce qui rapproche Tolstoï de Michel-Ange, la puissance créatrice et le rejet sur le tard de l'art au nom d'une quête spirituelle plus haute, les déchirements de l'être, trahi par ses appétits charnels et qui cherche en vain à s'en délivrer, l'absolue consécration aux exigences de l'honnêteté avec soi qui est le propre des très grands artistes. "J'aime la vérité ... j'aime la vérité", telles furent les dernières paroles prononcées par Tolstoï. Ce livre est un très bel exercice d'admiration. Enseignerait-on de cette façon les grands écrivains à l'école ou à l'université, on les donnerait à aimer bien plus, hélas, qu'on ne le fait.
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samedi 8 décembre 2012
Intelligence de la bête
Eric-Emmanuel Schmitt vient de publier un recueil de nouvelles, Les deux messieurs de Bruxelles, dont l'une est intitulée « Le chien ». Je n'ai lu aucun livre de cet auteur à succès, mais invité sur France-Inter ce soir, il a raconté d'où lui est venu l'idée de ce récit : à un moment de Ethique et infini, Emmanuel Lévinas rapporte comme il fut bouleversé par la fête que lui fit un chien, alors qu'il était détenu dans un camp nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Un animal lui avait rendu le sentiment de sa dignité bafouée et s'était comporté à son égard avec une humanité dont les gardiens n'étaient plus capables. Je ne sais comment le romancier s'est emparé de ce souvenir, mais, à peine évoqué, c'est comme un monde et une perspective nouvelle qui s'ouvre devant soi, et je songe à ceci :
Devrait-on se moquer de ces personnes âgées, laissées seules par leurs enfants et leur famille, qui tiennent à la corde de la vie par l'affection d'un animal de compagnie ? La solitude, sans doute, est lourde et triste, mais elle est alourdie et rendue plus insupportable par l'indifférence et l'égoïsme des proches. A défaut de tendresse envers ses parents – peut-être n'en sommes-nous pas tout à fait capables, tant de choses difficiles entre nous se sont passées - ce devrait être pour le moins un devoir d'en prendre soin, de leur témoigner que le sens de l'existence ne s'évalue pas seulement à l'utilité, qu'ils comptent encore, que le temps passé a effacé reproches et récriminations qu'on pouvait nourrir à leur endroit et qu'ils méritent un infini respect parce que, plus que nous, ils se trouvent dans la main de la mort qui nous attend tous. Un animal n'a nul souci de ces considérations ni de ces devoirs. Tout à la joie d'exister, lorsqu'il aboie et frétille de la queue, c'est la vie en lui et la vie en l'autre qu'il célèbre, la vie que nous avons en partage et qui nous est commune, ce grand lien cosmique qui ne connait pas de séparation. Alors que ce puisse être, au terme de son existence, une joie et une consolation de s'en nourrir, comment y voir du ridicule ? Il y a parfois plus d'intelligence profonde chez l'animal que chez l'homme. Qu'elle soit inconsciente ne la rend pas moins mystérieuse ni moins magnifique. La grande loi de l'amour s'y manifeste dans sa sublime indifférence. Qu'importe à la bête qu'on soit riche ou pauvre, jeune ou vieux, d'un physique avenant ou le corps dégradé par la vieillesse et la maladie, sans domicile fixe ou au sommet de la gloire ! Pourvu que nous ne la fassions pas souffrir, dans sa grande équanimité, elle léchera la main de l'un comme de l'autre, et c'est une leçon à retenir.
Devrait-on se moquer de ces personnes âgées, laissées seules par leurs enfants et leur famille, qui tiennent à la corde de la vie par l'affection d'un animal de compagnie ? La solitude, sans doute, est lourde et triste, mais elle est alourdie et rendue plus insupportable par l'indifférence et l'égoïsme des proches. A défaut de tendresse envers ses parents – peut-être n'en sommes-nous pas tout à fait capables, tant de choses difficiles entre nous se sont passées - ce devrait être pour le moins un devoir d'en prendre soin, de leur témoigner que le sens de l'existence ne s'évalue pas seulement à l'utilité, qu'ils comptent encore, que le temps passé a effacé reproches et récriminations qu'on pouvait nourrir à leur endroit et qu'ils méritent un infini respect parce que, plus que nous, ils se trouvent dans la main de la mort qui nous attend tous. Un animal n'a nul souci de ces considérations ni de ces devoirs. Tout à la joie d'exister, lorsqu'il aboie et frétille de la queue, c'est la vie en lui et la vie en l'autre qu'il célèbre, la vie que nous avons en partage et qui nous est commune, ce grand lien cosmique qui ne connait pas de séparation. Alors que ce puisse être, au terme de son existence, une joie et une consolation de s'en nourrir, comment y voir du ridicule ? Il y a parfois plus d'intelligence profonde chez l'animal que chez l'homme. Qu'elle soit inconsciente ne la rend pas moins mystérieuse ni moins magnifique. La grande loi de l'amour s'y manifeste dans sa sublime indifférence. Qu'importe à la bête qu'on soit riche ou pauvre, jeune ou vieux, d'un physique avenant ou le corps dégradé par la vieillesse et la maladie, sans domicile fixe ou au sommet de la gloire ! Pourvu que nous ne la fassions pas souffrir, dans sa grande équanimité, elle léchera la main de l'un comme de l'autre, et c'est une leçon à retenir.
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