On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

samedi 4 décembre 2021

Colloque franco-allemand sur la liberté au temps de la pandémie

La chaîne Arte, en collaboration avec l'Institut Gœthe et la mairie de Mannheim, organise un colloque philosophique franco-allemand au Théâtre National de Mannheim, dimanche prochain à partir de 10h, sur le thème : "La liberté au temps de la pandémie".
La discussion proprement dite débutera à 11h entre la philosophe allemande, Lore Hühn, professeur à l'université de Fribourg, et moi-même. Vous pourrez y assister en direct en cliquant le lien suivant :

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, serait-il possible d'avoir accès au texte de votre conférence, cher professeur ? En effet, même si la rencontre a eu lieu grâce à un institut français toutes les interventions en français sont coupées et remplacées par la version allemande, sans possibilité de choisir la langue d'écoute. Bon exercice d'allemand mais pas évident de saisir toutes les nuances du discours dans ces conditions. Et la fatigue aidant, je ne suis pas sûre d'aller au bout des 1h30 en langue de Goethe... Mais un grand merci merci pour le partage.

Nusch a dit…

Voilà le lien pour les locuteurs francophones:
https://www.youtube.com/watch?v=XDBbgL6pACI
(cette fois, plus une note d'allemand)

Anonyme a dit…

Merci beaucoup pour le précieux lien en français ! J'apprécie beaucoup la mise au point de M.Terestchenko : il ne s'agit pas d'opposer les citoyens entre eux autour de la question du vaccin mais bien de réfléchir ensemble à la direction que nous souhaitons donner à nos scociétés. Voilà qui relève le débat, depuis trop longtemps indigent dans les médias ! La comparaison entre les situations allemande et française est par ailleurs très instructive : rien n'est simple ! J'ai glané beaucoup d'idées à faire valoir pour déplacer la problématique lors des dîners de famille et en parler sans que cela se termine comme au début du XXeme siècle lorsqu'on évoquait l'affaire Dreyfus...Encore merci pour ce partage bilingue !

LPA a dit…

Partie 1 :
La pandémie de la Covid-19 a sérieusement bouleversée le monde, effectivement d’un seul coup l’homme a été projeté dans un état de fragilité aussi percutant qu’inattendu. Les hommes ne se sont pas préparés psychologiquement et matériellement à cette épreuve et ce malgré les avertissements. L’homme a déjà connu des épisodes épidémiques tout au long de son histoire (la peste, la grippe…) et il connaissait le risque de devoir un jour ou l’autre se confronter à une nouvelle épidémie ou pandémie. D’un point de vue écologique, le monde est de plus en plus instable, l’homme a franchi et dépassé toutes les lignes rouges et il devra (lui et les prochaines générations) en payer les conséquences (il ne peut plus se cacher derrière une fausse ignorance). La Covid-19 a sonné comme un rappel à l’homme et à montrer sa vulnérabilité, tout peut très vite déraper ou changer. Tout a été soudainement remis en cause : d’abord notre rapport au monde et à autrui, ensuite notre rapport à la nature et au vivant. Puis notre rapport à la science et à l’expérimentation et enfin pour terminer notre rapport à la politique et aux libertés humaines (individuelles et collectives). Chaque être humain a dû affronter ses propres limites et s’aligner avec celles des autres. De nombreuses personnes (dans le monde entier) se sont retrouvées isolées, incomprises et abandonnées notamment pendant les périodes de confinement où seules les activités nécessaires étaient autorisées. Nous étions toujours réglementés avec par exemple le couvre-feu ou l’attestation de déplacement obligatoire. Ce virus a provoqué une peur commune et à provoquer une réelle coupure sociale et affective entre les hommes : on ne voyait plus le visage de la personne mais seulement son masque, il fallait toujours tenir la personne à l’écart pour éviter toute transmission du virus (être au moins à un mètre de distance).C’est-à-dire que les hommes ont dû dire stopper leurs activités quotidiennes : échanger et se réunir autour d’un café, aller au restaurant, aller au cinéma, aller travailler, aller à l'école (pour tous les niveaux d’enseignements : primaires, secondaire, supérieurs). Les libertés individuelles ont donc été restreintes dans l’intérêt général, une grande épidémie nécessite de grandes précautions (gestes barrières) et de grands changements (sociales, économiques, politiques et comportementales). Le but est d’avant tout de stopper l’épidémie ou tout du moins la ralentir, pour notamment aider les hôpitaux à s’organiser (dans le cas contraire, il faudra faire des choix difficiles comme à qui donner la priorité des soins et des équipements). Il a fallu se montrer efficace et pragmatique face à cette pandémie qui s’est propagée à toute vitesse et qui a fait des dégâts surtout chez les personnes les plus fragiles. Face à cette situation d’urgence sanitaire, à cette guerre sanitaire (terme employé par Emmanuel Macron lors d’un discours), il a fallu faire des choix et agir avant tout en conséquence et ce malgré le refus de certaines personnes (les plus réfractaires). Nous avons dû installer des sanctions (des amendes et des rappels à l’ordre) parfois jugées légitimes ou jugées illégitimes pour inciter les personnes à prendre au sérieux cette épidémie et à respecter les consignes. Il n’est plus question d’individualité face à une épidémie mais de solidarité, ce qu’il veut dire qu’il faut savoir s’adapter et se protéger les uns les autres. Il faut trouver le parfait équilibre entre responsabilité individuelle et responsabilité collective. Il n’est ici pas question de cibler les bons ou les mauvais citoyens mais de souligner l’importance de l’intention, il existe une différence entre ceux qui veulent combattre la pandémie en tant qu’être libres et responsables et ceux qui (soi-disant au nom de la liberté) se croient tout permis et continuent de la propager par provocation et par bêtise (ici le comportement n’est pas le même).

LPA a dit…

Partie 2 :
La situation en devient très compliquée, parce que malgré nos efforts, la pandémie refait toujours surface, on a assisté à de nombreuses vagues (qui met à mal les discours politiques et leurs promesses). Ces discours infantiles qui sont liés à des actes incohérents (on met le masque, puis on l’enlève pour ensuite le remettre) ont déclenchés en nous un certain mépris, une perte de confiance, une colère sourde et en même temps une résignation : il faut vivre avec le virus envers et contre tout. Dans cette optique, nous n’avons plus la même acception vis à vis des règles qui interdit de vivre sa vie pleinement surtout si on respecte les gestes barrières. L’apparition du pass sanitaire et de la vaccination obligatoire (pass vaccinal) n’ont pas arrangés les choses, parce que les hommes se sont retrouvés agressés, divisés et manipulés. Le discours ou plutôt la démarche politique qui a incité grandement la vaccination a sûrement été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. On constate un manque d’honnêteté, face à ce refus d’utiliser le terme d’obligation, parce qu’au final le choix est très restreint et qu’on ne laisse pas le choix aux personnes. Nous devons être vaccinés, si nous voulons une vraie vie sociale, les non-vaccinés sont rejetés et dans un sens ils sont maltraités. Pour rappel, les tests PSR sont souvent demandés et ils sont payants pour les non-vaccinés (c’est donc un coût). De même certaines activités sont impossibles pour les non-vaccinés et plus percutant encore on empêche certaines personnes d’exercer leurs métiers. Il y a une pression autour de cette vaccination, à tel point qu’on ne prend plus en compte les sentiments des personnes et leurs droits (on peut s’interroger sur la question du consentement par exemple). On ne les considère plus, on les méprise et on les infantilise ou on les méprise, c’est donc assez difficile de créer un débat avec eux surtout si l’un ne respecte pas l’autre. Choisir à la place d’une personne est une atteinte directe à la liberté individuelle, à ses droits, et c’est assez normal de voir au fond de ce problème une attaque personnelle. On peut donc en conclure que la discussion est défaillante entre les citoyens et les hommes politiques (le gouvernement) qui prennent des décisions discutables. Ce manque de communication et de confiance est un problème parce que ça ne fait pas avancer les choses et crée des désaccords. Et c’est parce que notre liberté est touchée que nos liens se trouvent de plus en plus fragilisés et contrôlés, nous ne savons pas plus saisir la notion de liberté (qui est une notion très forte et très symbolique des droits de l’homme). Être libre demande un engagement personnel et collectif, c’est en tant qu’être libre que je dois me soucier du monde et de ses habitants. Dans ce monde, tout est une question d’équilibre, un bien-être individuel doit devenir un bien-être collectif. Et ce n’est que grâce à une forte volonté que nous pourrions reprendre notre vie et regagner notre liberté.