On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal
mardi 6 octobre 2020
Les Scrupules de Machiavel
L'ouvrage est sorti le 9 septembre aux éditions Jean-Claude Lattès :
"De Machiavel, on retient souvent l’esprit calculateur et l’absence d’états d’âme. Mais c’est un autre visage du Secrétaire florentin que nous dévoile Michel Terestchenko dans cet essai passionné. Car Machiavel avait bien une morale, adaptée aux temps de mutation. Nicolas Machiavel se révèle un maître de l’action juste, celle qui s’adapte aux circonstances. Sans cacher son admiration pour l’homme, Michel Terestchenko renoue avec la tradition du questionnement moral, nourri d’exemples souvent bouleversants, qui a fait le succès de ses ouvrages précédents. Que ses héros machiavéliens aient le visage d’un président des États-Unis ou de résistants, les scrupules deviennent, sous sa plume, la condition de la lucidité et de l’action dans un monde d’incertitude."
« Un ouvrage passionnant, à la fois érudit et d’une lecture aisée. » Olivier Mony, Sud-Ouest
editions-jclattes.fr
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4 commentaires:
« Les scrupules de Machiavel » est une invitation à cheminer avec Machiavel, non pas pour ou contre lui comme il est usuel de le faire. Le machiavélisme est analogue au célèbre kafkaïen qui obscurcit et rétrécit la profondeur de l’auteur. Il s’agit donc de faire l’essai d’éclairer l’obscure profondeur d’un penseur du sous-sol. Pour ce faire, M. Terestchenko met en évidence un certain nombre d’éléments qui nous permettent de réévaluer notre pré-compréhension de l’auteur et ainsi à saisir la complexité d’une pensée qui est plus que jamais d’actualité. Non pas à la mode mais en acte.
Il serait inutile de faire un résumé ou un catalogue des différentes réflexions de l’ouvrage mais il semble important d’en souligner quelques unes. La première chose qu’il s’agit de mettre en évidence est la « déconstruction » d’un préjugé important, à savoir l’idée d’un Machiavel qui serait la préfiguration sinon l’illustration du réalisme politique. En d’autres termes, le discours que l’auteur tiendrait au sujet de l’art de gouverner serait absolument neutre, détaché de toute norme, positiviste en somme. En effet, loin d’être neutre, la pensée de Machiavel n’est pas seulement aussi une pensée métaphysique ou théologique, elle se fonde sur elles. En effet, M. Terestchenko souligne qu’il est nécessaire de mettre en perspective l’art de gouverner avec une analyse de son fondement métaphysique. Il faut souligner le terme de fondement, car Machiavel n’a pas seulement une pensée métaphysique mais sa vision politique se fonde par ce qu’il entend par la fortune, par l’être ou par Dieu. Chaque concept est analysé dans l’ouvrage et permet de saisir véritablement ce qui fait la distinction de Machiavel par rapport aux anciens, c’est-à-dire la spécificité même de ce penseur.
Le second point que nous mettrons en évidence n’est pas une « déconstruciton » mais bien une tension qui est au coeur de l’ouvrage ainsi qu’au centre de la pensée de Machiavel. Il s’agit des conditions de possibilité même du politique. Pour résumer la question de manière aussi brève que possible, une contradiction semble apparaître entre la nécessite et la possibilité d’agir politiquement. De fait, si tout être humain est déterminé par ce qu’il est (nécessairement) et que l’art de gouverner est la capacité de s’adapter au circonstances, une tension apparaît. Si tel était le cas toute théorie serait superflue dans la mesure où la seule solution qui s’offre à l’homme est tragique : laisser le hasard ou la fortune guider l’histoire. Effectivement, cette tension se résout dans un certain 50/50, c’est-à-dire que l’homme n’est pas absolument libre mais la fortune n’est pas absolument le maître non plus. Cette répartition laisse la place à la possibilité d’une véritable figure machiavélienne, un prince machiavélien. Il est tout aussi surprenant qu’intéressant que cette figure soit incarnée par Obama. Néanmoins, il aurait pu être doublement intéressant d’intégrer au chapitre sur le prince machiavélien, une autre figure, à savoir celle d’un personnage de Melville dans Billy Budd. Peut-être que ce choix fut conditionné par le fait que ce personnage fut déjà analysé dans un autre ouvrage (Cf. Ce bien qui fait du mal à l’âme).
(Partie 1)
Nathanaël Chemli, étudiant en 1e année de Master.
Enfin, il paraît essentiel de souligner la réflexion à la fin de l’ouvrage sur le scrupule. Cette notion permet de mettre en évidence la difficulté de penser et d’agir face à un réel essentiellement tragique. Loin de se cacher derrière une morale (kantienne, platonicienne, utilitariste, etc.) le scrupule est un appel à l’action véritable. De fait, que le réel ne tienne pas les promesses de notre moralité ne signifie pas qu’être moral est synonyme d’inaction. Pire que l’inaction est le voile d’ignorance que l’on se met volontairement sur les yeux pour se donner bonne conscience. En d’autres termes, avoir les mains propres mais pas de mains. Eviter d’affronter le tragique qu’est toute politique par une action guidée par une conviction (rarement adaptée aux circonstances) ou se résigner à l’inaction est un affreux ou bien ou bien qui se détruit lui-même. Le scrupule est une manière d’être au monde à la fois moralement et véritablement. En d’autres termes, de voir le réel tel qu’il est et d’agir de la manière la plus adaptée aux circonstances en étant toujours gêné par ce petit caillou coincé de notre chaussure qui fait toute la différence. Ce dernier chapitre permet donc d’intégrer la réflexion sur Machiavel ainsi que ses conséquences dans l’agir politique en général et, à plus forte raison, dans l’agir contemporain.
(Partie 2)
Nathanaël Chemli, étudiant en 1e année de Master.
Chemli ! Quand tu verras ce message, prends contact avec moi vieux frère.
Amitiés,
Santiago
+32494226680
s.torres.contact@gmail.com
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