On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

samedi 21 novembre 2020

JT

A regarder les journaux télévisés, les chaînes publiques ne font pas exception, on l'aura compris : la France n'est pas dans le monde, la France est le monde. Une boule sur un sapin de Noël à Strasbourg éclipse la détresse des Arméniens du Haut-Karabagh, les victimes de l'attentat au mortier à Kaboul, la famine qui menace des millions de personnes au Yémen. A moins d'une catastrophe de grande ampleur, les informations internationales viennent en dernier, comme en passant et de ces drames, hier soir, pas plus que les jours précédents, il ne fut question.
N'est-ce pas là appliquer le principe de la préférence nationale au détriment de la solidarité humaine et, involontairement, une manière de faire le lit de l'extrême-droite ? La présentatrice vedette et la rédaction de France 2 (22% de parts d'audience pour le JT du soir, soit plus de 6 millions de téléspectateurs) sont certes peu suspects de telles allégeances, et pourtant un tel nombrilisme, outre qu'il est déplorable, n'est pas sans conséquences sur notre manière d'appréhender le monde, avec attention ou une certaine indifférence, autrement dit sur la formation de l'esprit public qui se traduira, le moment venu, par des choix politiques. Les lignes éditoriales qui dictent les thèmes abordés et leur traitement à une grande de grande écoute ne sont pas neutres.

11 commentaires:

Vanessa Tch Nga a dit…

cette publication nous rappelle le rôle crucial des médias tel que la télévision qui est l'écran le plus présent chez les Français selon l'EXPRESS. En effet, l'augmentation des écrans dans les foyers doit nous pousser à nous questionner sur les contenus diffusés par ces écrans surtout quand ces contenues ne sont pas choisis par nous même comme c'est le cas des journaux télévisés, qui nous passent en boucle des informations où effectivement le nombrilisme règne, les malheurs et les catastrophes, les informations, les nations sont hiérarchisés, mais pourquoi? Il serait donc intéressant ici de se demander si le journal télévision à une nationalité? et si c'est le cas quel valeur souhaite t-elle nous transmettre? celle de l'égoïsme et de l'égocentrisme ou des valeurs universelles qui nous emmènent à regarder plus loin et se rendre compte de ce qui se passe autour de nous. Savoir éprouver de la compassion ou encore se poser des questions. On aurait pu penser que le journal télévisé à évolué, et cherche à nous transmettre d'autres valeurs plus universelle à travers notamment à l'embauche du présentateur Harry Roselmack sans doute au JT du 20h, originaire des iles. Mais nous avons pu constater que le contenu des informations transmises n'a pas changé. En effet, es ce voulu? le journal télévisé cherche t'il à contrôler la population à des fins politiques? à dire comment nous devons penser et quel vision nous devons avoir? et ainsi continuer sa propagande afin de diriger nos choix politiques en autre comme cela à longtemps été le cas, et de fait accentuer les mentalités égoïstes et l'indifférence des uns face aux malheurs des autres. En effet, Joseph Joubert dit: ''l'indifférence comme préférence, c'est le mépris qui prend vie''. Je pense néanmoins qu'il y'a de l' espoir grâce à l'avènement d'internet et des médias du web qui se multiplies, et qui donne l'occasion à chacun de penser par lui même et surtout qui nous offre plus d'alternative et donc de choix. Même si pour le moment il n'est pas facile pour ces médias du web de rivaliser avec des lobbyistes.

laurent BANITZ a dit…

Le fait que vous déplorez -on ne peut que vous rejoindre – me frappe comme le négatif des mots prononcés par Ivan Karamazov dans le dernier et le plus grand des romans de Dostoïevski : «  Je n’ai jamais pu comprendre comment on peut aimer son prochain. C’est précisément parce qu’il est proche qu’on ne peut l’aimer ; passe encore quand il est loin... » 
Propos déconcertant au plus haut point, en contradiction avec le sens commun - et d'une certaine manière aussi avec votre exemple du journal télévisé - , celui qui nous fait sentir que notre intérêt, notre amour, est au plus haut envers nos proches et décroît à mesure que s'accroît la distance avec eux (idée hautement problématique pour toute théorie du sens moral).
Cette loi de décroissance avec la distance est ici complètement renversée. Mais elle prend son sens lorsque l'on se penche sur le personnage d'Ivan Karamazov, athée matérialiste qui a tourné le dos aux impératifs chrétiens de l'amour du prochain et qui exprime là la violence du pessimiste nihiliste si présent dans les personnages de Dostoïevski. Léon Chestov, dans Nietzsche et Dostoïevski- Philosophie de la tragédie, met en évidence le moment de crise radicale que représente chez Dostoïevski l'écriture des Carnets du sous-sol, ce moment où il commence à rompre avec une violence inouïe avec les idéaux qu'il avait portés jusqu'alors. Comme l'écrit L.Chestov, Dostoïevski aura cessé à partir de ce moment de croire aux idéaux humanistes intimant de « reconnaître dans le dernier homme ton frère ».
« Que le monde s'écroule mais que je puisse boire mon thé », fait-il dire à l'homme du souterrain.
L'amour du prochain ne serait-il, pour paraphraser le titre d'un de vos essais, qu'« un si fragile vernis d'humanité"?
Peut-être la lucidité nous oblige-t-elle à sentir la vérité de cette faiblesse humaine, de notre incapacité à éprouver dans notre cœur l'injonction à reconnaître autrui, quel qu'il soit, d'où qu'il vienne, comme ce frère qu'il faudrait respecter et aimer comme soi-même. Et notre indifférence au sort de celui qui dort parfois dans notre cage d’escalier nous fait soupçonner qu’il n’est pas là question que de distance.
Il nous faut sans doute accepter de regarder en face cette effrayante tendance en chacun de nous de passer imperceptiblement de l'indifférence à la négation - consciente ou non - de la qualité pleine et entière d'être humain à celui qui est loin, qui est autre, qui est différent. C'est l'inhumain tapi au fond de l'humain. C'est la matrice de tous les crimes.

Thibaud Lescamela a dit…

"La liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat" disait Hannah Arendt dans la Crise de la culture. La liberté d'opinion est nécessairement liée à la liberté d'expression : pour opiner sur un sujet, un évènement, encore faut-il qu'il soit dévoilé au grand jour par l'information. Les journaux télévisés sont les médias les plus plébiscités des Français du fait de leur simplicité d'accès et des habitudes installées. Bien que l'offre soit pluraliste, certaines chaines (tf1, france2, BFM TV) ont le monopôle de l'information et font le tissu de l'opinion publique. Nous sommes donc loin de la censure propre aux régimes totalitaires, notre système d'information étant démocratique dans le sens ou ce sont bien les citoyens qui choisissent leurs sources. Le contrôle du CSA veille à assurer l'équilibre des contenus et à corriger un manque d'objectivité qui pourrait être motivé par des intérêts économiques. Pourtant force est de constater qu'un certain "nombrilisme" règne, la hiérarchie de l'information privilégie les « news » nationales aux événements du monde. Des sujets dramatiques internationaux sont à peine évoqués au dépend de faits divers locaux. Le principe de préférence nationale s'appliquerait-il ? Les lignes éditoriales ne sont pas neutres dans la mesure où elles participent à la formation de l’opinion publique, mais pour autant sont-elles orientées politiquement ? Le journal télévisé se veut impartial et l’information présentée objective mais il doit assurer tous les soirs une forte audience et la concurrence des chaines entre elles poussent à faire de l’information un bien de consommation. Le journal doit être rentable économiquement, il faut donc présenter aux français une information attractive. Alors, pourquoi les téléspectateurs préfèrent-ils voir un évènement mineur dans leur pays plutôt qu’un évènement majeur dans un autre ? Outre une tendance psychologique à l’entre-soi, la saturation de l’information du monde hyper-connecté qui est le nôtre inhibe la connaissance des faits extranationaux. L’hyper-connectivité multiplie les flux de toutes sortes (politique, économique, marchands, sociaux, culturels,…) et fabrique de l’information en masse qui devient difficile à analyser. Que pouvons- nous faire face à l'horreur des famines, des guerres, du terrorisme ? Le repli sur soi est-il une réponse, un moyen de défense ? Nos problèmes sont-ils si grands qu'ils ne laissent guère de place à ceux des autres ? On peut le croire, notre pays connait chaque jour ses malheurs qui nous impactent et prennent une place majeure dans l’information publique : crise économique, écologique, décroissance, chômage, chute du PIB, endettement, maladie… et qui ont des conséquences sur nos vies, à la hauteur des drames que l’on tait.
Finalement, l’égoïsme de l’information semble être la réaction inquiétante mais compréhensive d’un peuple noyé par le flux de son propre environnement. Ne sachant plus vraiment ce qui relève du bien ou du mal, faute de recul critique, il peine à hiérarchiser les faits d’actualité. Enfin, cette hiérarchie nécessite des valeurs cardinales (le courage, l’altruisme,…) propres à chaque nation et dont l’absence questionne sur l’existence réelle de celles-ci au sein de notre République.

Frédéric Clément a dit…
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Frédéric CLÉMENT - M1 (Partie 1) a dit…

« La préférence nationale est une infamie qui fait le jeu de l’extrême-droite », voilà bien une affirmation de notre temps, symptôme d’une haine de soi généralisée.
Tout d’abord, la préférence nationale. En quoi est-ce méprisable de préférer les siens aux autres ? – qui plus est lorsque l’autre en question n’appartient pas à la même culture… Qui a décrété qu’il est « humain » de porter son attention sur le monde entier et « inhumain » de s’en détourner ? L’altruisme n’est qu’une partie de l’humain, il n’est pas l’humain. Ceux qui font l’éloge de l’amour du prochain, de l’ouverture et qui, parallèlement, ricanent devant ceux qui n’ont que faire du lointain, ceux-là ne sont que les prêtres de la nouvelle morale, celle des droits de l’homme. Mais cette morale-ci, au regard de l’Histoire, n’est rien, absolument rien, elle n’est qu’une poussière qui voltige au sein d’une histoire humaine commandée par la guerre, la violence, l’obéissance et la soumission. De même, au regard de la Nature, l’humain n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais un atome déraciné. Il est fait de races, d’ethnies, de genres, de forces, qui ont donné naissance à des cultures. Et ces cultures, force est de constater qu’elles ne se valent pas : si la hiérarchie est partout dans la Nature, elle l’est aussi dans les productions des hommes. Dès lors, n’avoir que faire d’une culture que l’on juge inférieure à la sienne relève plutôt du bon goût, sans parler du fait que préférer les siens ne veut pas dire détester les autres, rhétorique fallacieuse.
Et puis, l’extrême-droite, ah l’extrême-droite, le diable, le danger de l’extrême-droite. Mais qu’est-ce que la droite ? Et qu’est-ce que l’extrême ? Laissons de côté le fatiguant jugement moralisateur pour questionner la notion de droite. Disons-le d’emblée : la droite n’a rien à voir avec Le Pen, Sarkozy, Fillon ou Chirac – la droite, c’est la monarchie et seulement la monarchie. Pourquoi l’électorat de Le Pen et de Mélenchon se rejoignent-ils sur la quasi-totalité des sujets (hormis celui de l’immigration) ? Eux qui soi-disant se situent aux deux extrêmes de la politique française. Mélenchon serait-il de droite ? Non, car de Mélenchon à Le Pen, toute la classe politique est de gauche. Pourquoi de gauche ? Parce qu’en France, la gauche c’est la République ; or, tous, ils sont républicains. Parler d’extrême-droite c’est donc en vérité parler de cette partie de la gauche qui est la plus proche de la droite – donc de l’idée monarchiste, donc de la contre-révolution, donc de la France millénaire –, mais qui n’est pas de droite. L’extrême-droite, c’est l’Ancien régime, voilà le fait.

Frédéric CLÉMENT - M1 (Partie 2) a dit…

Enfin, si la France n’est pas le monde – cela va sans dire –, elle est, pour beaucoup, sur le toit du monde. Par conséquent, pour celui qui se situe sur les cimes, à quoi bon redescendre ? J’ajoute que ceux qui se plaignent de JT « trop franchouillards », comme ils disent, sont les mêmes qui ne bronchent pas devant l’infecte idéologie gauchiste et anti-française, pléonasme, qui imprègne la grande majorité des chaînes de télévision françaises, celles de France télévision en tête pour lesquelles nous payons la redevance de la honte, car c’est bien de cela qu’il s’agit : le Français paie aujourd’hui une redevance audiovisuelle qui lui permet de contribuer à la mise en place de programmes anti-français qui n’ont qu’une seule ligne : culpabilisation, multiculturalisme, glorification des minorités, bref, haine de soi. Le Français paie donc pour assister et participer à la destruction de sa culture. En ce cas, et dans un premier temps, je prends comme une bonne nouvelle le fait que France 2 (chaîne française) porte davantage son attention sur la France que sur l’Étranger. Mais, dans un second temps, il convient de ne pas être dupe : les Arméniens étant chrétiens, le désintérêt de France télévision pour les troubles du Haut-Karabagh s’inscrit dans une logique anti-européenne, c’est-à-dire anti-chrétienne et anti-civilisationnelle, car ne l’oublions pas, ce qui se joue en Transcaucasie, ce n’est ni plus ni moins qu’une guerre de civilisations pour laquelle les bien-pensants français de notre époque n’éprouvent aucun d’intérêt.
Par conséquent, France télévision se voit tirailler entre, d’un côté, le désintérêt total d’une grande partie des Français pour les évènements qui ont lieu à l’extérieur des frontières de la patrie (course à l’audience), et de l’autre, la volonté de ne pas défendre la culture européenne par peur de blesser ceux qui n’y souscrivent pas (idéologie gauchiste). Dès lors, en choisissant d’axer ses reportages sur ce qui se passe en France, France télévision ne fait nullement preuve de nombrilisme, ni de préférence nationale, ni ne fait le jeu de l’extrême-droite ; au contraire, France télévision fuit la France, elle joue cyniquement des traditions françaises dans un double objectif : injecter au sein de cette tradition des éléments multiculturalistes et détourner les Français du sort de la civilisation européenne. En d’autres termes, France 2 ne confond pas la France avec le monde, elle la dilue dans le monde.

Holowecki a dit…

Il semble parfois qu’information et divertissement se confondent lorsque l’on regarde les journaux télévisés. En effet, l’intérêt accordé à un sujet dépend fortement des moyens selon lesquels ce sujet est abordé. Les informations, événements marquants, importants, faits divers, deviennent des spectacles et la nature des sujets les plus médiatisés varie selon les époques, cultures. D’ailleurs, les journaux télévisés laissent une part importante au spectateur, c’est-à-dire au citoyen lambda, qui est souvent amené à donner son avis sous forme d’interviews micro-trottoir. Ces opinions citoyennes donnent l’illusion au téléspectateur assis dans son canapé de posséder un certain pouvoir d’action, et les micros-trottoirs sélectionnés pour passer aux JT créent l’illusion d’un journal présentant des informations représentatives de la réalité, puisqu’elles mettent en scène des personnages qui reflètent la vie du spectateur. Dès lors, nous sommes enclins à nous demander si les journaux télévisés relèvent encore de l’enquête journalistique neutre, désintéressée qui permettrait aux chaînes télévisées de proposer des informations qualitatives et représentatives de la situation mondiale actuelle. Il est évident que les JT n’ont plus vocation à informer, mais plutôt à divertir en suscitant chez le téléspectateur des émotions fortes et, ce faisant, à dispenser toute activité de réflexion chez le spectateur qui reçoit ces informations « prémâchées », conditionnées sous l’allure de la simplicité mais qui conservent pourtant une très grande portée politique étant donnée l’influence qu’elles possèdent sur l’opinion commune.

AL Gillier a dit…

Bonsoir M Terestchenko,

Je me décide finalement à répondre à ce billet car pour une fois je ne suis pas du tout d’accord avec ce que vous écrivez bien que ce texte m’inspire moins de réflexion philosophique que d’autres.
C’est une réalité, les informations internationales viennent en dernier, sauf en cas d’évènement majeur, la ligne éditoriale de France 2 privilégie les informations nationales, quand bien même elles semblent futiles. Mais cela ne se rapprocherait-il pas de ce qu’a pu théoriser Hume sur la bienveillance et la notion de « générosité restreinte ». Il est plus facile pour les humains que nous sommes, de nous intéresser à ce qui se passe près de chez nous, pour des gens qui sont nos presque semblables, qui sont l’extension de notre cellule familiale, sans pour autant nier les douleurs et les destins des humains plus éloignés. Vous nous avez enseigné que ces idées ne permettaient pas l’avènement d’une société stable et pacifique, en tout cas si cette société doit forcément se fonder sur une morale universelle. C’est pourquoi l’ordre social ne peut pas se faire sur la notion de nature humaine, mais doit user d’un artifice pour tenir et proposer une justice et une règle sociale acceptée par tous.
L’altérité est une richesse et une frontière, elle concerne l’autre, et plus l’autre est éloigné, moins nous avons cette possibilité d’identification qui nous rend sensible aux expériences vécues. Il ne s’agit pas d’être insensible à la douleur, de ne pas voir ce visage de l’autre souffrant. Certes en tant qu’humain nous reconnaissons ce visage lévinassien comme celui du frère uni dans le destin et la fragilité de notre condition psychologique et biologique. Mais si notre nature nous fait nous reconnaitre comme risquant de partager le même sort, nous reconnaissons aussi dans ce visage l’altérité radicale qui ne permet pas toujours d’associer l’acte de compassion au ressenti d’empathie qui nous ramène à notre condition commune. Nous nous reconnaissons comme humain au même titre que ces hommes, mais nous reconnaissons nos différences fondamentales de lieu, de culture, d’histoire qui nourrissent l’égoïsme ontologique défendu par Hobbes.
La question qui se poserait donc serait, pour moi de savoir si l’extrême droite et les idées de nationalisme et de replis sur soi, sont en accord avec le contrat social passé dans notre démocratie française qui a décidé d’inscrire l’incitation à la haine, comme contraire à la loi et a choisi les termes d’égalité et de fraternité dans sa devise républicaine.
Puis, montrer le si beau sapin de la place Kleber en temps de pandémie et de confinement, n’est-ce pas également un acte fort de la présence du beau et de la stabilité conservée dans toute cette morosité.

Caroline ALESSANDRI a dit…

Dans une interview, Noel Copin, journaliste à Radio France Internationale, évoquait la loi du « mort-kilomètre », mettant en rapport la longueur d’un article journalistique (il en est de même pour le poids du récit d’un évènement dans le Journal Télévisé), avec le nombre de morts provoqués par un événement divisé par la distance qui sépare la rédaction de cet évènement, rendant ainsi parfaitement compte de ce nombrilisme des médias.
S’ensuit donc la question suivante : que recherchent les journaux télévisés en offrant à leur audience principalement des faits géographiquement proches et d’une importance relative par rapport à d’autres actualités internationales d’une plus grande ampleur ?
Lorsque nous regardons la télévision et le journal télévisé, nous pouvons avoir l’impression que les journalistes nous narrent des faits, en les rapportant objectivement, et que le journal télévisé nous livre une image globale et exhaustive des événements les plus importants à l’échelle internationale. Or l’actualité telle qu’elle nous est présentée est selon moi constituée d’un ensemble d’événements qui surviennent quotidiennement, mais la sélection des évènements constituant cet ensemble revient aux journalistes, est inhérent à leur métier, et plus généralement, aux médias. Hubert Beuve Méry estimait qu’il incombe au journaliste de « fournir des informations claires et vraies, avec l’honnêteté intellectuelle et morale qui fonde la dignité de l’informateur ». Toutefois même si les informations sont rapportées de la manière la plus impartiale possible, un choix en amont aura été effectué et introduira ainsi toujours une part de subjectivité.
L’actualité, au sens de ce qui se manifeste en ce moment-même, est également constituée des faits qui surviennent et qui ne sont pas érigés par les médias en « évènements ». Ces faits sont-ils réellement des évènements en eux-mêmes, indépendamment de leur mise en forme médiatique ? Nous pouvons en fait soutenir que les médias créent l’évènement, qu’ils transforment des faits divers et anodins en évènements. En effet, l’actualité est dépendante des médias : un fait ne deviendra un évènement que s’il est sélectionné puis transmis à son destinataire final.
Accordons nous à dire qu’il est impossible de rendre compte de tous les évènements qui se produisent à un même moment, partout dans le monde : il y a donc forcément un choix qui est fait. Ainsi, comment ce choix s’opère-t-il ?
Les critères de choix principaux des médias sont à mon sens relatifs au nombre de personnes concernées, au lien existant entre l’événement et des phénomènes plus permanents, et au degré d’implication de l’auditoire avec l’évènement. Ainsi, nous devinons que le critère de sélection majeur d’un événement est l’intérêt qu’il aura pour l’auditoire, d’où le choix d’événements s’inscrivant dans une proximité géographique et avec une préoccupation pratique immédiate.
Nous pouvons ainsi considérer que l’individu s’intéresse à ce qui le rend curieux, or la curiosité est définie comme désir de connaitre le pourquoi et le comment par Hobbes. Toutefois, issue de « cura », le soin, la curiosité signifie « se soucier de », et un individu sera donc, paradoxalement, plus curieux et se souciera plus de ce qu’il connait déjà un peu et qui le concerne, de près ou de loin, que de ce qui lui est totalement inconnu.

Tatiana DAUTEL a dit…

Partie 1/2


Pour reprendre votre point, je trouve affligeant d’avoir une course au scandale, au trash, à la catastrophe. Le monde actuel n’est pas unanime dans son traitement des êtres humains : le traitements des personnes Ouïgour par la Chine a fait scandale mais les JT ont rapidement parlés d’autres sujets alors que l’implications de nombreuses marques et l’esclavagisme de cette population ne s’est pas arrêté. De la même manière la précarité étudiante constituait de nombreuses minutes de reportage lors des premier confinements mais sont maintenant absent des Journaux, or la précarité étudiante n’a pas disparue, et l’isolement est toujours une réalité pour certains d’entre nous notamment puisque le Covid est toujours présent. Ce sont là deux exemples parmi une liste ci-longue.
Les journaux vont montrer la détresse et la tristesse, des catastrophes mais seulement l’affaire de quelques jours, pour assouvir un besoin moral d’en parler. Mais comme vous le dîtes vous même nombre de malheurs humains sont passé sous silence parce qu’ils ne sont pas de l’essor de la France ou parce qu’ils ne sont plus assez “d’actualité”. Quel est vraiment la valeur informative des reportages sur les marchés de Noel en Alsace en hiver ou sur les plus beaux villages de France en été ? Encore une fois la valeur médiatique est-elle défini par un spectre de nouveauté, de beauté ou de scandal?
En réalité je pense qu’il est primordial de s’interroger sur les informations que l’on reçoit. J’explique mon propos plus clairement : il est nécessaire de se demander si la source de notre information est fiable et la cas échéant à quel point. La véracité des médias est a remettre en cause. Non moi l’idée de dire que ce que nous voyons a été truqué mais nous avons tendance à oublier que ce que nous voyons a été monter (c’est à dire, découper par séquence, sélectionner, et remonter pour en faire un “film”) et donc que ce que nous voyons dans une journal télévisé a été si j’ose dire manipuler. De plus il faut se demander si la bande audio informative a été faite pour qu’elle corresponde à la bande visuelle ou si le montage visuel a été fait de tel sorte à ce qu’il appuie ce que vous entendez. Bien sur il en est de même pour n’importe quelle source informative : les journaux papier et la véracité de son auteur, les articles scientifiques et la conscienciosité des chercheurs à ne pas avoir influer sur leurs expériences ou leurs échantillons pour n’avoir que des hypothèse significative.

Tatiana DAUTEL a dit…

Partie 2/2


Dans le cas des informations que l’on reçoit par image il est plus difficile de ne pas se rendre compte d’une subjectivité de la source informative, d’un parti pris. J’ai beaucoup de doute à croire que les informations du JT sont vérifiées avec autant de rigueur que celle des thèses ou articles de recherches scientifiques et/ou universitaire. J’ai personnellement vécu le printemps arabe en Tunisie en 2011 et j’ai du constater que les médias ne faisait que sélectionner des images afin de faire l’état d’une violence et d’une armée omniprésente. La réalité que j’ai vécu était bien différente, et ma famille dont les sources d’informations visuelles était les JT n’ont pas remis en question la véracité de ce qu’ils voyaient. Le même phénomène a eu lieu pendant la crise du Covid-19 et ceci a été amplifié par les réseaux sociaux où l’information est omniprésente et où elle circule dans une cacophonie où tout le monde pense détenir la vérité et se sent investi d’un besoin de la transmettre.
Mais au delà de la critique que je viens de faire je me questionne. Le but premier des journaux depuis leurs création au 17eme siècle n’est-il pas de partager les informations que nous trouvons les plus intéressante ? En ce sens le journal n’a-t-il pas remplacer et entendu ce que l’on appelle familièrement les commérages ? Après tout le premier journal avait pour titre « Communication de toutes histoires importantes et mémorables » ce qui démontre que même à l’origine les médias accordaient plus de valeurs au caractère sensationnel de leurs informations qu’à leurs véracité. Il y a quelques siècles les vendeurs de journaux utilisait déjà des titres accrocheurs et les criait dans le rue pour inciter l’achat. Leur but était non pas d’instruire et d’informer le plus possible, mais de vendre et de partager au maximum. De nos jours n’est-ce-pas le même comportements? Les JT ne cherchent-ils pas à avoir une audience la plus élevée possible ?
Mais si dès le départ notre mode de consommation de la presse n’a que valuer le sensationnel et le caractère unique au détriment d’un information la plus objective et vraie possible (si tenté que ces deux adjectifs sont réel car tout objectivité et tout vérité peut être remise en question) ; pouvons-nous critiquer le journalisme ou devons-nous considérer que nous sommes seuls fautifs, de ne pas être assez critique sur la valeur que l’on accorde à une information et à sa source.