L'insécurité liée au terrorisme concentre toutes les inquiétudes et toutes les peurs. Il ne s'agit pas d'en contester la gravité, mais le fait est que se trouve ainsi dissimulée une insécurité infiniment plus effrayante et qui est irréversible, celle liée aux conséquences systémiques, à la fois environnementales, sociales et politiques, du réchauffement climatique.
Face à l'imminence du péril, voici que devrait être décrété - par l'ONU par exemple - l'état d'urgence écologique mondial. Après tout, n'est-ce pas ce qu'a fait le gouvernement français puis le législateur, sous la pression de la population, au soir des attentats du 13 novembre ?
Les menaces que font peser la hausse incontrôlée des émissions de CO² sur le climat, et par voie de conséquence sur l'hydrosphère, la biosphère et sur les sociétés humaines (les plus pauvres d'abord) sont telles qu'elles devraient conduire à une mobilisation citoyenne globale suffisamment pressante pour contraindre les Etats à prendre les mesures nécessaires. Le salut, s'il est encore possible, ne viendra pas des Etats - la chose est claire - mais seulement de la société civile. Il n'existe aucun impératif plus urgent, plus vital et il s'impose individuellement à chacun d'entre nous.
La catastrophe n'est pas devant nous, elle est déjà là mais nous ne la voyons pas. Nous disposons de toutes les informations scientifiques nécessaires pour nous mettre en état d'alerte maximum, seulement, voilà, cela ne suffit pas pour que nous autres Terriens agissions en conséquence. Notre responsabilité est pourtant sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Elle constitue un défi si immense à l'ordre actuel du monde qu'elle exige un changement radical de paradigme. De là vient qu'il soit probable qu'un tel changement ne survienne que lorsqu'il sera trop tard, ce qui est déjà en partie le cas.
Je ne connais aucun spécialiste des questions environnementales qui ne soit d'un profond pessimisme sur la capacité des hommes d'aujourd'hui à limiter à 2 degrés (ce qui est déjà trop) le réchauffement climatique. Les scénarios envisagent plutôt une hausse des températures d'ici la fin du siècle de 3,5 ou 4 degrés, et, les plus réalistes, de 5 ou 6, ouvrant à des perspectives proprement cauchemardesque.
Bien des livres et des articles peuvent être lus, je vous conseille entre autres : Pablo Servigne et Raphael Stevens,Comment tout peut s'effondrer aux Editions du Seuil (2015) ou encore Voyage dans l'anthropocène de Claude Lorius (un des plus grands glaciologues français) et Laurent Carpentier, publié chez Actes Sud en 2013. Plus ancien, mais excellent : Gwynne Dyer, "Alerte, Changement climatique, la menace de guerre" (Robert Laffont, 2008).
Un des articles les plus documentés qui fait le point sur l'état des lieux a été rédigé par Dominique Bourg, professeur à l'université de Lausanne et vice-président de la Fondation Hulot, "Les scénarios de la durabilité" (http://bookboon.com/fr/les-scenarios-de-la-durabilite-ebook).
1 commentaire:
2019 et toujours le même problème.
D'où vient cette inaction ? Pourquoi l'essence même de la vie (notre Terre) ne nous fait pas réagir, nous, êtres instinctivement poussés par le désir de perdurer ?
Comment expliquer cette absurdité ?
Dissonance cognitive, déni, échange de tennis de culpabilité ?
La réponse n'est pas si évidente mais certains faits nous permettent de mieux comprendre.
En effet, nous avons vu récemment que les jeunes œuvraient pour la cause de la planète. Eux, premiers visés, premiers concernés du fait de leur futur plus étendu que le notre.
Avons-besoin d'être si concernés pour agir ? Cela nous renvoie aux moralistes anglais travaillant sur la question de l'intérêt de l'Homme dans ses actions. La conclusion fut pessimiste, l'Homme agit seulement pour son intérêt propre et direct. A part dans un cas précis, les agissements de sa mère pour son bébé. La Terre n'étant pas notre création, cela complique les choses. Avons-nous besoin de preuves concrètes ? Nous en avons, même si cela ne convainc pas tout le monde (déni ?).
Comment faire réagir la population mondiale ? Est-ce la distance qui nous fait sentir en sécurité ? Comme l'accident de la route qui nous choque bien plus si on le voit de nos propres yeux que relaté dans notre journal.
Offrez nous un voyage tout frais payé dans les glaciers de l'Arctique car l'Homme est aveugle de ce qu'il ne voit pas de ses propres yeux.
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