On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

lundi 3 janvier 2011

Alfred Deller

Et puisque nous en sommes à nous abandonner à la sublime voix du contre-ténor anglais, Alfred Deller (1912-1979), la voici dans le lamento "He was despised" ("Il était méprisé") du Messie de Haendel.
L'année 2011 s'ouvre pour moi sur la furie du baroque, mais lorsque, le souffle coupé, on a presque perdu conscience en s'étouffant, je n'y reviens pas, ça peut se comprendre tout de même que ces voix-là vous chavirent le "je ne sais quoi" qu'on appelait autrefois l'âme. Il faudrait d'ailleurs nous expliquer comment ce par quoi on l'a remplacée aujourd'hui - le cerveau, un réseau de connexions nerveuses - peut être touché à ce point par la beauté de la musique. Et puis zut! On ne va tout de même pas recommencer à se disputer pour si peu et laisser monter sur scène la ribambelle de philosophes - croyants, athées, spiritualistes, idéalistes, matérialistes ou nihilistes, et encore j'ai laissé les neurobiologistes et les psychanalystes en coulisse, les théologiens restent dehors parce que s'ils s'en mêlent, c'est sûr on va en venir aux mains et quel charivari ce sera ! - qui vont à nouveau se créper le chignon. Silence ! Alfred chante et si ce n'est pas votre "âme" qui vibre, appelez cela comme vous voulez.

4 commentaires:

Cathy D a dit…

Excellent ! la musique et votre humour ! j’adore ! et dire c’est beau c’est banal, et puis ca ferait revenir tous ses philosophes sur le jugement du beau, quelle horreur ! N’est-ce point là le cœur qui s’exprime dans l’âme ? L’âme n’est qu’un souffle dont le cœur bat le rythme, le cœur qui renferme et libère nos émotions.

michel terestchenko a dit…

Merci, chère Cathy. Ca fait du bien de savoir qu'on n'est pas seul à employer des gros mots. C'est comme avec "prière", parfois on n'ose pas...

Jean-Claude a dit…

Lorsque la voix dit plus loin que le silence : c'est Alfred Deller, - en tout cas dans cet extrait du Messie.
Cette voix donne de laisser sourdre ce qui dès toujours nous habite, et que nous ne savions pas. Est-ce l'âme, ou ce qui en nous demeure au plus secret, et qui donne sens, ou horizon ? Ou bien ce que Jean Mambrino appelle "grâce" dans son ouvrage du même nom (chez Arfuyen, 2009) : "Une ouverture / en toi, / dont tu ne vois / le point de mire. (...) Elle t'aspire, / toujours plus loin, / vers l'aventure / éblouie." (p. 79)
Merci d'avoir placé cette voix sur votre blog.
Jean-Claude

Michel Terestchenko a dit…

Merci à vous, cher Jean-Claude, pour votre message. Je suis heureux que cette voix sublime vous ait touché...