On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

mercredi 28 mars 2012

Le cas Mohammed Merah ; un mal hors-norme ?

Le journal La Vie publie le court entretien sur le "cas" Mohammed Merah que nous avons eu ensemble :

L'opinion a été frappée par l'apparence sans histoire de Mohamed Merah. Que vous évoque cette supposée banalité ?

Je pense que ce qui s'est passé ne relève nullement des travaux sur la "banalité du mal" qui ont été faits à la sortie du nazisme, et qui analysent comment un individu ordinaire peut en venir à commettre des atrocités lorsqu'il est placé dans une situation particulière — la survenue d'une guerre, par exemple. Il est alors comme pris au piège des circonstances. Adolf Eichmann, le haut fonctionnaire SS à partir duquel la philosophe Hannah Arendt a réfléchi a la question, a été pris dans un système de destruction où il a joué un rôle clé, alors qu'il n'était pas primordialement animé par la haine des juifs. Or ici, malgré toutes les zones d'ombres qui empêchent encore de savoir ce qu'il s'est passé, la haine est bien centrale. Le meurtrier était habité d'une vraie détermination, il avait planifié les faits et en avait l'initiative. Nous ne sommes donc pas des Merah en puissance. Cet événement sans précédent reste un cas isolé, avec lequel il n'y a pas d'identification possible. Il laisse dans la sidération.

C'est une violence qui lui incombe donc totalement...

Oui, dans le sens où son auteur n'a pas été piégé par la situation. Il a lui même créé les circonstances de ses actes, avec obstination et volonté. Il a écrit un scénario meurtrier, en a bâti la scène, s'y est produit, en a fait des films. Le monstre, c'est celui qui veut se faire voir et apparaître comme tel, qui veut qu'on l'admire pour ses actes. Merah en est un, au sens où il a voulu jouer un rôle et se poser comme une sorte de héros destructeur. En témoigne son obstination, sa capacité à affronter les armes à la main des professionnels pendant près de 30 heures...

S'il s'agit d'une initiative individuelle, les faits semblent aussi avoir partie liée avec le terrorisme islamiste

Il y a chez Merah une idéologie haineuse. Un aveuglement idéologique qui fait que les victimes ne sont pas tuées pour ce qu'elles sont, mais pour ce qu'elles représentent. Mais cela ne suffit pas à caractériser les faits qui se sont produits. Le terrorisme ressort d'une organisation, qui se déploie dans le temps, qui s'organise, autour de projets, avec une logistique. Chez Merah, il y a une détermination à agir, mais c'est un individu isolé, même s'il a peut-être bénéficié de soutiens. Il s'est converti à l'islamisme, mais cette idéologie semble lui avoir fourni une sorte d'occasion. Il n'était pas un agent dormant, chargé de se fondre dans la société française. A mes yeux, il a commis des actes semant la terreur. Pas des attentats terroristes en tant que tel.

De quel profil relève-t-il alors?

Il y avait chez lui, tout le monde l'a remarqué, une forme de jovialité qui ne dénote rien, une apparence qui est presque insultante. Avec un substrat idéologique qui semble finalement assez faible. Ses motivations ont un aspect absurde, presque dérisoire. Et c'est d'autant plus déroutant. Les actes de Mohamed Merah relèvent d'une forme de tentation nihiliste, sans doute plus que du terrorisme. C'est l'ange de la mort. Celui qui fait une entrée fracassante dans un univers paisible, dans un quartier tranquille, pour tout détruire autour de lui, et semer la terreur dans des circonstances atroces. Le passage à l'acte d'une telle personnalité relève du mystère.

Il n'y a donc pas d'explication à chercher ?

Il y a des explications, et on les aura. Mais je pense qu'elles relèvent de la personnalité du tueur, pas d'une situation ou d'un système. On a évoqué, pour expliquer la tuerie, les discours politiques sécuritaires, la violence des banlieues, ou l'idéologie islamiste. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a eu un saut, un passage dans quelque chose de hors-norme, si bien que rien de tout cela ne peut en rendre raison. Merah n'a pas été choisi par un réseau ou une organisation. C'est ce qui déjoue les interprétations traditionnelles. C'est justement son caractère isolé, incontrôlable, qui est terrifiant. Et c'est parce qu'il s'agit d'un cas particulier qu'il faut éviter absolument toute dérive sécuritaire ou toute stigmatisation communautaire qui pourraient découler de ce traumatisme. Il faut lui laisser son caractère terrifiant, parce qu'isolé.

  • www.lavie.fr
  • 22 commentaires:

    Kévin a dit…

    A mon sens, ce "cas" est représentatif de l'extrême dans lequel peuvent tomber des personnes totalement désœuvrées et coupées d'elles-mêmes.

    Dans un "monde désenchanté", pour reprendre l'expression de Marcel Gauchet, elles pensent certainement qu'il est devenu difficile d'aimer et ne voient donc d'issues que dans la haine.

    Le fait d'obtenir une certaine forme de reconnaissance dans les médias ne fait que conforter leurs prises de position. Leurs actes leur permet d'être les stars qu'ils n'ont pas pu devenir.

    Aussi, il me semble que de telles atrocités sont le reflet inversé des louanges exacerbées que la société du spectacle peut faire à nos "stars".

    Peut-être comprendrons-nous, lorsque nous saurons avec Jorge Luis Borges que "la gloire est une incompréhension, peut-être la pire" que ce n'est pas aux images ni aux représentations qu'il faut faire honneur mais simplement à la vie.

    Aussi, l'humanité étant Une, il serait certainement intéressant d'analyser ici le cas dont il est question comme l'image "outrancée" de nos propres comportements. Que sommes-nous capables de faire dans nos plus profond désespoir ? Il est des personnes qui sont capables de tuer par amour. Et si "notre cas" avait tenté de mettre à genou notre République par amour pour elle ? Parce qu'il désespérait de ne pas la voir se tourner vers lui ?

    Kévin a dit…

    PS : Si ma dernière hypothèse pouvait se vérifier, cela n'excuse en rien les atrocités commises

    Anonyme a dit…

    Tout comme le cas Eichmann illustre le poids des circonstances dans la méchanceté humaine, le cas Merah met en avant les influences de la personnalité. Comme vous (M.Terestchenko) l´aviez montré dans un cours passé de L2, des circonstances particulières et extrêmes peuvent pousser des hommes ordinaires à des actes atroces. Mais, à l´inverse, la tuerie de Toulouse nous rappelle qu´il existe aussi des individus à la personnalité inadaptée (psychopathe ?, sadique ?, nécrophile ?, etc.) qui commettent des meurtres ignobles bien qu´ils vivent dans un environnement ordinaire.
    Quelle est alors la démarche adéquate de la société vis-à-vis de tels individus ? Faut-il mettre en place un système encore plus sécuritaire pour les repérer et les mettre à l´écart avant qu´ils ne commettent de tels actes ?

    R.Lecomte

    abbas echraghi a dit…

    En déplacement professionnel à l’étranger jusqu’alors, je n’avais pas les moyens de suivre cette horrible affaire dans ses détails. Ce qui me pousse à écrire ces lignes c’est seulement parler d’une analogie lointaine que les propos de Maître dans cet entretien, établissent avec mes expériences du passé et les cas analogues.
    Je pense à deux raisons, en autres, en œuvre dans cette affaire : l’une subjective ou plutôt psychologique, et l’autre objective. Dans cette pensée je pars du présupposé selon lequel l’auteur de ce crime a tenté auparavant de se rallier à une organisation terroriste mais il a échoué dans cette entreprise. Ce qui justifie ce postulat c’est la dernière déclaration du meurtrier concernant son appartenance à une organisation terroriste.
    Le motif psychologique relève donc d’un échec. Par cet acte de barbarie l’auteur en réalité se venge de cette organisation qui ne l’avait pas choisi. Il montre précisément à quoi il était capable, et que l’organisation avait tort de ne l’avoir pas sélectionné. «Le monstre, c’est bien celui qui veut se faire voir… ». Ses actes relèvent bien « d’une forme de tentation nihiliste ». Dans ces circonstances, les candidats échoués sont potentiellement aussi dangereux que leurs homologues sélectionnés.
    Objectivement ces actes sont commis sur la base d’une haine idéologique. Cette haine trouve son ultime justification dans l’absolutisme d’une idéologie qui ne tolère point la différence, n’autorise aucun choix libre, et ce qui est terrible dans ces affaires c’est que projetant la responsabilité entière vers le ciel, ces auteurs se déchargent de toute responsabilité envers leur crimes, ils prétendent à ne faire qu’exécuté le précepte divin.
    Ce qu’ils tuent en tuant des innocents c’est aussi une religion qui à ses âges d’or a contribué pleinement au salut et au progrès humain. Une religion dans laquelle des millions d’honnêtes, femmes et hommes, trouvent encore leur raison d’être pacifique et paisible. Evitons donc l’amalgame!

    Emmanuel Gaudiot a dit…

    Personnellement, je m'en remettrait à l'optimisme de Leibniz pour aborder le "cas Mérah": pour Leibniz, Dieu a créé le meilleur des mondes possibles, il lui est impossible donc de ne pas envisager le pire, car il fait partie des compossibles, sinon il manquerait quelque chose au monde. Mérah, est ce terrifiant possible, cette infinitésimale (dans le sens de la rareté) atrocité que le monde ne peut pas ne pas compter. D'ailleurs, si nous trouvons ces actes insupportables, c'est par pure convention (assassiner des enfants nous paraitrait "normal", si j'ose dire, si nous en décidions moralement).
    Les aspects psychologiques que vous évoquez tous me paraissent justes. Nous avons affaire à un malade: tout le reste est de la mise en forme. Que Mérah soit musulman, qu'il soit islamiste n'explique rien: qu'il soit un fou convient, en revanche, comme explication.
    Cependant, nous-autres membres d'une société sommes forcés d'apporter un écho, une réponse sociale ou sociétale à ce traumatisme: d'aucun stigmatiseront -c'est pénible, imbécile, mais c'est comme cela-, d'autres exploiteront dans des vues électoralistes, ou mysanthropiques, ou religieuses, ou philosophiques... le malheur (ou peut-être le bonheur!) c'est que chacun verra dans cette dramatique affaire une justification de son action dans le monde et de sa pensée: parce que nous sommes tous des êtres sociaux; ce que Mérah, lui, n'était pas, ou n'était plus quand il a agi.
    Merci pour cette réflexion.

    Anonyme a dit…

    On pourrait aussi relever une extrême frustration qui aurait pu être ressentie par Merah...En effet celui-çi a tenté de s'engager dans l'armée à deux reprises...recherchait-il un idéal à partager ou un cadre normatif et institutionnel dont il avait besoin et qu'il n'a pas trouvés dans la société française? Etait-il en déshérence comme bon nombre de jeunes de sa génération?...Pour autant tous ne passent pas à l'acte...heureusement... En aurait-il gardé un ressentiment tel que celà aurait pu le conduire à s'enrôler dans des structures terroristes? Peut-être...il y a sans doute un peu de ça...mais les complices? les deux autres esprits malins qui l'ont aidé et assisté dans son entreprise meurtrière...ceux qui ont entretenu ce mal personnifié en la personne de Merad? ceux là répondront certainement de leurs actes (fourniture de moyens)qui sont autant d'agents déterminants ou de conjonction d'éléments ayant contribué à ce passage à l'acte hors norme, qui est sans commune mesure avec leur implication. Leur responsabilité sera pourtant bien moindre au regard du mal occasionné ait été considérable.
    Merad avait-il réellement ce mal en lui qui ne demandait à s'extérioriser? Ou a t'on simplement exploité une faiblesse, une frustration ou une colère qui se sont transformées en folie meurtrière?...Mon propos n'est certainement pas de justifier ces actes horribles mais essayer de comprendre les ressorts fondamentaux de cette barbarie au delà des présupposés médiatiques, fussent-ils fondés.
    Laurent D.

    Alexandre.Gagner a dit…

    « Vous aimez la vie, nous aimons la mort, c’est pour cela que nous allons vaincre », proclamait la vidéo d’Al-Qaïda revendiquant les attentats de mars 2004 à Madrid. Dans La Folie de Dieu, le philosophe allemand Peter Sloterdijk entend démontrer que chaque monothéisme contient en lui-même les germes de la violence. Toute explication du monde renvoyant à l’Un, au Plus-Haut, relègue les autres dieux au second rang. L’existence des trois monothéismes rend possibles de multiples scénarios de guerre : il existe un « anti-judaïsme chrétien », un « anti-islamisme chrétien », un « anti-christianisme islamique », un « anti-judaïsme islamique », un « anti-islamisme juif »…L’existence de trois religions à prétentions universelle engendre mécaniquement de multiples fronts de guerre. Le phénomène du fanatisme est d’autant plus menaçant qu’il s’engrène sur la dynamique du capitalisme mondial. La seule chose qui est sûre, c’est que de la manière dont s’est organisée l’humanité : « capitalisme », « concurrence », « empire », « mondialisation », le nombre de perdant augmente chaque jour. Chômeurs, exclus, populations opprimées menacent de se radicaliser. L’attentat-suicide est l’acte emblématique du perdant radical. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? Qu’est ce que le terrorisme, sinon un spectacle par essence, un drame qui n’existe que par l’écho qu’il soulève dans les médias ? Tout attentat est voulu, soigneusement orchestré en fonction des sa cible : les opinions publiques. Un observateur pressé peut prendre le terrorisme pour ce qu’il n’est pas, une violence irrationnelle, barbare heurtant l’entendement comme la sensibilité. Ni la morale, ni la criminologie, ni la pathologie ne peuvent rendre compte de sa nature propre, dont une des caractéristiques essentielles est de « spectaculariser » ses actions et de dramatiser la violence qu’il met en œuvre. Le terrorisme est tout sauf une entreprise désordonnée et brouillonne. Il produit certes du désordre, mais il le fait de façon volontariste , de telle sorte qu’il nous semble tout à fait possible de parler, à son propos, de « logique ». Aucun de ses actes n’est le fait du hasard. Il ne s’agit pas non plus de violence pour la violence, comme le mettent en œuvre malades mentaux ou « simples » casseurs. NON, Mohammed Merah n’était pas un nihiliste.

    Pierre-Yves Clausse a dit…

    Je ne reviendrai pas pour ma part sur l'affaire en elle-même car nous avons lu, entendu, et eu certainement plus d'informations qu'il n'en faut. Je souhaiterais m'attarder le temps de quelques mots sur la couverture médiatique de cette affaire.
    Je pense notamment aux chaines d'informations continues qui n'ont pas hésitées à allouer la totalité de leur temps d'antenne au siège de l'appartement où se situait Mohamed Merah. Cela méritait-il une telle couverture médiatique ?
    Est-ce que pour que justice soit faite, il faut que plusieurs millions de téléspectateurs soient témoins en direct de la traque d'un homme ?
    Mohamed Merah se suffisait amplement à lui-même, il n'avait pas en plus à devenir une sorte d'anti-héros médiatique. Que n'a-t-on pas lu et entendu durant ces heures interminables ... Le moindre coup de feu, la moindre explosion, le moindre coup de téléphone faisait immédiatement l'objet d'un scoop dans le scoop... Sans compter la façon dont les politiques se sont exposés au ridicule. Nous avons vu un ministre de l'intérieur venir parler (encore) «en direct » du fameux JT pour annoncer que le suspect « se rendrait durant la nuit » et que la situation était « sous contrôle »... Un parfait contrôle qui aboutira à la mort du suspect, dans le corps duquel on a retrouvé 20 balles...
    Avait-on besoin de tout suivre en direct ? Que les éléments soient connus, commentés, analysés c'est une chose. Mais cette volonté de faire du journalisme une expérience digne de la "télé-réalité" me parait dangereuse à bien des égards....

    Kévin a dit…

    Et ces mêmes médias se sont bien gardés, cher Pierre-Yves, de mettre en avant les condoléances du père d'un des militaires à la mère de M. Merah qui disaient : "Nous avons tous les deux perdu un fils".

    Anonyme a dit…

    Merah a recherché l'affrontement avec les forces de l'ordre. Il savait depuis la veille qu'il avait été repéré et qu'il y avait un dispositif policier déployé près de son domicile...il pouvait encore fuir...non il a préféré se retrancher chez lui, attendant de pied ferme les policiers...ultime défi à la société, aux institutions dont il connaissait l'issue...la prison ou la mort...on n'enferme pas le mal par essence insaisissable et incommensurable...alors on le tue car on ne peut pas le contenir...Merah a préféré mourir non pas de sa main...il n'assumait pas ce qu'il était devenu mais il a préféré mourir par la main d'un tiers..les policiers...ces professionnels connaissent bien ce phénomène...ils appellent celà : le suicide by cop...et qu'ils redoutent tellement de la part de forcenés auxquels ils sont régulièrement confrontés...c'est leur quotidien d'une banalité tragique et désespérante auquel personne ne peut s'habituer...cette ultime bravade n'a rien d'héroique bien au contraire...on entend dire que le mal est parfois nécessaire...pourquoi pas surtout si ce mal permet d'optimiser un bien-être ou un mieux-vivre général...Et pour Merah, mal incarné? Qu'a t'il voulu nous dire? que ce serait l'endoctrinement religieux qui l'aurait poussé à agir de la sorte? peut-être mais était-ce bien la motivation principale? quel enseignement devons nous tirer de cette tragédie, si enseignement il y a? qu'il y a t'il dans l'exemple de Merah que nous ne sachions déjà?
    Laurent D.

    Anonyme a dit…

    Merah a recherché l'affrontement avec les forces de l'ordre. Il savait depuis la veille qu'il avait été repéré et qu'il y avait un dispositif policier déployé près de son domicile...il pouvait encore fuir...non il a préféré se retrancher chez lui, attendant de pied ferme les policiers...ultime défi à la société, aux institutions dont il connaissait l'issue...la prison ou la mort...on n'enferme pas le mal par essence insaisissable et incommensurable...alors on le tue car on ne peut pas le contenir...Merah a préféré mourir non pas de sa main...il n'assumait pas ce qu'il était devenu mais il a préféré mourir par la main d'un tiers..les policiers...ces professionnels connaissent bien ce phénomène...ils appellent celà : le suicide by cop...et qu'ils redoutent tellement de la part de forcenés auxquels ils sont régulièrement confrontés...c'est leur quotidien d'une banalité tragique et désespérante auquel personne ne peut s'habituer...cette ultime bravade n'a rien d'héroique bien au contraire...on entend dire que le mal est parfois nécessaire...pourquoi pas surtout si ce mal permet d'optimiser un bien-être ou un mieux-vivre général...Et pour Merah, mal incarné? Qu'a t'il voulu nous dire? que ce serait l'endoctrinement religieux qui l'aurait poussé à agir de la sorte? peut-être mais était-ce bien la motivation principale? quel enseignement devons nous tirer de cette tragédie, si enseignement il y a? qu'il y a t'il dans l'exemple de Merah que nous ne sachions déjà?
    Laurent D.

    parzyjagla-kleinhans charlotte a dit…

    Voilà une sordide expression de la malignité humaine ! Le fait que Merah soit dépeint ici comme un cas isolé ne change pas le fait que ces atrocités soient effectuées par un être humain, donc il y a ça en l’homme potentiellement, c’est terrifiant. Je comprends la nécessité de vouloir « élucider ce cas »,de tenté de trouver une explication psychologique c'est-à-dire « penser l’impensable ». C’est également intéressant. Chez les philosophes antiques ce qui distingue l’homme de l’animal c’est la raison : raisonner est une façon de s’assurer que nous ne sommes pas les esclaves de pulsions primaires insensé, qu’un certain contrôle de nous garantit notre humanité. Mais du coup, je me demande : en tentant d’analyser ce cas, de donner des raisons à ses actes, n’est-ce pas une façon d’humaniser Merah ? Il y a selon moi une indécence à faire un trop grand cas de cette histoire. Si l’homme n’est plus raisonnable alors il est fou et si il est fou c’est le dérèglement intérieur qui le pousse à agir, on ne peut rien y comprendre, on ne doit rien essayer de comprendre. Mais comment dormir la nuit après ça ?

    On ne peut pas haire à ce point sans se haire soi-même avec la même force, Merah a donc fait à autrui ce qu’il aurait sans doute du se faire à lui-même pour ne pas faire porter à autrui les conséquences de son propre mal-être. Cela me rappel les erreurs que l’on fait lorsque l’on attribue à autrui la responsabilité de notre souffrance ; quand par exemple on croit que quelqu’un se fout de nous parce qu’on n’a pas assez confiance en ce que l’on dit. A une moindre échelle, nous sommes tous capables d’attribuer à l’extérieur ce qui est en nous. Cette histoire me pousse donc à tenté d’identifier ces tendances chez moi et à réfléchir sur mon rapport aux autres…c’est la seule chose que je peux penser !

    Yann Darléon M1 a dit…

    L'affaire Merah, au-delà de son retentissement politique et médiatique, soulève, comme lors de chaque passage à l'acte dramatique, la question des déterminants de celui-ci. Quels sont les facteurs, les influences qui conduisent un individu a basculé dans l'horreur, dans la psychopathie, a renié les règles élémentaires de la vie en société? Un ensemble hétéroclite de causes, sociologiques, psychologiques, physiologiques, sont sans doute à l'oeuvre dans ce type d'actes, sans nier bien entendu la responsabilité de son auteur, qui dans le cas présent a planifié froidement ses méfaits. Les questions philosophiques qu'un tel évènement suscite sont tout aussi multiples, et touchent à de grands problèmes. Un acte peut-il être considéré comme inhumain? L'homme est-il libre de ses actes? Quel est le poids des déterminants externes? Dans quelle mesure l'homme est-il responsable de ses choix? La question du mal se situe également au centre du débat, analysée aussi bien par les penseurs grecs, que par la théologie chrétienne en passant par Machiavel : Le mal est-il inhérent au monde? Comment penser l'existence d'une entité divine et d'une providence alors que de telles horreurs surviennent?

    La société dans laquelle nous vivons est aussi interrogée par ce type d'évènements, en ce que d'une certaine façon ces passages à l'actes signent une forme d'échec dans la socialisation et la normalisation de l'homme, les normes sociales en sont brisées violemment, sans espoir de retour. La multiplication dans de nombreux pays de ces crimes de masse mérite en tout cas une profonde réflexion, notamment sur l'évolution des sociétés.

    Anonyme a dit…

    Toute une population terrorisée?

    Comme R., il me semble que, cet individu étant passé à l'acte seul et aussi froidement, il possède certainement un profil psychologique très particulier. Ce qui peut paraître d'autant plus terrifiant. En effet, la "menace terroriste" est combattue officiellement, avec de gros moyens. Mais l'acte isolé d'un fou, qui peut le prévoir?

    Les médias, de leur côté, ont évidemment contribué a développer cette terreur, en suivant la traque du criminel heure par heure. Mais, sans cela, la seule pensée d'imaginer ses propres enfants massacrés de la sorte ne peut que faire frémir de terreur.

    Certes, il était important que la France entière, toutes couleurs politiques, toutes croyances confondues, se montre solidaire face à cette barbarie. Cependant, était-il bien nécessaire de soumettre toutes les écoles à la minute de silence, qui ne pouvait avoir lieu sans l'énoncé, même sommaire, des faits? Un enfant de 6 ans - voire de 3 ans pour les maternelles qui ont décidé d'y participer, puisqu'elles seules en avaient le choix - , un jeune enfant est-il à même de comprendre les enjeux de l'affaire, et ne retiendra-t-il pas en premier lieu que de méchants messieurs peuvent venir tuer des enfants dans leur propre école? Cela n'a-t-il pas, au fond, engendré des milliers de cauchemars dans les têtes des petits Français, plutôt qu'une réelle prise de conscience de la signification de l'acte atroce?
    Assurément, le symbole est important dans ce genre de situations, mais peut-être y a-t-il des moyens beaucoup plus efficaces et moins traumatisants d'inculquer à nos enfants le respect de l'autre, la tolérance, l'empathie, etc...

    Une grande publicité médiatique ou politique ne remplacera certainement jamais l'introspection et l'amour de certaines valeurs.

    Miss Mrs.

    Gil Boulenger a dit…

    Il semble que pour bien réfléchir ce qui s'est passé, il faudrait prendre le temps d'attendre. Déjà, attendre que le fatras journalistique ait cédé la place à des informations vérifiées et complètes. Bien sûr, on peut "hypothèser" à l'envie et en chacun la tentation existe. Mais ces hypothèses sauvages disent surtout quelque chose de ceux qui les avancent plutôt que de ce qui s'est passé et de ce que cela signifie. Pour l'heure que dire sinon qu'il y a évènement et donc singularité. Peut-être faudra-t-il d'abord partir de cette singularité et la comprendre, très finement, comme telle avant de tenter de l'inscrire dans quoi que soit de plus large, que se soit d'un point de vue sociologique, politique, philosophique ou religieux.
    Je ne crois pas m'avancer trop en disant qu'il faut avant tout se garder d'essentialiser cette affaire. Selon moi, elle ne dit rien, en tant qu'elle-même, de particulièrement remarquable de l'humanité, de ce que nous sommes. Je ne crois pas non plus qu'elle permette de parler particulièrement pertinemment du mal en tant qu'absolu... si tant est que cela existe. Nous avons à faire avant tout à un fait : un homme tue d'autres hommes, dont des enfants, en tant que symboles, sans que soit concernée la personnalité intime des victimes. Ce qui doit nous interroger d'abord, ce n'est pas ce que cela fait résonner en chacun de nous, ce que cela signifie en terme d'universalité, mais ce qu'est cette singularité là.
    Ensuite, si nous voulons penser plus largement avec cet évènement, le travail à fournir est très conséquent. Le risque est qu'une fois encore, nous ayons droit à de multiples surinterprétations, à un emballement de la machine à produire du faux sens, du semblant de sens.
    Nous pouvons aussi nous demander pourquoi penser ceci plutôt que cela. Et sans cynisme aucun, sans établir de lien avec l'évènement qui nous occupe, faute de quoi ce serait aussi céder au délire interprétatif le plus lamentable, mais à titre d'exemple, pensons que ce pays qui se nomme France est engagée depuis plusieurs années dans une guerre que la communauté nationale prend bien garde de ne surtout pas interroger. A l'Est de nos frontières rien ne se passe.

    Michel Terestchenko a dit…

    Merci, chers tous, pour vos commentaires, toujours intéressants. Ai-je eu raison de voir les choses sous cet angle ? Nous manquons encore d'informations. Le temps nous dira ce qu'il en est de cette affreuse histoire. Il est temps de passer à des sujets où notre réflexion est mieux établie.

    Anonyme a dit…

    Puisque le sujet est ici clos, j'ose rouvrir -pardon d'avance- la porte de derrière afin que l'on puisse débattre de manière plus générale et plus incisive en préservant les oreilles chastes.
    Car, si de prime abord je trouvais la question qui vous était posée, cher Michel, assez inepte -et du coup bien courageuse votre réponse expliquant en quoi cela ne relève en rien d'une banalisation du mal!-...

    Il m'apparait en vous lisant que l'exclusion au confins de toute humanité de notre sujet d'étude moral actuel est peut-être un peu rapide.
    Tout d'abord si nous ne trouvons dans ce que l'on peut croire voir de son esprit aucune banalité en regard du mal -vous l'avez déjà expliqué dans l'article, j'en ferai donc l'économie ici!-
    Il n'en reste pas moins que nous voyons là le mal issu du banal. Le mal né, non pas ex-nihilo, mais bien de la vie ordinaire et banale.

    Comment l'expliquer si ce n'est parce que la banalité ordinaire de nos vies contient en substance les ferments du mal ?
    La solution de facilité sera bien évidemment de blanchir toutes nos âmes en écartant la brebis entachée loin du troupeau afin que surtout plus personne ne la reconnaisse comme l'une des leurs... Le premier mouvement fut donc de désigner la personne folle, ou du moins pathologiquement irraisonnable.
    Ainsi le sujet n'est plus humain, nous n'avons plus à reconnaître en lui la moindre similitude avec nous. Ce qui s'avèrera bien pratique par exemple lorsqu'il faudra abattre la bête sans trop de remords : Peu importe ce n'était plus un homme.

    Le même mouvement est apparu quand l'on a voulu mettre en avant l'origine ou la confession de notre sujet présent : Quelle était l'utilité de préciser à chaque fois « l'individu, français d'origine maghrébine... Le fanatique islamiste... » si ce n'est de bien signifier que ce n'était pas l'un d'entre nous qui avait perdu pied; mais bien un ennemi de l'extérieur qui venait troubler notre communauté unie ?

    Pourquoi ? Parce qu'admettre que c'est l'un d'entre nous, c'est nous faire porter la faute de créer chaque jour une communauté où l'on peut trouver le mal plus attrayant que notre rêve commun. -exceptionnellement certes, mais un seul c'est déjà beaucoup en l'occurrence.-
    Bref que le mal a su faire son chemin parmi nous, descendre jusqu'à lui et le séduire...
    Comment serait-ce possible si il n'était pas déjà là, sous-jacent, au cœur de notre politique et donc banalisé? -politique au sens ou l'entendait Arendt justement : ce qui se forme entre les hommes-

    ( Sinon on peut rester sur le simple constat d'un hiatus profond dans notre société si lisse : Le tueur fou se nommait Mohammed Merah et il fut abattu par le groupe dirigé par Amaury De Hautecloque.
    Aussi on pourrait peut-être se contenter de dire que c'est le résultat d'une lutte idéologique entre deux groupes sociaux très opposés ? Ou comment transformer un 'banal' fait divers en vraie croisade...)

    suite dessous

    Anonyme a dit…

    Enfin, le dénouement fut la triste confirmation de cette vision la moins optimiste de notre société. Bien sûr nous avons entendu les voix du gouvernement (ou futures voix...) nous rassurer en nous disant que la force était revenue à la loi. Jolis mots censés nous faire comprendre que notre état est fort et que nul autre ne peut faire usage de ladite force en son sein. Dormez tranquilles braves gens, la force est nôtre...
    Mais au final qu'a-t-on vu si ce n'est, justement, un aveu d'impuissance ? Qu'a-t-on vu si ce n'est que nous avons aussi échoués, une fois le mal identifié, à parler mieux que lui ? à convaincre sa proie -et son acteur- que nos valeurs sont plus fortes et que la vie parmi nous vaudra toujours d'être vécue ? De montrer que si la rédemption était sans doute impossible, son chemin infini est quand même bien meilleur que l'obstination agonistique?
    Non, nous avons avoué notre impuissance face aux charmes nocifs du mal et à sa grandeur. Et nous avons fait usage du mal contre le mal : Nous avons tué celui d'entre nous qui tuait.
    Pour cela il est difficile de ne pas reconnaître que nos valeurs sont sans doute gangrénées dès la base et que nous ne pouvons en faire usage sans nourrir le mal. Tant que nous ne voudrons rien faire de grand, il est fort à parier que la stase se maintienne, mais le moindre élément qui voudra -ou qui sera poussé- à s'envoler trop haut ou à plonger trop bas, sera indubitablement une vilaine métastase de notre propre mal...

    Une banalité du mal, peut-être pas strictement. Mais un épiphénomène exceptionnel et révélateur de l'ampleur de la maladie, peut-être bien, malheureusement.

    DJM.

    Anonyme a dit…

    Bonsoir...

    J'arrive fort tardivement au sein de ce débat mais je vais tenter d'y apporter quelques éléments nouveaux qui m'ont interpellée au moment de la médiatisation des évènements.
    Le chef de l'Etat a qualifié ces actes d'inexplicables et inexcusables ; ce en quoi je ne partage pas entièrement son avis : inexcusables, incontestablement et sans ambiguïté. Excuser le crime, c'est probablement en commettre un second. En revanche, mais je ne parle qu'en mon nom personnel, le passage à l'acte ne relève peut-être pas du mystère total, dès lors que j'ai pu entendre (juste une toute petite fois, certes) que Mohammed MERAH aurait justifié ses meurtres par deux motifs au moins :
    > la "traîtrise" des deux soldats français d'origine arabo-musulmane engagés sous les couleurs du drapeau français pour aller combattre d'autres "frères" arabo-musulmans, afghans ceux-là.
    > la vengeance pour la souffrance subie par les enfants palestiniens.
    Jusqu'à quel point Mohammed MERAH se tenait-il informé de la situation palestinienne ? Au moyen de quels canaux d'information ?
    Quoi qu'il en soit, il est indéniable que les enfants de Cis-Jordanie et de Gaza ont à supporter des souffrances diverses dont on ne peut pas rendre l'exhaustive énumération mais dont on peut citer quelques exemples néanmoins : actuellement, environ 80 enfants âgés de 8 à 16 ans sont emprisonnés dans les geôles israéliennes dans des conditions difficiles (entravement des membres, fouilles de nuit, interdiction de contact charnel avec la famille, etc). Le mode opératoire de ces incarcérations est connu : des soldats israéliens font irruption de nuit au domicile familial, extirpent l'enfant de son sommeil et l'emmènent sans fournir aucune information à la famille ; souvent l'enfant supporte un interrogatoire impressionnant pour lui faire avouer le nom et l'activité de leaders de la résistance populaire qu'il est censé connaître...
    D'autres enfants, à GAZA, s'enfuient de l'école pour échapper à d'éventuels bombardements israéliens... Plusieurs femmes palestiniennes ont témoigné avoir accouché d'un enfant mort-né parce qu'elles étaient dans l'attente d'obtenir l'autorisation d'accéder à la maternité qui se situait de l'autre côté d'un poste de contrôle militaire israélien...Les joies quotidiennes d'une vie sous occupation, en somme.
    Je ne peux résister à l'envie de vous livrer l'extrait du discours prononcé par le grand poète palestinien Mahmoud DARWISH, le 25 mars 2002, prononcé devant des écrivains du monde entier venus exprimer leur solidarité au peuple palestinien dans Ramallah assiégée par l'armée israélienne :

    " Mais nous souffrons d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir.
    Espoir de libération et d'indépendance.
    Espoir d'une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes.
    Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l'école.
    Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire.
    Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang.
    Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d'amour et de paix.
    Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir."



    Anne Rendamme

    Anonyme a dit…

    (suite...)

    Ces motifs, pour horribles et tragiques qu'en soient les conséquences, sont indéniablement de nature politique.
    Les actes forts qu'a souhaité poser Mohammed MERAH peuvent être interprétés comme le fondement d'un message politique crucial pour l'Occident > Saura-t'il l'entendre sans en étouffer la portée ?
    Il y a de cela quelques années déjà, je me souviens d'une parole prononcée par feu Raymond BARRE à la télévision : "Vous savez, cela fait maintenant près de cinquante ans que les musulmans sont humiliés partout dans le monde..." > Venant de lui, ça m'avait laissée rêveuse.
    Je me souviens également des paroles prononcées par cette jeune femme maghrébine interrogée au sujet des assassinats : " Mohammed Merah, c'est l'arbre qui cache la forêt...Des Mohammed Merah, il y en a des centaines..."
    Sans doute voulait-elle dire : qui "pensent" comme lui, pas forcément qui s'apprêtent à passer aux actes.
    J'en suis convaincue, pour l'avoir moi aussi entendu de mes oreilles dans ma vie quotidienne.
    La haine antisémite chez certains musulmans grandit à mesure que la situation de la population palestinienne se dégrade sous les coups de l'oppression colonialiste israélienne, d'une part. D'autre part, la frustration ressentie par une partie de la jeunesse maghrébine (dont les ancêtres ont été anciennement colonisés eux aussi) face aux discriminations qu'elle subit en France ne peut que la porter à s'identifier et à se solidariser avec la population palestinienne, afghane...
    Ajoutons à ce contexte socio-politique le cocktail explosif des préceptes du djihad islamique et nous voici presque arrivés au bout du chemin qui mène aux Mohammed MERAH en puissance... Un de ceux-là a basculé dans l'acte : que prévoyons-nous pour les autres ?
    La sourde oreille habituelle, le camouflage soigné des haines historiques mutuelles ? Une impunité ad vitam aeternam envers les politiques gouvernementales ouvertement coloniales et oppressives (Israël) ou post-coloniales (France)?
    Il devient extrêmement urgent que le droit politique, un droit politique dégagé de toute pression géopolitique ou économique, reprenne sa place au plus vite.
    Dans l'éventualité contraire, alors ne soyons plus sidérés que des Mohammed MERAH se croient investis de la mission de faire justice par eux-mêmes... et pas pour le meilleur, cela va sans dire.

    Anne Rendamme

    Leslie Lecossois a dit…

    Un "mal-hors norme".... Faudrait -il qu'il y ait une norme pour le mal ! Depuis quand le mal est-il normal, banal ? (Merci Hannah Arendt )Comme il a été dit, le mal est devenu notre quotidien. Avant, on s'offusquait d'une tragédie, d'un meurtre, d'un acte violent et maintenant on dit "Ah, encore ?". Il n'y a plus aucun effroi, à croire que le mal est une habitude.
    C'est une première chose...
    Cependant je dois avouer que les personnes se sont réveillés lors de cet épisode tragique, comme s'ils s'apercevaient et prenaient enfin conscience que oui, tout n'est pas rose que oui, ça n'arrive pas qu'aux autres.Souvenons-nous aussi de ce qu'il s'est passé en 2011, en Norvège et aux 76 morts : ces actes abominables ont secoués le monde entier car oui, on n'oublierait presque que l'homme est capable de ÇA. S'ensuit naturellement toutes ces questions : l'homme est-il bon ou mauvais ? Peut-on déceler génétiquement le mal, le deviner chez une personne (André Comte Sponville étudie la question d'ailleurs dans son "Traité de la béatitude et du désespoir " )toutes ces qualités que l'on prête à l'homme, son "humanité", ne sont t-elle pas illusoires ? C'est à se demander en effet, en observant tous ces faits, en observant toute cette bêtise humaine que nous pouvons bien rencontrer dans la vie de tous les jours par le biais d'actes et de ces personnes.

    Pour être plus optimiste et réaliste peut-être, rien ne vaut Rousseau et son Discours sur l'origine des inégalités parmi les hommes : L'homme naît ni bon, ni mauvais. A nous d'être meilleur alors, là est notre responsabilité.

    Anonyme a dit…

    Pierre C.

    Je suis entièrement d'accord sur le fait que le cas Merah n'a aucun lien avec la théorie de la "banalité du mal" et l'interprétation d'Hannah Arendt. L'idéologie nazie prenait la forme d'un totalitarisme, elle transpirait dans toute la vie allemande (propagande, culte de la personnalité, jeunesses hitlériennes...). Comme dans le film "La vague", la radicalisation du nazisme, qui cristallisait beaucoup d'espoirs au début, a été progressive.

    Or, aujourd'hui, une idéologie ne peut pas, en France, ne pas croiser d'autres modes de pensée et donc être remise en question. Les médias, internet, la liberté d'expression et la mixité sociale et culturelle d'une grande ville comme Toulouse rendent cela impossible. Pour que l'idéologie de Merah en sorte autant renforcée, sa haine était nécessairement démesurée.