On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

jeudi 23 octobre 2008

Stanley Milgram

Petit entretien avec le psycho-sociologue Stanley Milgram, auteur de l'expérience choc, menée au début des années soixante à l'université de Yale, sur la soumission à l'autorité, que j'ai longuement présentée et analysée dans Un si fragile vernis d'humanité . Où l'on voit comment, dans certaines circonstances et sous l'influence de certains facteurs bien précis, des individus "ordinaires", incapables, pensent-ils, de faire souffrir un innocent se transforment en tortionnaires, envoyant des décharges électriques de 450 volts à un "élève", simplement parce que ordre leur en ait donné.


5 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai coimmencé ce matin mon cours, présentant brièvement l'objet de l'ouvrage que nous allons étudier - i.e. le vôtre - et évoqué l'expérience de Milgram, comme celle de la prison de Stanford. Pour l'instant, pas de réaction - j'espère pouvoir leur montrer ce petit film. J'aimerai aussi leur parler de The Wave (Morton Rue) - l'expérience dramatique de ce professeur qui a voulu expliquer à ses élèves pourquoi il y avait eu tant de soumission à l'autorité nazie durant la guerre,
Seul problème - comme pour cet enreigstrement : v.o. et je ne suis pas sûre qu'ils comprennent du coup...

michel terestchenko a dit…

Merci, je suis très heureux que ces questions soient étudiées par des élèves et des étudiants comme une invitation à la vigilance à l'endroit, non pas de notre méchanceté, mais de notre vulnérabilité.

Anonyme a dit…

Je pense que c'est très important, - d'autant plus aujourd'hui. Et puis cela permet aussi de dépasser le clivage méchant gentil ou égoiste martyr que j'ai toujours trouvé très gênant pour s'interroger "autrement". En plus, ce que vous écrivez sur l'absence/ présence à soi me semble très juste et très porteur (du "qui suis-je" à l'ancrage en soi-même qui peut permettre de dire non).
Au-delà (ou a côté) de ces questions, J'en profite poour vous dire que votre analyse critique du cynisme "bon ton" de notre société, cynisme qui permet aujourd'hui de justifier n'importe quoi m'a également beaucoup touchée.

michel terestchenko a dit…

Oui, le "cynisme bon ton", comme vous dites, c'est une indifférence à l'endroit du pire. Chez les intellectuels - je déteste ce mot - c'est une manière frivole de jouer avec les idées sans considérer à quoi conduit effectivement ce jeu dans la réalité. C'est cela que j'ai voulu dénoncer dans "Du bon usage de la torture".

Anonyme a dit…

... que je n'ai pas encore lu mais cela ne saurait tarder.
Ce cynisme snob - est-ce que cela résume bien ? - cache aussi à mon sens une grosse faiblesse d'âme, l'absence à soi que vous évoquiez dans Un si fragile vernis d'humanité. On a honte d'être sentimental, honte de paraîte faible (alors on le devient d'une autre manière) et on se drape dans un n'importe quoi théorique ou littéraire pour surtout ne pas "se mouiller"...
C'est assez hallucinant ce que trois sicèles (enfin, surtout deux) de "pseudo réalisme" ont peu produire non seulement en philosophie mais également en économie, morale, etc.
Un discours qu'on continue d'ailleurs à nous resservir, accommodé à différentes sauces selon les personnes...
Dans le domaine de la littérature, c'est un peu pareil - il est de bon ton d'être cynique, y compris dans ce qu'on écrit. Et c'est vrai que quelque part, c'est beaucoup plus facile d'écrire quelque chose de très sombre que, par exemple, une déclaration d'amour ou autre - pour la première, on vous dira que c'est profond, même s'il ne s'agit qu'une succession de clichés aménagés de manière poétique, pour la seconde, il sera beaucoup, plus difficile de passer le cap du "niais".... Comme si le fait de ressentir une émotion autre que négative ou contrôlée était une faiblesse extrêmement grave....